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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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répondit-elle, le visage fermé. Il
est catholique et je suis protestante ; je le lui ai avoué, d’ailleurs. Il
a beau avoir des doutes sur la Ligue, il sera toujours pour le parti de ceux
qui refusent Navarre. De surcroît, il a approuvé la Saint-Barthélemy et son
père y a sans doute participé.
    — Qu’en savez-vous ?
    — Je le devine. Quand je lui ai parlé de
cet affreux massacre, il ne m’a pas répondu qu’il lui avait fait horreur. Il
est simplement resté silencieux, comme s’il n’avait rien à dire.
    Au même moment, à la
messe de Saint-Merry où il se trouvait avec sa femme et ses enfants, Nicolas
Poulain se posait aussi bien des questions.
    Qui était vraiment cette fille de drapier qui
maniait l’épée comme un spadaccino et qui lançait le couteau avec l’habileté
d’un bravo  ? Sa science de l’escrime pouvait peut-être s’expliquer
par un entraînement avec un maître d’armes, comme elle l’affirmait, mais pas la
façon dont elle se battait. Elle n’avait pas appris de manière académique, mais
avec un vrai bretteur habitué des duels. Il y avait chez elle une justesse du
geste qu’on n’acquérait qu’avec une longue expérience des combats, ou avec des
gens d’armes. Les quelques femmes qu’il avait vues s’entraîner en salle ne
considéraient l’escrime que comme un exercice d’adresse, pas comme un moyen de
tuer. Or cette fille s’était battue pour occire son adversaire. Elle n’avait d’ailleurs
pas paru accablée après avoir tué un homme d’un lancer de couteau fort adroit, comme
si elle était endurcie.
    En rentrant chez lui, il décida de se rendre
au couvent des Filles-de-Sainte-Élisabeth. Cela ne lui ferait pas faire un
grand détour.
    Dans la même église, Olivier Hauteville était
tout autant distrait de l’office. Depuis qu’il avait deviné le nom de celui qui
avait préparé le meurtre de son père, il cherchait un moyen de le confondre. Car
s’il jugeait connaître le coupable des assassinats, il ignorait toujours tout
des mécanismes frauduleux que ce larron avait élaborés pour détourner une
partie des tailles.
    Et maintenant, il y avait Cassandre. Olivier
ne doutait nullement qu’elle fût la nièce d’un procureur au présidial d’Angers.
Mais elle était protestante et lui catholique. En outre, il était pauvre, sans
famille, sans charge et sans état, et elle paraissait venir d’une famille de
robe fortunée.
    Que pouvait-il lui proposer ? Qu’était-il
prêt à accepter ?
    En rentrant chez lui, il la trouva justement dans
la cuisine avec Thérèse et oublia instantanément toutes ses craintes. Elle
était revenue et cela seul comptait. Le fossé qu’il avait cru voir entre eux
allait se combler.
    Effectivement, il fut surpris par sa bonne
humeur durant le dîner où François Caudebec était absent. Elle ne fit aucune
allusion à ce qui les séparait et lui proposa même de lui prêter main forte
dans ses recherches.
    — Je vous remercie, répondit-il, déconcerté,
mais je ne crois pas que vous puissiez m’aider, mademoiselle. Il y a tant et
tant de documents à consulter et à comparer, tant de calculs innombrables à
faire avec des jetons ! Et surtout, c’est un travail qui demande une bonne
connaissance de la collecte et du contrôle des tailles…
    — Pour les calculs, je ne crains personne,
lui assura-t-elle. Mes grands-parents étaient des marchands et, toute jeunette,
ils m’ont appris à compter. Dans notre famille, nous avons les nombres dans le
sang. Quant à la collecte des tailles, je ne demande qu’à apprendre…
    Elle ajouta après un sourire :
    — … Vous savez, Olivier, pour résoudre un
problème, il est parfois judicieux d’avoir près de soi quelqu’un qui n’a pas d’idée
préconçue.
    Guère convaincu, Olivier accepta tout de même,
tant il brûlait d’envie de l’avoir près de lui.
    Laissant femme et
enfants chez lui, Nicolas Poulain remonta la rue Saint-Martin jusqu’à l’abbaye,
puis tourna vers la rue du Temple pour aller au couvent franciscain des
Filles-de-Sainte-Élisabeth. La mère supérieure n’était pas là, mais il put
rencontrer la sœur tourière qui s’occupait des visites.
    Non, elle n’avait jamais vu de Cassandre
Baulieu ni de François Caudebec. Il y avait effectivement deux religieuses
âgées malades, mais elles n’avaient reçu aucune visite. Il insista, décrivit
Cassandre, mais, là encore, la réponse fut négative. Personne ne la

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