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Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
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Crésus
enfermé dans la ville de Sardes, fit dresser du côté le moins
accessible de la montagne sur laquelle elle était assise, des mâts
aussi hauts que cette montagne, surmontés de figures d’hommes ayant
le costume des Perses, et les approcha des remparts pendant la
nuit ; puis, dès la pointe du jour il attaqua la ville du côté
opposé, au moment où les premiers rayons du soleil faisaient
briller les armes que portaient ces figures. Les assiégés,
persuadés qu’ils étaient pris par derrière, s’enfuirent dispersés,
laissant la victoire à l’ennemi.

IX. Attaquer du côté où l’on n’est pas
attendu.
     
    1 Scipion, assiégeant Carthagène, profita
du moment où la marée baissait, pour s’approcher des
murailles ; et, se disant guidé par Neptune, il traversa un
étang dont les eaux avaient suivi le reflux de la mer, et livra
l’attaque du côté où il n’était point attendu.
    2 Fabius Maximus, fils de Fabius
Cunctator, arrivé devant Arpi, où Hannibal avait mis garnison,
reconnut la position de la ville, et envoya, par une nuit obscure,
six cents soldats chargés de franchir, à l’aide d’échelles, la
partie des remparts qui était la plus forte, par conséquent la plus
mal gardée, et de briser la porte. Ceux-ci, favorisés par une pluie
violente, dont le bruit empêchait d’entendre celui qu’ils
faisaient, exécutèrent l’ordre qu’ils avaient reçu. Alors Fabius,
au signal donné, attaqua par ce même côté, et prit la ville.
    3 Dans la guerre contre Jugurtha, pendant
que C. Marius assiégeait, près du fleuve Mulucha, un château
construit sur un rocher accessible seulement par un étroit sentier,
et taillé à pic de tout autre côté comme à dessein, un Ligurien
auxiliaire, simple soldat, qui s’était avancé par hasard pour
chercher de l’eau, et avait, en recueillant des limaçons, gagné le
sommet du rocher, vint lui annoncer que l’on pouvait gravir
jusqu’au château. Marius y envoya quelques centurions avec les
soldats les plus agiles et les meilleurs trompettes, ayant tous la
tête découverte pour mieux voir, les pieds nus pour grimper plus
aisément sur les rochers, et leurs boucliers, ainsi que leurs
épées, attachés à leur dos. Guidés par le Ligurien, ils s’aident,
pour monter, de courroies et de clous, parviennent au château du
côté opposé à l’attaque, où pour cela même ils ne trouvent pas de
résistance, et se mettent à sonner de la trompette et à faire un
grand bruit, selon l’ordre qu’ils ont reçu. À ce signal Marius
encourage ses troupes et presse plus vivement les assiégés. Ceux-ci
étant rappelés de l’autre côté de la place par une multitude
intimidée qui la croit déjà prise par derrière [102] ,
les Romains s’élancent à leur poursuite, et s’emparent du
château.
    4 Le consul L. Cornélius se rendit maître
de plusieurs villes de Sardaigne, en débarquant pendant la nuit ses
meilleures troupes, auxquelles il ordonnait de se cacher, et
d’épier le moment où il reviendrait avec ses vaisseaux ; puis,
lorsqu’il était descendu à terre lui-même, et voyait les ennemis
s’avancer à sa rencontre, il simulait une retraite, et les attirait
au loin à sa poursuite, afin que les places, alors dégarnies,
fussent livrées à l’attaque de ses troupes embusquées.
    5 Périclès, général athénien, assiégeant
une ville qu’une défense bien concertée mettait à l’abri de ses
efforts, fit pendant la nuit sonner la charge et pousser de grands
cris vers la partie des remparts qui touchait à la mer. Les
ennemis, persuadés que l’on entrait de ce côté, abandonnèrent les
portes ; et Périclès, les trouvant sans défense, fit par là
irruption dans la ville.
    6 Alcibiade, général athénien, voulant
prendre la ville de Cyzique, s’en approcha pendant la nuit à
l’improviste, et fit sonner la charge du côté opposé à celui qu’il
allait attaquer. Les assiégés pouvaient suffire à la défense de
leurs remparts ; mais, comme tous se portèrent vers le lieu où
ils croyaient qu’on donnait l’assaut, Alcibiade franchit les
murailles sur un point qui ne lui offrait pas de résistance.
    7 Pour s’emparer du port de Sicyone,
Thrasybule de Milet fit plusieurs fausses attaques par terre ;
et, quand il vit que les ennemis avaient dirigé leurs forces vers
le lieu où il les harcelait, il entra dans le port avec sa flotte,
sans qu’on s’y attendît.
    8 Philippe, assiégeant une

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