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Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
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renvoyèrent
après leur avoir coupé les mains [107] .
Ceux-ci conseillèrent à leurs compagnons de ne pas fonder sur la
disette l’espoir de se rendre bientôt maîtres des Romains, attendu
qu’ils avaient encore un grand approvisionnement de vivres.
    5 Les Thraces, assiégés sur une montagne
fort élevée, et inaccessible à l’ennemi, recueillirent entre eux,
au moyen d’une contribution par tête, une petite quantité de blé et
de laitage, et en firent manger à des moutons qu’ils chassèrent
vers les postes ennemis. Ces animaux ayant été pris et tués, on
remarqua dans leurs entrailles les vestiges du froment ;
l’ennemi alors, persuadé que les Thraces avaient de copieuses
provisions de blé, puisqu’ils en nourrissaient même leur bétail,
abandonna le siège.
    6 Thrasybule, général des Milésiens,
voyant ses troupes fatiguées du long siège qu’elles soutenaient
contre Alyatte, qui espérait les réduire par famine, ordonna que
tout le blé de la ville fût apporté sur la place publique avant
l’arrivée des députés lydiens qu’il attendait, et fit préparer pour
le même temps des festins chez tous les citoyens. En montrant ainsi
la ville en fête, il fit croire à l’ennemi qu’il lui restait assez
de vivres pour soutenir longtemps encore le siège.

XVI. Comment on prévient les trahisons et
les désertions.
     
    1 Cl. Marcellus fut informé que Bantius,
de Nole, s’efforçait d’amener ses concitoyens à une défection au
profit d’Hannibal, parce que celui-ci, l’ayant trouvé parmi les
blessés après la bataille de Cannes, lui avait fait donner des
soins, et l’avait renvoyé dans sa patrie. N’osant pas le mettre à
mort, de peur que son supplice n’irritât les habitants de Nole, il
le fit venir près de lui, et lui dit qu’il était un soldat
excellent ; que jusqu’alors il ne l’avait pas connu ; et,
après l’avoir engagé à rester dans son armée, il lui fit présent
d’un cheval. Ce bienfait lui assura la fidélité non seulement de
Bantius, mais encore de tous ceux de la ville sur lesquels celui-ci
avait de l’influence.
    2 Hamilcar, général des Carthaginois,
voyant les nombreuses désertions de ses auxiliaires gaulois, qui
passaient du côté des Romains, où, à cause de la fréquence même du
fait, ils étaient reçus comme des alliés, engagea ceux qui lui
étaient le plus fidèles à simuler une désertion. Ils le firent, et
taillèrent en pièces les Romains qui s’étaient avancés pour les
recevoir. Cet artifice, outre le succès qu’il valut alors aux
Carthaginois, fut cause que, dans la suite, les véritables
transfuges furent suspects aux Romains.
    3 Hannon, commandant en Sicile l’armée
carthaginoise, apprit que des Gaulois mercenaires, au nombre de
quatre mille environ, s’étaient entendus pour passer du côté des
Romains, parce qu’ils n’avaient pas reçu leur solde de quelques
mois. N’osant sévir contre eux, dans la crainte d’une révolte, il
promit de les indemniser généreusement du retard dont ils
souffraient. Les Gaulois le remercièrent de cette assurance ;
et pendant le délai qu’il avait fixé pour l’exécution de ses
promesses, il envoya dans le camp du consul Otacilius son
trésorier, homme d’une fidélité éprouvée, qui, feignant d’avoir
déserté pour quelque désordre dans ses comptes, annonça que quatre
mille Gaulois devaient être envoyés au fourrage la nuit suivante,
et qu’il serait facile de les surprendre. Otacilius, qui ne voulait
ni se fier tout d’abord à un transfuge, ni laisser échapper une
pareille occasion, mit en embuscade des troupes d’élite. Les
Gaulois tombèrent dans le piège, et remplirent doublement le but
d’Hannon : ils tuèrent des Romains, et furent eux-mêmes
exterminés jusqu’au dernier.
    4 Hannibal imagina une semblable
vengeance à l’égard de ses transfuges. Informé que plusieurs
soldats avaient déserté la nuit précédente, et sachant aussi qu’il
y avait des espions de l’ennemi dans son camp, il dit ouvertement
qu’il ne fallait pas donner le nom de transfuges à des hommes
adroits qu’il avait envoyés pour pénétrer les desseins de l’ennemi.
Ces mots, une fois connus des espions, furent transmis aux Romains,
qui saisirent les déserteurs d’Hannibal, leur coupèrent les mains,
et les renvoyèrent.
    5 Diodore, étant à la tête des troupes
qui défendaient Amphipolis, et parmi lesquelles se trouvaient deux
mille Thraces qu’il

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