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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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jetons de cuivre pour
convertir les sommes.
    Bien qu’Henri III ait tenté d’imposer l’écu
comme seule unité de compte, la monnaie d’usage restait la livre divisée en
vingt deniers, eux-mêmes divisés en douze sols. Seulement, les pièces en
circulation étaient les écus, d’or ou d’argent, les liards ou les blancs, et
surtout toutes sortes de pièces provinciales, anciennes ou étrangères. Les
conversions étaient nécessaires et se faisaient avec des jetons colorés, en fer,
en cuivre ou en bois, représentant une monnaie. On calculait en les ressemblant
en tas. Quand un tas de sols dépassait douze, on l’écartait pour ajouter un
jeton valant un denier au tas de deniers. Cette méthode était commode, mais
demandait un temps considérable.
    À cette difficulté s’ajoutait le fait que la
collecte des impôts s’étendait sur toute l’année. On disposait rarement d’un
récapitulatif annuel, car la copie des registres de collecte contenant les
tailles à payer et les paiements était transmise tous les quinze jours au
conseil des finances. À partir de ces éléments, il fallait donc reconstituer
des totaux sur trois années, ceci pour chacune des cent cinquante communes dont
Salvancy était receveur.
    Ce travail, qu’Olivier jugeait complètement
inutile, leur prit trois heures. De temps en temps, il levait les yeux vers
Cassandre, espérant qu’elle reconnaisse l’absurdité de ce qu’ils faisaient. Mais
celle-ci, fort appliquée, copiait soigneusement les chiffres avec une mine de
plomb sur des feuillets de papier rêche. Elle termina ses récapitulations bien
avant les deux hommes et proposa à Olivier de l’aider. Il accepta, ayant hâte d’avoir
fini.
    Elle se rapprocha de lui afin de lui dicter
les valeurs qu’elle lisait dans la copie des registres mais elle remarqua qu’à
chaque fois qu’elle l’effleurait, il faisait des erreurs de copie. Elle en fut
troublée et dut s’écarter de lui.
    Alors qu’ils travaillaient ainsi, ils furent
rejoints par Caudebec. Informé de ce qu’ils faisaient, il s’installa sur le lit
pour sommeiller. Il savait lire, certes, mais fort lentement. Quant à compter, il
en était incapable. Il ne pouvait donc leur être d’aucune aide.
    Une fois leur ouvrage achevé, ils comparèrent
leurs résultats. L’année précédente, les tailles totales collectées par
Salvancy avaient baissé de deux cent mille livres, et de cent cinquante mille l’année
d’avant.
    C’était beaucoup.
    — Cette diminution est-elle normale ?
demanda Cassandre en simulant la surprise et l’incompréhension.
    — Non, répondit Olivier, brusquement
soucieux. Elle doit bien représenter les trois quarts de la diminution des
tailles de l’élection. Il faudrait pourtant vérifier ces calculs et remonter
encore sur deux autres années pour s’en assurer, mais il est trop tard à cette
heure. Nous n’y arriverons pas à la lumière des chandelles.
    — Je m’y mettrai dès demain matin, monsieur,
proposa Le Bègue en se levant.
    — Si cette baisse se vérifie, proposa
Olivier Hauteville, il faudra l’étudier paroisse par paroisse. D’une façon ou d’une
autre, il faut que j’en comprenne les raisons.
    — Vous connaissez ce M. Salvancy ?
demanda Cassandre.
    — Pas personnellement. J’en ai seulement
entendu parler, puisqu’il est le plus important receveur de l’élection. Il
possède d’ailleurs plusieurs charges de receveur et fait travailler trois ou
quatre commis.
    — Votre père le connaissait-il ?
    — Il ne m’en a jamais parlé.
    Le Bègue sortit et Cassandre ne posa pas d’autres
questions, même si plusieurs lui brûlaient les lèvres. Elle avait une nouvelle
preuve de l’implication de Salvancy dans le détournement des tailles mais
était-ce lui qui avait tué M. Hauteville ? Et si ce n’était pas lui, comment
avait-il eu la clef de la maison ? Elle se leva à son tour pour faire
quelques pas afin de mettre de l’ordre dans ses idées.
    — Vous m’avez beaucoup aidé, ce soir, lui
dit-il.
    — Et moi j’ai eu grand plaisir à
travailler avec vous, monsieur Hauteville, sourit-elle. Pour un papiste, vous n’êtes
pas un mauvais homme.
    — Je vous retourne le compliment, c’est
la première fois que j’apprécie une hérétique, plaisanta-t-il, tandis que
Caudebec les regardait badiner en souriant. Nous rejoindrez-vous demain avec M. Le
Bègue pour poursuivre ce travail ? demanda-t-il après un

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