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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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cire de la lettre avec la dague qu’il portait à sa ceinture,
puis il s’installa dans l’embrasure d’une fenêtre pour la lire à la chiche
lumière du jour.
    Quelles que soient les raisons des guerres, la
profondeur des haines entre les belligérants, la sauvagerie des combats, les
financiers seront toujours indispensables pour payer les troupes et mettre la
picorée à l’abri, songea-t-il, quand il eut terminé sa lecture.
    Que devait-il faire de cette lettre ? En
parler au baron de Rosny ou attendre Henri de Bourbon qui devait arriver d’un
jour à l’autre ? À moins qu’il ne décide de régler le problème lui-même. En
tant que surintendant de la maison de Navarre, il était en droit de le faire.
    Dehors, les cliquetis des lames s’intensifiaient.
    — Nous allons descendre aux cuisines, proposa-t-il
aux Suisses. Nous avons des difficultés pour nous approvisionner, les paysans
ne veulent plus rien nous vendre, mais vous trouverez quand même de quoi vous
rassasier. Vous pourrez loger au-dessus, il y a un bouge inoccupé où il reste
une paillasse. Le cabinet n’est pas chauffé, mais cela a un avantage : le
froid tue la vermine !
    — Nous avons l’habitude, monsieur. Aurez-vous
un courrier à nous remettre ? Nous devons rentrer au plus vite. Nous
partirons demain.
    — Peut-être…
    Il parcourut encore la lettre du regard avant
de la glisser dans son pourpoint :
    — Suivez-moi, ordonna-t-il, en prenant
son manteau posé sur une des coussièges de fenêtre.

3.
    Lundi 7 janvier, lendemain de l’Épiphanie, le
matin
    Alors que sonnaient
matines, après avoir embrassé sa femme et ses enfants comme s’il ne devait plus
les revoir, Nicolas Poulain fit seller son cheval. Le temps était froid, mais
il ne neigeait plus depuis deux jours.
    Nicolas Poulain était lieutenant du prévôt des
maréchaux d’Île-de-France. À cette époque, la police à l’intérieur des bourgs
était assurée par les prévôts, les baillis, les chevaliers du guet, et dans les
grandes villes par les lieutenants civil et criminel, tandis que le maintien de
l’ordre dans les campagnes était exercé par les prévôts des maréchaux, assistés
de lieutenants.
    Les lieutenants des prévôts des maréchaux et
leurs archers, tous portant casaque et bourguignotte à visière ou salade, armés
d’épée, d’arquebuse et de pertuisane [6] , avaient pour mission de faire des chevauchées sur le territoire qui
leur était imparti et de courir sus aux aventuriers, gens sans aveu, bannis, essorillés
et larrons.
    La principale différence entre les magistrats
des villes et les prévôts des maréchaux était que ces derniers jugeaient en
dernier ressort. Les brigands surpris en flagrant délit étaient pendus sur
place, les autres étaient jugés par quatre officiers du roi. C’étaient toujours
des arrêts sans appel.
    En ce temps de guerre civile, Nicolas Poulain
ne manquait pas de besogne. Chaque chevauchée apportait sa moisson de gens de
sac et de corde ayant commis violences, pilleries ou larcins, qu’ils soient
soldats, maraudeurs, ou plus généralement brigands de grand chemin.
    La compagnie de maréchaussée de l’Île-de-France,
commandée par le prévôt général, comprenait quatre lieutenants et couvrait les
territoires de Paris, Sceaux, Saint-Denis, Villejuif, Saint-Germain-en-Laye, Versailles,
Passy, Bondy, Bourg-la-Reine et Charenton.
    Sur une si vaste étendue, les chevauchées de
Nicolas Poulain duraient généralement trois ou quatre jours. Le reste de la
semaine, les patrouilles étaient conduites par son premier sergent. Une journée
entière, souvent le jeudi, était consacrée à entendre les plaintes et les
doléances des habitants, à juger les prévenus, et à faire les procès-verbaux
des chevauchées pour les adresser, de trois mois en trois mois, à la connétablie.
    Le siège du tribunal de Poulain était la ville
de Saint-Germain où se tenait la prévôté royale. C’est là aussi qu’étaient
logés soit chez eux, soit chez l’habitant, ses sergents, ses hommes d’armes, son
greffier et son commis. En revanche, Poulain, comme les autres lieutenants, habitait
à Paris pour être à la fois proche du prévôt d’Île-de-France, M. Hardy, et
du présidial du Grand-Châtelet qui jugeait les affaires les plus graves qu’il
avait à traiter.
    Ainsi, du lundi au jeudi soir, Nicolas Poulain
n’était pas chez lui. Parfois, il s’absentait plus longtemps encore s’il avait
à

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