Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
Vom Netzwerk:
transfuge dans le camp des
Romains, devait capter sa confiance et l’assassiner. L’entreprise
fut conduite avec courage, mais sans succès. Reçu dans la cavalerie
de Lucullus, cet homme fut l’objet d’une secrète surveillance,
parce qu’il ne fallait ni se fier tout d’abord à un transfuge, ni
en empêcher d’autres de déserter comme lui. Plus tard, lorsque,
s’étant signalé par des services dans de fréquentes expéditions, il
eut inspiré de la confiance à Lucullus, il choisit le moment où le
conseil, congédié, laissait tout le camp dans le repos, et rendait
le prétoire plus solitaire. Le hasard sauva Lucullus : car le
traître, qui avait ordinairement un libre accès auprès du général
quand celui-ci ne dormait pas, se présenta au moment où, accablé de
veilles et de travaux, il venait de céder au sommeil. Quoiqu’il
insistât pour entrer, ayant, disait-il, à lui communiquer une
affaire importante et pressée, les esclaves, attentifs à la santé
de leur maître, lui refusèrent obstinément la porte. Alors,
craignant que sa démarche n’éveillât les soupçons, il alla vers la
porte du camp, où l’attendaient des chevaux tout prêts, et retourna
vers Mithridate, sans avoir pu accomplir son dessein.
    31 En Espagne, Sertorius, ayant établi
son camp près de Lauron, en face de celui de Pompée, et voyant
qu’on ne pouvait aller au fourrage dans deux cantons, l’un voisin,
l’autre éloigné des camps, voulut que ses troupes légères fissent
de continuelles incursions dans le premier, et que pas un homme
armé ne parût dans l’autre, jusqu’à ce que l’ennemi fût convaincu
que le lieu le plus éloigné était le plus sûr. Aussitôt que les
soldats de Pompée y furent allés, Sertorius, pour tendre des
embûches aux fourrageurs, y envoya Octavius Grécinus, avec dix
cohortes armées à la romaine, dix mille hommes de troupes légères,
et deux mille cavaliers commandés par Tarquitius Priscus. Ces chefs
s’acquittèrent habilement de leur mission : car, après avoir
reconnu les lieux, ils embusquèrent leurs troupes, pendant la nuit,
dans une forêt voisine, ayant soin de placer en première ligne les
Espagnols, soldats agiles, et excellents pour les coups de
main ; plus avant dans la forêt, l’infanterie armée de
boucliers, et plus loin encore la cavalerie, afin que le
hennissement des chevaux ne trahît pas le piège. Ils reçurent tous
l’ordre de rester en repos et de garder le silence jusqu’à la
troisième heure du jour. Déjà les soldats de Pompée, en pleine
sécurité et chargés de provisions, songeaient à s’en retourner, et
ceux, qui avaient fait le guet, séduits par cette apparente, se
dispersaient pour fourrager eux-mêmes, lorsque les Espagnols,
s’élançant avec l’impétuosité qui leur est naturelle, font main
basse sur ces hommes épars, qui n’appréhendaient rien de semblable,
et les mettent en désordre ; puis, avant qu’ils aient commencé
à se défendre, l’infanterie armée de boucliers sort de la forêt,
culbute et dissipe ceux qui cherchent à se rallier. La cavalerie,
alors, partit à leur poursuite, et joncha de morts tout le terrain
qui conduisait au camp. On eut même soin de n’en laisser échapper
aucun : car le reste des cavaliers, au nombre de deux cent
cinquante, prirent facilement les devants du côté du camp de
Pompée, en allant à toute bride par les chemins les plus courts, et
se retournèrent sur ceux qui fuyaient les premiers. Aussitôt que
Pompée s’aperçut de ce qui se passait, il envoya au secours des
siens une légion commandée par D. Lélius ; mais la cavalerie,
faisant un mouvement vers la droite, feignit d’abord de se retirer,
et revint charger en queue la légion, dont la tête était déjà aux
prises avec ceux qui avaient poursuivi les fourrageurs. Pressée
entre deux troupes ennemies, elle fut exterminée avec le
lieutenant. Pompée avait voulu la dégager en faisant sortir du camp
son armée entière ; mais Sertorius, lui faisant voir la sienne
rangée sur les hauteurs, le fit renoncer au combat. Outre cette
double perte, résultat du même artifice, Pompée eut la douleur de
rester spectateur du massacre de ses soldats. Tel fut le premier
engagement entre Sertorius et Pompée. Celui-ci, au rapport de
Tite-Live, perdit dix mille six cents hommes et tous ses
bagages.
    32 Pompée, en Espagne, ayant dressé une
embuscade, feignit, en fuyant, de craindre les ennemis, les attira
vers le

Weitere Kostenlose Bücher