Les Rapines Du Duc De Guise
instant.
— Si vous le souhaitez, monsieur. Je
prendrai simplement le temps d’aller voir ma tante dans l’après-midi.
La servante arriva alors, complètement
bouleversée.
— Monsieur, dit-elle en tremblant, il y a
un homme qui frappe à la porte et qui se dit exempt au Châtelet.
M. de Cubsac m’a envoyée vous prévenir. Croyez-vous que ce soit les
mêmes qu’hier ?
M. de Cubsac était en effet resté
aux cuisines pendant qu’ils travaillaient. Il trouvait la jeune Perrine à son
goût et lui contait fleurette. Elle-même n’était pas insensible à cet homme si
fort, certainement capable de la protéger.
Saisissant son épée, Caudebec se leva et
descendit avec Olivier qui avait aussi pris une épée ainsi que son pistolet à
mèche. Cubsac les attendait en bas.
Fausse alerte, l’exempt était un véritable
exempt du Grand-Châtelet. Venu seul, il voulait entendre le récit de l’attaque
de la veille.
Ils répondirent à ses questions et racontèrent
aussi ce que Poulain avait découvert lors de l’interrogatoire d’un des
prisonniers qui était mort peu après. L’exempt fit comprendre qu’il n’y aurait
sans doute pas d’autre suite, puisque tous les marauds étaient trépassés. Quant
à leur chef, il se ferait bien prendre un jour ou l’autre, assura-t-il avec
insouciance.
À peu près au même
moment, le commissaire Louchart se rendait chez Nicolas Poulain. Par le
lieutenant civil qui recevait chaque jour un mémoire sur les interventions du
guet, le commissaire avait appris l’agression contre Olivier Hauteville et la
présence de Nicolas Poulain sur les lieux. Intrigué par cette affaire, il avait
envoyé un exempt interroger Olivier Hauteville et décidé de poser lui-même
quelques questions au lieutenant du prévôt d’Île-de-France.
Poulain lui raconta comment les truands
étaient entrés en se faisant passer pour des hommes du guet.
— Il y a eu cinq morts, m’a affirmé le
sergent, Combien étiez-vous chez M. Hauteville pour un tel massacre ?
s’enquit Louchart qui avait du mal à comprendre ce qui s’était passé.
— Ce ne fut pas de chance pour ces
pauvres larrons, plaisanta Poulain. M. Hauteville avait engagé un garde du
corps, un Gascon nommé Cubsac, qui se trouve être un habile bretteur.
Louchart hocha du chef, se souvenant du
ferrailleur armé d’une lourde épée qu’il avait vu avec Hauteville au Palais, fin
janvier.
— Ce soir-là, il y avait aussi une dame
qu’il avait invitée pour tenir compagnie à la mienne, et qui était venue
accompagnée par son cousin, lui aussi rude bretteur. Et pour compléter le
tableau, sachez que cette dame savait aussi manier la rapière !
— Qui est cette dame ?
— Elle se nomme Mlle Cassandre Baulieu
et vient d’Angers pour soigner une tante malade, répondit évasivement Poulain.
— Vit-elle chez Hauteville ? Fait-elle
partie de sa famille ?
— Je ne sais exactement, monsieur
Louchart. Mais il est exact qu’il l’héberge, car l’hostellerie où elle était descendue
ne lui convenait pas.
— Combien de temps va-t-elle rester ?
— Mais je l’ignore ! s’exclama
Poulain qui s’amusait de l’inquiétude de Louchart. Il vous faudrait le demander
à M. Hauteville !
— Avez-vous reconnu quelqu’un parmi tous
ces truands ? lui demanda encore le commissaire.
— Non, c’était visiblement des gens de
sac et de corde. En revanche, il est inquiétant que celui qui les commandait
ait réussi à s’enfuir.
— Comment était-il ? Pourriez-vous
le reconnaître ?
— Boiteux et manchot, avec une main en
bois sans doute. La cinquantaine, peut-être, une épaisse barbe blanche… Ce ne
sera peut-être pas trop difficile de le retrouver…
Il raconta alors ce qu’avait dit l’un des
prisonniers avant de mourir (sans avouer, bien sûr, qu’il l’avait libéré) et ce
qu’il avait appris à l’auberge de la Tête Noire, mais il ne mentionna
pas le passeport du manchot ni son nom. Pas plus qu’il ne fit part de ses
doutes sur Cassandre.
— Mais pourquoi en veut-on ainsi aux Hauteville ?
s’exclama Louchart, pour essayer de faire parler Poulain.
— Vous savez que son père était
contrôleur des tailles. Je crois qu’il avait mis le nez sur quelque
détournement dans les impôts et que ce sont ceux qui organisaient ces rapines
qui l’ont occis. Or le fils Hauteville s’est mis en tête de retrouver les
fraudeurs à son tour. M. de Bellièvre lui a
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