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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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notre famille soit de tout cœur avec eux, ils ont
occis mon père, ma gouvernante, et ils voulaient recommencer !
    Il prononça ces derniers mots presque en
criant.
    — Peut-être vos croyances n’étaient-elles
pas bonnes, Olivier, dit-elle tristement.
    Il la regarda sans comprendre, mais elle resta
impassible, comme sculptée dans de la pierre.
    — Pouvez-vous m’accompagner à la messe à
Saint-Merry ? En priant près de vous, peut-être Dieu m’aidera-t-il, lui
demanda-t-il.
    — Je ne peux le faire, Olivier. J’ai à
vous parler, moi aussi, dit-elle d’une voix morne.
    Elle se tut un instant tandis qu’il la
regardait, à la fois désemparé et interrogatif.
    — Je suis de la religion réformée, lâcha-t-elle.
    Un silence écrasant tomba entre eux. En vérité,
la rue étant de plus en plus bruyante, ils eurent seulement l’impression que c’était
du silence tant Olivier était stupéfait. Au bout d’un long moment, il se leva
lourdement et fit deux pas jusqu’à son lit où il s’assit, la tête entre les
mains. Tout tournait autour de lui.
    — J’avais six ans lors de la
Saint-Barthélemy, poursuivit-elle, comme pour se justifier. Mes parents ont été
assassinés pour leur religion. C’est pour cela que j’ai appris à me défendre… Et
pour pouvoir les venger…
    — Votre père n’est pas procureur au
présidial d’Angers ?
    — Non, c’est mon oncle. C’est lui qui m’a
élevée. Il m’a sauvée du massacre, mentit-elle.
    Dehors, les cloches se remirent à sonner. Leur
clameur raviva les abominables souvenirs de ce jour funeste et il ne sut que
répondre. Il se leva finalement, revint vers elle et tomba à genoux à ses pieds.
Ils avaient tous les deux perdu leur père, songeait-il. Tués par les mêmes
fanatiques catholiques, et ils brûlaient de les venger. Ils se ressemblaient !
À cette idée, il ressentit un immense émoi, il lui prit les mains, et elle le
laissa faire.
    Mais son regard était indifférent quand elle
lui dit :
    — Nous honorons le même Dieu, Olivier, mais
il ne nous unira jamais.

18.
    Dimanche 10 mars 1585
    Au Fer à Cheval, François
Caudebec gratta à la porte de Mlle de Mornay avant d’entrer dans sa
chambre. Il la trouva en train d’écrire. Devant elle, sur la table, étaient
disposés deux plumes d’oie, un canif et un encrier. Elle avait fait monter ce
nécessaire le jour de leur arrivée pour écrire à Mme Sardini.
    — Êtes-vous prête ? J’ai prévenu un
valet qui va venir prendre nos bagages pour les porter chez M. Hauteville.
    — Je termine cette lettre, François. J’allais
justement vous en parler. Une fois chez Olivier, nous n’aurons plus beaucoup l’occasion
d’être seuls tous les deux.
    — En effet, nous allons devoir redoubler
de prudence. La bataille d’hier soir ne pouvait pas plus mal tomber. Déjà,
M. de Cubsac m’a pressé de questions ce matin, sur vous et votre
habileté à l’épée, et j’ai tellement dû mal mentir qu’il va tôt ou tard faire
part de ses doutes à M. Hauteville. Je veux bien croire que ce pauvre
garçon ne voit rien parce qu’il est amoureux de vous mais son ami Nicolas
Poulain est d’une autre trempe. Il faudrait qu’on s’accorde sur une histoire
vraisemblable.
    — Ce qui est arrivé n’est pas forcément
une mauvaise chose, j’ai parlé à Olivier, et cette attaque lui a quand même
ouvert les yeux.
    Elle posa sa plume d’oie et rapporta à
Caudebec les propos du jeune homme, enfin persuadé que les assassins de son
père et les agresseurs de la veille étaient des partisans du duc de Guise.
    — Olivier m’a aussi assuré avoir deviné
qui était derrière la fraude des tailles, mais il n’a pas voulu le nommer. Je
ne sais pas ce qu’il a en tête, mais je ne pense pas qu’il suspecte M. Salvancy,
sinon, il aurait vérifié ses comptes et percé la vérité depuis longtemps. Aiguiller
ses recherches, voilà ma prochaine tâche. Mais une fois qu’il aura découvert
que Salvancy rapine les tailles, le plus difficile restera de le convaincre d’aller
chercher les quittances chez lui, et non de le dénoncer à la surintendance des
Finances ou de se venger.
    — C’est un jeu dangereux, mademoiselle. S’il
découvre que Salvancy est coupable, je ne vois pas ce qui l’empêchera de le
livrer à la justice. Il lui suffira d’en parler à son ami Poulain. Et s’il est
persuadé que Salvancy a tué son père, sans doute tentera-t-il de le

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