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Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
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congédièrent leurs alliés, et,
réduits à leurs propres forces, furent pris au moment où ils s’y
attendaient le moins.
    5 Magon, général des Carthaginois, tenant
Cn. Pison assiégé dans un fort, après l’avoir vaincu, et
soupçonnant que des troupes venaient le secourir, envoya à leur
rencontre un faux transfuge, qui leur annonça que Pison était déjà
pris. Cet artifice les ayant fait retirer, Magon acheva sa
victoire.
    6 Alcibiade, faisant la guerre en
Sicile [98] , et voulant prendre Syracuse, choisit à
Catane, où il était alors cantonné avec ses troupes, un homme d’une
adresse éprouvée, et l’envoya secrètement près des Syracusains.
Admis dans l’assemblée du peuple, cet émissaire fit entendre que
les habitants de Catane nourrissaient la plus grande haine contre
les Athéniens, et que, s’ils étaient secondés, ils auraient bientôt
anéanti Alcibiade et son armée. Les Syracusains, se laissant
persuader, marchèrent sur Catane avec toutes leurs forces,
abandonnant leur propre ville. Alcibiade alors, l’attaquant du côté
opposé, et la trouvant dégarnie de troupes, comme il l’avait
espéré, la prît et la saccagea.
    7 Cléonyime, général athénien, assiégeant
Trézène, qui était gardée par des troupes de Cratère, lança dans la
place des flèches sur lesquelles il avait écrit aux habitants qu’il
n’était venu que pour délivrer leur république ; et en même
temps il renvoya quelques prisonniers, après les avoir mis dans ses
intérêts, afin qu’ils décriassent Cratère. Ayant, par ce moyen,
semé la division chez les assiégés, il en profita pour faire
approcher son armée, et se rendit maître de la ville.

VII. Détourner les rivières, et corrompre
les eaux.
     
    1 P. Servilius, ayant détourné une
rivière qui donnait l’eau à la ville d’Isaure, força, par la soif,
les habitants à se rendre.
    2 C. César, assiégeant Cadurcum [99] , ville des Gaules, qui était entourée
d’une rivière, et abondamment pourvue de fontaines, la fit manquer
d’eau en détournant les sources par des conduits souterrains, et en
plaçant sur le bord de la rivière des archers qui en défendaient
l’approche.
    3 Dans l’Espagne Citérieure, Q. Metellus
dirigea sur un camp ennemi, situé dans un lieu bas, les eaux d’une
rivière qu’il détourna d’un terrain plus élevé, et, au moment où
cette inondation subite jeta l’épouvante chez les ennemis, des
troupes placées en embuscade les taillèrent en pièces.
    4 Alexandre, assiégeant Babylone [100] , que l’Euphrate traverse par le
milieu, creusa un fossé le long duquel il éleva en même temps une
terrasse, afin de persuader à l’ennemi que l’on ne tirait la terre
que pour cette construction ; puis, ayant tout à coup dirigé
l’eau dans la tranchée, il mit à sec le lit du fleuve, et s’en fit
un passage pour entrer dans la ville. On dit que Sémiramis, faisant
le siège de la même ville, détourna aussi l’Euphrate, et obtint le
même résultat.
    5 Clisthène de Sicyone coupa un aqueduc
qui fournissait de l’eau à la ville de Crise ; et, quand les
habitants eurent commencé à souffrir de la soif, il leur rendit
l’eau, mais corrompue avec de l’ellébore : aussitôt qu’ils en
eurent fait usage, un flux de ventre, qui les saisit, les mit hors
d’état de se défendre, et la ville fut prise.

VIII. Jeter l’épouvante parmi les
assiégés.
     
    1 Philippe, ne pouvant enlever de vive
force le château de Prinasse [101] , fit
amonceler de la terre au pied des fortifications, comme s’il y
pratiquait une mine. Les assiégés, croyant leurs murs sapés, se
rendirent.
    2 Pélopidas, général thébain, étant sur
le point d’assiéger à la fois deux villes de Magnésie peu éloignées
l’une de l’autre, ordonna que, pendant qu’il faisait avancer son
armée sous les murs de l’une, quatre cavaliers, ayant des couronnes
sur la tête, accourussent à toute bride, comme venant de l’autre
camp thébain, pour annoncer la prise de l’autre ville. Afin de
mieux encore tromper l’ennemi, il fit mettre le feu à une forêt
située dans un lieu intermédiaire, et dont l’embrasement pouvait
être pris pour celui de la place. Il voulut, en outre, qu’on lui
amenât quelques soldats déguisés en prisonniers. Ces démonstrations
jetèrent l’effroi parmi les assiégés, qui, se croyant déjà vaincus
sur l’autre point, firent leur soumission.
    3 Cyrus, roi de Perse, tenant

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