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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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tuer
lui-même.
    — C’est un risque à prendre, jugea-t-elle
en accompagnant ces mots d’une grimace. Le temps nous est compté et je n’ai plus
le choix. Et même dans ce cas, Henri de Navarre serait gagnant puisque nous
aurions arrêté l’hémorragie des finances royales vers le duc de Guise.
    Elle observa le silence un moment avant d’ajouter :
    — Si nous pouvions mettre la main sur ce
boiteux manchot et le faire parler, nous aurions une magnifique preuve de l’implication
du duc ou de Salvancy.
    — Et si ce n’était pas Guise ? Pour
vous dire le fond de ma pensée, mademoiselle, je pense que Salvancy est un
personnage trop falot pour avoir organisé l’agression d’hier. Quant à Guise, il
est à Joinville, à cinquante lieues de Paris.
    — Qui donc alors ?
    — J’ai songé à un homme influent qui a
les moyens de monter une telle entreprise. Un homme qui n’a en vérité aucun
intérêt à ce que le jeune Hauteville découvre quelque chose.
    — Mais qui donc ?
    Il sourit devant son impatience.
    — Un homme qui aurait simplement souhaité
qu’on tue Salvancy, c’est ce qu’il espérait quand il a écrit à votre père.
    — Sardini ? Mais pourquoi ? s’étonna-t-elle.
    — C’est évident, et il nous l’a fait
comprendre. Après la mort de Salvancy, la succession sera sans doute longue et
difficile, Sardini pourrait faire savoir aux héritiers que l’origine de la
fortune de M. Salvancy est assez trouble, et dans une transaction, en
obtenir une part.
    — Tout cela ne serait qu’une manœuvre
montée par M. Sardini ? Il aurait dénoncé Salvancy pour qu’on se
débarrasse de lui ? Mais pourquoi ne l’aurait-il pas fait lui-même ? Il
est riche et Paris ne manque pas de tueurs à gage.
    — Sans doute, mais ainsi il était certain
de rester en dehors, s’il y avait enquête.
    Elle resta méditative un instant, visiblement
mal convaincue, ou peut-être parce qu’elle refusait l’idée de cette trahison
après ce que lui avait avoué la douce Limeuil.
    — Je n’y crois pas, cela me paraîtrait
bien trop tortueux, décida-t-elle enfin.
    — Il est italien, pourtant, plaisanta
Caudebec.
    Elle se força à sourire avant de déclarer :
    — Son épouse m’a avoué que c’est elle qui
lui avait demandé d’écrire la lettre à mon père.
    — Si c’est vrai, raison de plus de penser
qu’il n’en avait guère envie.
    Elle secoua la tête.
    — Je suis certaine que c’est celui qui
organise ces rapines qui nous a envoyé ces tueurs, et ce ne peut être que le
duc de Guise.
    — S’abaisserait-il à ça ? En outre, je
vous l’ai dit, il est à Joinville, comment aurait-il fait ?
    — Son frère Mayenne, alors.
    — Il est dans le Poitou, avec son armée.
    — Cette discussion ne nous avance guère, soupira-t-il.
    Elle hocha du chef.
    — Ce Nicolas Poulain pourrait nous être
utile pour reprendre les quittances à M. Salvancy, proposa-t-elle au bout
d’un instant.
    — Comment ?
    — Il est policier, il pourrait
perquisitionner chez ce receveur et saisir ses papiers…
    — Je ne vois pas comment nous le
déciderions à le faire. Et pourquoi nous les donnerait-il, ensuite ?
    — Ce n’est qu’une idée en l’air.
    Elle reprit sa plume d’oie et parut s’absorber
à la tailler soigneusement avec le canif, tandis qu’elle réfléchissait à ce que
Caudebec venait de dire.
    — Mme de Limeuil m’a beaucoup
appris, dit-elle finalement, en rassemblant les copeaux de plume en un petit
tas.
    — Je crains le pire, ironisa Caudebec.
    — Avec raison, mon ami ! C’est une
femme expérimentée dans l’art de la tromperie. Je suis en train d’écrire deux
lettres pour les Sardini. La première, vous la porterez après m’avoir laissée
chez M. Hauteville.
    — Je n’aime pas vous laisser seule.
    — Que peut-il m’arriver avec Olivier ?
Or, je ne peux confier cette lettre à personne d’autre, car vous devrez la
remettre en mains propres à Mme Sardini. La seconde lettre sera portée par
un valet de l’auberge qui la remettra à M. Sardini.
    — J’avoue ne pas comprendre… Pourquoi
envoyer ce valet ? Si je vais là-bas, je pourrais la lui remettre…
    Elle secoua la tête avec un sourire avant de
lui expliquer son plan, ou plus exactement celui que lui avait tracé Isabeau de
Limeuil.
    — M. Hauteville ne sera donc pour
vous qu’un instrument ? demanda-t-il, après un silence réprobateur.
    — Oui,

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