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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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pouvait l’ouvrir.
    Cassandre n’avait plus quitté Mornay, qu’elle
appelait son père, et lui n’avait jamais percé le secret du médaillon.
    Aujourd’hui, c’était une jeune femme d’une
vingtaine d’années, exubérante, avec un goût prononcé pour la raillerie, un
esprit vif, et surtout d’une grande gaîté.
    Tout le monde croyait qu’elle était sa fille, sauf
sa femme Charlotte, bien sûr, et Caudebec.
    Mornay reposa les feuillets qu’il avait écrits.
La Saint-Barthélemy hantait toujours ses nuits. Ces hommes jetés des fenêtres, ces
femmes désaccoutrées et éventrées avant d’être jetées en Seine, ces enfants
pendus. Pourrait-il jamais oublier ? Mais si le destin était cruel, il
était aussi ironique, car c’est grâce à ces horreurs qu’il y avait gagné une
fille dont il était fier. On gratta à la porte et il fit entrer.
    L’intendant de sa maison introduisit deux
hommes, deux géants mi-blonds mi-roux aux sourcils épais et au visage velu
comme des ours. Sous leur rude manteau de laine épaisse, encore blanc de neige,
ils portaient un corselet d’acier avec un gorgerin. Une barbute italienne
couvrait leur nuque, des gantelets de maille protégeaient leurs gants de cuir. Leurs
bottes étaient ferrées et à leur ceinture pendaient épée et miséricorde [4] .
    — Hans ? Rudolf ? s’exclama M. de Mornay
en les voyant entrer.
    Hans et Rudolf étaient des Grisons protestants
au service de Scipion Sardini, un banquier lucquois d’une soixantaine d’années
auquel Henri de Navarre avait fait appel plusieurs fois pour se faire prêter de
l’argent. Sardini était un des quatre grands banquiers italiens de Paris avec
Sébastien Zamet, Ludovic da Diaceto et Antoine Gondi, même si les Gondi étaient
de moins en moins banquiers puisque le fils aîné d’Antoine, Albert, était
maréchal de France, et son frère évêque de Paris.
    Comme la plupart de ses compatriotes, Sardini
était très proche de Catherine de Médicis. Mornay l’avait rencontré quelquefois,
ainsi que son épouse, et il connaissait, comme tout le monde à la cour, le
précieux service que l’Italien avait rendu à Catherine de Médicis ; un
service assez agréable. Ce n’était un secret pour personne que la reine mère
utilisait les charmes de certaines de ses dames d’honneur. Ces filles, que
certains appelaient l’escadron volant, et d’autres le haras de putains, étaient
chargées de séduire et de pénétrer les desseins des adversaires de leur reine. C’est
ainsi que Mlle de Rouet avait longtemps gouverné Antoine de Bourbon, le
père de Navarre.
    Vingt ans plus tôt, la plus jolie et la plus
réputée de ces filles était Isabeau de Limeuil, dont Catherine de Médicis était
parente par sa mère. M. de Mornay était trop jeune pour l’avoir
connue quand elle était dame d’honneur, mais il se souvenait d’un poème qu’avait
écrit Brantôme, qui s’en était épris :
    Douce Limeuil, et
douces vos façons,
    Douce la grâce, et douce la parole,
    Et votre œil qui doucement m’affole,
    Et fait en moi douces mes passions,
    Douce la bouche, et douce la beauté,
    Doux le maintien, douce la cruauté.
    La parole libre et
hardie, Isabeau de Limeuil brillait autant par l’esprit que par sa beauté. Mais
la vivacité de ses reparties lui attirait plus d’ennemis que ses charmes ne lui
amenaient d’amants. Catherine l’avait choisie pour gagner Louis de Bourbon – le
prince de Condé, frère d’Antoine de Bourbon, et certainement le meilleur
capitaine des protestants – dans le camp catholique. Condé était alors prisonnier
à la cour, depuis qu’il avait été capturé à la bataille de Dreux. La douce Limeuil l’avait séduit et l’avait tant affectionné et beluté qu’il avait
accepté de devenir lieutenant général du royaume, et même de se retourner
contre l’armée anglaise qu’il avait précédemment fait venir en France. Les
caresses de Limeuil l’avaient emporté sur le rigide dogme de Calvin.
    Mais Isabeau n’avait pas su se garder de l’enflure
de ventre et l’éclat avait été immense lorsqu’elle avait accouché à Dijon [5] , quasiment devant la cour. À ce scandale s’en était ajouté un second
quand Isabeau avait été accusée d’utiliser des philtres et des poisons pour
séduire ou punir ses amants. On l’avait enfermée sous bonne garde au couvent d’Auxonne
pour l’interroger, mais le prince de Condé l’avait fait évader.
    Car Catherine

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