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Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
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ville ; puis
il envoya secrètement en avant ses cavaliers, avec ordre de
retourner ensuite et de s’avancer, comme des ennemis, contre leurs
compagnons. Pendant que cet ordre s’exécutait, il avertit les
soldats de se préparer à soutenir l’attaque, et permit d’établir
l’ordre de bataille de telle manière que chacun prît la place qu’il
voudrait. Les plus lâches s’étant aussitôt portés en arrière,
tandis que les plus braves étaient accourus aux premiers rangs, il
voulut que chacun gardât dans les lignes la place où il se trouvait
alors.
    9 Lysandre, général lacédémonien, faisant
châtier un soldat qui s’était écarté de la route, celui-ci lui
affirma que ce n’était point pour piller qu’il s’était éloigné de
l’armée : « Je ne veux pas même, répondit Lysandre, que
l’on puisse le soupçonner. »
    10 Antigone, informé que son fils s’était
logé chez une femme qui avait trois filles d’une grande beauté, lui
dit : « J’apprends, mon fils, que vous êtes à l’étroit
dans une maison habitée par plusieurs maîtres ; prenez un
logement plus spacieux. » Et quand il l’eut fait sortir, il
défendit à quiconque aurait moins de cinquante ans, de loger chez
une mère de famille.
    11 Le consul Q. Metellus, qu’aucune loi
n’empêchait de conserver toujours son fils auprès de lui, aima
mieux cependant qu’il s’acquittât de son service comme soldat.
    12 Le consul P. Rutilius, à qui les lois
permettaient d’avoir son fils attaché à sa personne, le fit soldat
dans une légion.
    13 M. Scaurus, apprenant que son
fils avait lâché pied devant l’ennemi, dans la forêt de Trente, lui
défendit de venir en sa présence. Le jeune homme, ne pouvant
supporter cet affront, se donna la mort.
    14 Autrefois les Romains, comme les
autres nations, campaient par cohortes, et formaient çà et là des
espèces de hameaux, les villes alors étant seules fortifiées.
Pyrrhus, roi d’Épire, fut le premier qui enferma une armée entière
dans une même enceinte retranchée [115] . Les
Romains ayant défait ce prince dans les plaines Arusiennes, près de
Bénévent, s’emparèrent de son camp, dont ils étudièrent la
disposition, et en vinrent peu à peu à cet art de camper qu’ils
pratiquent aujourd’hui.
    15 P. Scipion Nasica, n’ayant pas besoin
de vaisseaux, occupa cependant ses soldats à en construire pendant
un quartier d’hiver, craignant que l’inaction ne les perdît, et
que, dans la licence qui accompagne l’oisiveté, ils ne fissent
quelque injure aux alliés.
    16 M. Caton a écrit que l’on coupait
la main droite aux soldats convaincus d’avoir volé leurs
compagnons, et que, si on voulait les punir moins sévèrement, on
leur tirait, du sang devant la tente du général.
    17 Cléarque, général lacédémonien, disait
à ses soldats qu’ils devaient redouter leur général plus que
l’ennemi : il voulait leur faire entendre que pour ceux qui se
seraient retirés du combat par crainte d’une mort douteuse, il y
aurait un supplice certain.
    18 D’après l’avis d’Appius Claudius, le
sénat, pour punir des prisonniers renvoyés par Pyrrhus, roi
d’Épire, mit les cavaliers dans l’infanterie, les fantassins dans
les troupes légères, et tous eurent ordre de camper hors des
retranchements, jusqu’à ce qu’ils eussent rapporté chacun les
dépouilles de deux ennemis.      
    19 Le consul Otacilius Crassus ordonna
que ceux qu’Hannibal avait fait passer sous le joug fussent, à leur
retour, campés hors des fortifications, afin que, se trouvant ainsi
exposés, ils s’accoutumassent au danger, et devinssent plus hardis
devant l’ennemi.
    20 Sous le consulat de P. Cornélius
Nasica et de D. Junius, les soldats qui avaient déserté leurs
étendards étaient, après condamnation, battus de verges, et vendus
publiquement.
    21 Lorsque Domitius Corbulon faisait la
guerre en Arménie, deux corps de cavalerie et trois cohortes de son
armée ayant tout d’abord lâché pied devant l’ennemi, près d’un
château, il leur ordonna de camper hors du retranchement jusqu’à ce
que, par des efforts constants et d’heureuses escarmouches, ils
eussent fait oublier cette honteuse conduite.
    22 Le consul Aurelius Cotta ayant, dans
une pressante nécessité, donné l’ordre à des chevaliers d’aider à
fortifier le camp, et une partie de ceux-ci s’y étant refusés, il
en porta plainte aux censeurs, qui leur infligèrent

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