Les quatre livres des stratagèmes
ville
maritime, fît joindre ensemble deux vaisseaux que l’on couvrit de
madriers, et sur lesquels on construisit des tours hors de la vue
des assiégés ; puis il livra par terre une attaque avec
d’autres tours. Pendant, qu’il tenait l’ennemi en échec de ce côté
des remparts, de l’autre approchaient les deux vaisseaux, et par
là, ne trouvant pas de résistance, il pénétra dans la ville.
9 Périclès voulant prendre, dans le
Péloponnèse, un château où l’on ne pouvait arriver que par deux
chemins, coupa l’un par un fossé, et se mit à fortifier l’autre.
Les assiégés, en pleine sécurité quant au premier chemin,
surveillèrent seulement celui qu’ils voyaient fortifier. Alors
Périclès, ayant préparé des ponts, les jeta sur le fossé, et entra
dans la place du côté où l’on ne craignait pas son approche.
10 Antiochus, faisant le siège d’Éphèse,
ordonna aux Rhodiens, ses auxiliaires, d’attaquer le port pendant
la nuit, en poussant de grands cris. Les assiégés y accoururent en
foule et en désordre, laissant le reste des fortifications sans
défenseurs ; et Antiochus, donnant l’assaut d’un autre côté,
s’empara de la ville.
X. Pièges dans lesquels on attire les
assiégés.
1 Caton, étant en présence des Lacétans,
qu’il tenait assiégés dans leur place forte, mit en embuscade une
grande partie de ses troupes, et ordonna à des Suessétans, ses
auxiliaires, et fort mauvais soldats, de livrer l’attaque à la
ville. Les Lacétans, dans une sortie, les mirent facilement en
fuite ; et, comme ils s’acharnaient à les poursuivre, Caton
s’empara de leur ville avec les cohortes qu’il avait cachées.
2 L. Scipion leva le siège qu’il avait
mis devant une ville de Sardaigne, et donna à sa retraite
l’apparence d’une fuite précipitée. La garnison s’étant mise
imprudemment à sa poursuite, il se rendit maître de la place à
l’aide de troupes qu’il avait embusquées dans le voisinage.
3 Hannibal, après avoir commencé le siège
d’Himère, donna l’ordre de la retraite, laissant à dessein son camp
aux ennemis, comme s’il ne pouvait tenir contre eux. Les Himéréens
virent si peu le piège, que, dans la joie du succès, ils
abandonnèrent leur ville pour courir au camp carthaginois.
Hannibal, voyant alors la place sans défense, s’en empara avec des
troupes qu’il avait cachées dans la prévision de cet événement.
4 Le même, pour attirer les
Sagontins [103] dans une embuscade, s’approcha de
leurs murailles avec un petit nombre d’hommes, et feignit de
prendre la fuite dès la première sortie des assiégés. Ceux-ci, se
trouvant coupés par l’armée carthaginoise, alors postée entre eux
et la ville, furent enveloppés, et taillés en pièces.
5 Himilcon, général carthaginois, faisant
le siège d’Agrigente, mit en embuscade, non loin de la place, une
partie de ses troupes, avec ordre, lorsque les assiégés se seraient
éloignés dans la campagne, d’allumer des feux avec du bois
mouillé ; ensuite, s’étant lui-même avancé, dès le point du
jour, à la tête du reste de son armée, pour attirer les ennemis au
combat, il feignit de lâcher pied, et les entraîna au loin à sa
poursuite. Ceux de l’embuscade mirent le feu à des monceaux de bois
en avant des murailles, comme ils en avaient reçu l’ordre ; et
les Agrigentins, à la vue de la fumée qui s’élevait, crurent que
leur ville était embrasée. Tandis qu’ils retournaient à la hâte,
pour porter du secours, arrêtés en même temps par les troupes qui
avaient été postées près de la ville, et chargés en queue par
celles qu’ils avaient poursuivies, ils essuyèrent une entière
défaite.
6 Viriathe, après avoir placé des troupes
en embuscade, envoya quelques soldats enlever les troupeaux des
Ségobrigiens. Ceux-ci, étant accourus en grand nombre pour les
reprendre, et s’étant mis à la poursuite des maraudeurs, qui
fuyaient à dessein, tombèrent dans le piège et furent taillés en
pièces.
7 Héraclée avait pour garnison deux
cohortes commandées par Lucullus, lorsque des cavaliers Scordisques
s’avancèrent comme pour enlever des troupeaux, et provoquèrent
ainsi une sortie ; puis, par une fuite simulée, ils attirèrent
Lucullus jusque dans une embuscade, où il fut tué avec huit cents
de ses soldats.
8 Charès, général athénien, devant
attaquer une ville située sur le bord de la mer, cacha sa flotte
derrière
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