Les quatre livres des stratagèmes
un promontoire, et envoya le plus léger de ses vaisseaux
passer en vue de l’ennemi. Dès qu’on l’aperçut, tous les navires
qui gardaient le port volèrent à sa poursuite. Alors Charès, voyant
ce port sans défense, y entra avec sa flotte, et s’empara même de
la ville.
9 Au moment où les Romains assiégeaient
par terre et par mer Lilybée, en Sicile, Barca, général
carthaginois, fit paraître au loin une partie de ses vaisseaux
prêts à combattre. La flotte romaine, les ayant aperçus, s’élança
sur eux ; et Barca, avec le reste de ses vaisseaux, qu’il
avait tenus cachés, se rendit maître du port de Lilybée.
XI. Des retraites simulées.
1 Phormion, général athénien, ayant
ravagé le territoire de Chalcis, cette ville lui envoya des députés
pour lui exposer ses griefs. Il leur fit bon accueil ; et
pendant la nuit qui avait été fixée pour leur départ, il feignit de
recevoir une lettre qui le rappelait à Athènes, et les congédia en
faisant retraite lui-même, mais à une faible distance. Les députés
ayant annoncé que tout était désormais en sûreté, et que Phormion
était parti, les Chalcidiens crurent à la bienveillance qu’il avait
témoignée, ainsi qu’à la retraite de ses troupes, et négligèrent la
garde de leur ville. Alors, Phormion étant revenu tout à coup, ils
ne purent soutenir une attaque à laquelle ils ne s’attendaient
plus.
2 Agésilas, chef des Lacédémoniens,
assiégeant Phocée, et s’étant aperçu que les alliés de cette ville,
venus pour la défendre, commençaient à se lasser des fatigues de la
guerre, fit un mouvement de retraite, comme s’il allait à d’autres
expéditions, et leur laissa ainsi la faculté de s’éloigner
librement. Peu de temps après il ramena son armée et vainquit les
Phocéens, alors réduits à leurs propres forces.
3 Alcibiade tendit un piège aux
Byzantins, qui se tenaient renfermés dans leurs murs : il
feignit de se retirer, et, quand ils ne furent plus sur leurs
gardes, revint fondre sur eux.
4 Viriathe, après s’être retiré à trois
journées de Segobriga, revint en un seul jour, et surprit les
habitants, qui, dans une entière sécurité, étaient en ce moment
même occupés d’un sacrifice.
5 Épaminondas, au siège de Mantinée,
voyant que les Lacédémoniens étaient venus secourir cette place,
pensa que, s’il leur cachait son départ, il pourrait aller prendre
Lacédémone. Il ordonna d’allumer pendant la nuit un grand nombre de
feux dans son camp, afin que l’on ne se doutât pas de son
absence ; mais, trahi par un transfuge, et poursuivi par
l’armée lacédémonienne, il quitta le chemin de Sparte, et usa du
même artifice pour retourner devant Mantinée. Il alluma encore des
feux dans son camp, et, taudis que les Lacédémoniens l’y croyaient
présent, il fit une marche de quarante milles du côté de Mantinée,
et se rendit maître de la ville, qui n’avait plus le secours de ses
alliés.
XII. De la défense des places. Exciter la
vigilance des soldats.
1 Pendant que les Lacédémoniens
assiégeaient Athènes, Alcibiade, craignant de la négligence de la
part des sentinelles, ordonna aux soldats de tous les postes
d’observer attentivement le flambeau qu’il ferait paraître pendant
la nuit, du haut de la citadelle, et de répondre à ce signal en
élevant aussi des flambeaux de leur côté. Il menaça de châtiment
quiconque n’exécuterait pas fidèlement cet ordre. Ainsi tenus dans
l’attente des signaux de leur chef, tous firent une garde
vigilante, et l’on fut à l’abri du danger qui était à craindre pour
la nuit.
2 Iphicrate, général athénien, qui
occupait Corinthe avec une garnison, visitant les postes au moment
où l’ennemi approchait, trouva une sentinelle endormie, et la perça
d’un javelot. Quelques-uns, blâmant cet acte comme trop
cruel : « Tel j’ai trouvé cet homme, leur répondit-il,
tel je l’ai laissé. [104] »
3 On dit qu’Épaminondas, général thébain,
en fit autant.
XIII. Donner et recevoir des
nouvelles.
1 Les Romains, assiégés dans le Capitole,
envoyèrent Pontius Cominius implorer le secours de Camille, qui
était alors en exil. Cominius, pour éviter les postes gaulois,
descendit par la roche Tarpéienne, traversa le Tibre à la nage,
arriva jusqu’à Véies [105] , et,
s’étant acquitté de sa mission, retourna par le même chemin près de
ses compagnons.
2 Les habitants de Capoue,
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