Les quatre livres des stratagèmes
des Herniques et des Èques, et
rétablit ainsi le combat [83] :
car les Romains firent des prodiges de valeur pour recouvrer leur
étendard.
3 Le consul T. Quinctius
Capitolinus [84] lança une enseigne au milieu des
Falisques, et ordonna à ses soldats de la reprendre.
4 Salvius Pelignus fit de même dans la
guerre contre Persée.
5 M. Furius Camillus, tribun des
soldats avec puissance de consul, voyant l’hésitation de son armée
en présence des Volsques et des Latins, saisit par la main un
porte-enseigne, et l’entraîna vers l’ennemi ; la honte força
les autres à le suivre [85] .
6 M. Furius s’élança au-devant de
ses soldats qui fuyaient, et leur déclara qu’aucun ne rentrerait
dans le camp que victorieux. Les ayant ainsi ramenés au combat, il
remporta la victoire.
7 Scipion, voyant ses troupes prendre la
fuite près de Numance, leur annonça qu’il traiterait en ennemi tout
soldat qu’il trouverait rentré au camp.
8 Le dictateur Servilius Priscus, voulant
faire avancer les enseignes des légions contre les Falisques, tua
un porte-enseigne qui hésitait. Les autres, effrayés cet exemple,
fondirent sur l’ennemi.
9. Tarquin, livrant bataille aux Sabins, et
voyant que sa cavalerie tardait à charger, donna l’ordre de
débrider les chevaux, et de les lancer à toutes jambes pour rompre
les rangs ennemis.
10 Cossus Cornélius, maître de la
cavalerie, en fit autant contre les Fidénates.
11 Dans la guerre des Samnites, le consul
M. Atilius opposa des troupes à ceux de ses soldats qui
abandonnaient le champ de bataille pour se réfugier dans le camp,
et déclara à ceux-ci qu’ils avaient à combattre contre lui-même et
les bons citoyens, ou contre l’ennemi. Par ce moyen il les ramena
tous au combat.
12 L. Sylla, voyant ses légions lâcher
pied devant une armée de Mithridate, commandée par Archelaùs, tira
son épée, courut en avant de la première ligne, et, s’adressant aux
soldats : « Si l’on vous demande, dit-il, où vous avez
laissé votre général, répondez : « Sur le champ de
bataille, en Béotie. Aussitôt l’armée entière, saisie de honte, le
suivit. »
13 Le divin Jules César, à la bataille de
Munda, voyant ses troupes plier, fit emmener son cheval hors de
leur vue, et courut à pied se mettre aux premiers rangs [86] . Les soldats, ayant honte d’abandonner
leur général, rétablirent le combat.
14 Philippe, craignant que les siens ne
pussent soutenir l’attaque impétueuse des Scythes, plaça en arrière
sa cavalerie la plus éprouvée, avec ordre de ne pas laisser fuir un
seul soldat, et de faire main basse sur ceux qui s’obstineraient à
lâcher pied. Tel fut l’effet de cette injonction, que, les plus
lâches aimant mieux être tués par l’ennemi que par leurs camarades,
Philippe remporta la victoire.
IX. De ce qu’il convient de faire après
le combat. Si l’on a été heureux, il faut terminer la guerre.
[87]
1 C. Marius, ayant vaincu les Teutons,
profita de la nuit, qui avait mis fin au combat, pour entourer le
reste de leur armée ; et, au moyen d’un petit nombre de
soldats, qui poussaient des cris de temps en temps, il tint ces
barbares dans l’épouvante, et les priva de sommeil et de repos, ce
qui lui rendit pour le lendemain la victoire plus facile.
2 Claudius Néron, vainqueur des
Carthaginois qui avaient passé d’Espagne en Italie sous la conduite
d’Hasdrubal, fit jeter la tête de celui-ci dans le camp d’Hannibal.
Par là, en même temps qu’il accablait Hannibal de la douleur
d’avoir perdu son frère, il ôtait à l’armée carthaginoise
l’espérance du secours qu’elle attendait.
3 L. Sylla, devant Préneste, fit dresser
sur des piques, à la vue des assiégés, les têtes de leurs chefs
tués dans le combat, et triompha, par ce moyen, de leur obstination
à se défendre.
4 Arminius, général des Germains, fit
aussi porter sur des piques, près du camp des ennemis, les têtes de
ceux qu’il avait tués.
5 Domitius Corbulon, assiégeant
Tigranocerte, et voyant les Arméniens résolus à se défendre
vigoureusement, fit mettre à mort un de leurs grands qui était son
prisonnier, et lancer sa tête, par une baliste, jusque dans leurs
retranchements : par un effet du hasard, elle tomba au milieu
des barbares, qui tenaient conseil en cet instant même. À cet
aspect, épouvantés comme par un prodige, ils s’empressèrent de se
rendre.
6 Hermocrate de Syracuse, ayant
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