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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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poursuivre quelque bande de larrons.
    Enroulé dans son manteau, il descendit la rue
Saint-Martin jusqu’à la rue Troussevache, puis contourna le cimetière des
Innocents par la rue de la Ferronnerie. Se frayant un passage entre les auvents
des boutiques qui avançaient trop souvent sur la rue, les enseignes trop basses
qui assommaient facilement un cavalier, et gardant un œil sur ceux qui vidaient
leurs eaux usées par les fenêtres, Nicolas Poulain gagna la rue Saint-Honoré
jusqu’à la rue des Petits-Champs qu’il remonta.
    Cet itinéraire n’était pas celui qu’il prenait
habituellement pour se rendre à Saint-Germain.
    À l’angle de la rue du Bouloi et de la rue des
Petits-Champs [7] se dressait l’hôtel de Losse, la demeure du Grand prévôt de France, messire
François du Plessis, seigneur de Richelieu. Plus tard, cette maison deviendrait
celle du lieutenant de police Antoine de Dreux d’Aubray, puis celle de Nicolas
de La Reynie et prendrait le nom du logis du lieutenant de police.
    Cette belle bâtisse de pierre était fort
pratique pour la charge de son occupant, car située à deux pas du Louvre. La
grande porte du porche d’entrée était surmontée des armes des Richelieu – trois
chevrons de gueules sur champ d’azur – et ornée de deux épées nues symbolisant
la prévôté.
    Ce portail était fermé, mais une poterne sur
le côté était ouverte. Ayant sauté au sol et tenant son cheval par la bride, Poulain
s’y glissa pour se retrouver dans une cour avec un puits et un tilleul aux
branches dénudées. Un concierge balayait la neige et le crottin pour laisser un
passage propre vers l’écurie que l’on apercevait au fond de la cour.
    — Je suis lieutenant du prévôt et je dois
voir M. le Grand prévôt, déclara Poulain en s’avançant vers le domestique,
un colosse deux fois plus large que lui.
    Celui-ci, nullement impressionné par le titre
de son visiteur, lui désigna un banc de pierre.
    — Restez là ! ordonna-t-il. Je vais
chercher le maître d’hôtel de M. le Grand prévôt.
    Nicolas songea qu’on aurait pu au moins le
faire entrer. En frissonnant, autant de froid que d’inquiétude, il s’assit sur
le banc. Il n’était venu que deux ou trois fois chez le Grand prévôt chercher
ses ordres, et celui-ci n’avait guère fait attention à lui. Mais il savait que
François du Plessis était un homme méfiant, brutal, et d’une grande fidélité
envers le roi. Comment réagirait-il à ce qu’il allait lui avouer ?
    François du Plessis, seigneur de Richelieu, était
le fils de Françoise de Rochechouart. À la mort de son mari, Mme du
Plessis avait reporté tout son amour sur l’aîné de ses deux fils, Louis, porte-étendard
d’une compagnie du duc de Montpensier. Par malheur, dans une stupide querelle
de préséance, celui-ci avait été tué par son voisin.
    Le cadet, François, était page à la cour. Mme du
Plessis l’avait fait revenir et lui avait ordonné de venger son frère et l’honneur
de la famille.
    Le voisin meurtrier, craignant à juste titre
des représailles, ne sortait de chez lui que par un souterrain qui le conduisait
au gué d’une rivière lui permettant de gagner le grand chemin. Un matin, au
moment où il traversait la rivière, François de Richelieu, qui le guettait, lui
avait lancé une roue de charrette qui avait fait peur à son cheval. Désarçonné,
l’assassin de l’aîné des du Plessis était tombé et Richelieu l’avait poignardé.
    L’affaire était remontée au parlement et le
jeune du Plessis avait été condamné à être rompu vif. Mais la sentence n’avait
été exécutée qu’en effigie, le meurtrier étant introuvable. Certains dirent
alors que sa mère avait obtenu sa grâce auprès du roi, d’autres que Richelieu s’était
engagé dans les troupes du duc d’Anjou où il s’était distingué. Quelle que fût
la vérité, les poursuites avaient été abandonnées et à la mort de Charles IX,
François de Richelieu avait gagné la confiance d’Henri III et faisait
partie de ses fidèles comme Villequier, O, ou Bellièvre. Il s’était marié avec
Suzanne de La Porte, fille d’un riche et célèbre avocat au Parlement et s’était
lié avec le baron d’Arqués, devenu duc de Joyeuse, qui lui avait avancé trente
mille livres pour acheter la charge de prévôt de l’Hôtel.
    Le prévôt de l’Hôtel traitait les affaires de
justice et de police de la maison du roi. Richelieu y avait été

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