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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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n’avait pas tout prévu. Non
seulement le prince aimait Limeuil, mais elle l’aimait aussi et elle avait
demandé son aide. Comme à ce moment-là, Mme de Condé venait de mourir,
Isabeau espérait bien devenir la nouvelle princesse. C’était sans compter sur
les protestants et la pression terrible qu’ils avaient exercée sur Louis de
Bourbon. Coligny, Calvin lui-même, étaient venus le voir. Acculé, il avait
finalement choisi comme épouse Mlle de Longueville, une protestante. Cette
trahison avait amené la rupture entre les amants.
    Mlle de Limeuil, dont le bâtard
était mort, était restée seule. Mais malgré sa beauté, personne ne voulait
épouser cette femme, espionne, empoisonneuse et ribaude. Elle ne voulait pas
entrer au couvent et Catherine de Médicis l’avait finalement proposée à son
banquier, Scipion Sardini.
    En dépit de leur différence d’âge, ce dernier
n’avait guère hésité. Isabeau était belle, elle avait de l’esprit et venait d’une
des plus vieilles familles de France ; son grand-père étant vicomte de
Tonnerre. Lui n’était qu’un roturier, certes très riche, mais sans aucune
position sociale, même si Catherine de Médicis l’avait fait baron de Chaumont. Ce
mariage était pour lui une occasion inespérée de s’élever socialement.
    Il avait donc rendu sa réputation à Isabeau, comme
il se plaisait à le lui dire quand ils se disputaient et qu’elle évoquait l’honneur
qu’elle lui avait fait en lui donnant son nom. Réputé pour ses querelles au
début de leur mariage, le couple avait pourtant tenu. Ils avaient eu deux
filles et deux garçons, et Isabeau prenait désormais à cœur les affaires de son
époux qui lui accordait toute sa confiance.
    Bien que très fidèle au roi – et peut-être à
cause de cette fidélité – Scipion avait été un des premiers à écrire à Henri de
Navarre après la mort du duc d’Anjou. C’était justement Hans et Rudolf qui
avaient porté la lettre à Nérac, où se trouvait la cour du Béarnais. Le
banquier avait écrit à Henri qu’il le reconnaîtrait comme le futur roi de
France si Henri III n’avait pas d’enfant. C’était une des premières
allégeances de financier, une des plus importantes aussi, compte tenu de la
richesse et de la personnalité de Sardini.
    — Entrez vous
réchauffer, mes amis, proposa Mornay aux deux Suisses, en se forçant à réfréner
sa curiosité.
    Lui-même arrivait de Paris. Pour être là
maintenant, les deux hommes avaient donc dû partir juste après lui. Sans doute
portaient-ils quelque urgente nouvelle !
    Hans s’approcha du feu et ôta l’un de ses
gants ferrés, faisant apparaître une main aux jointures calleuses. Il défit
ensuite entièrement son manteau et Rudolf, qui s’était aussi déganté, détacha
la cuirasse de son compagnon fixée dans son dos par des crochets. Hans put
ainsi atteindre son pourpoint de buffle, et fouilla dans sa chemise pour sortir
une lettre cachetée qu’il tendit à Philippe de Mornay.
    — C’est pour Mgr de Navarre ? demanda-t-il.
    — Non, monsieur, c’est pour vous, déclara
le Suisse avec un accent marqué.
    Mornay regarda la lettre, on y avait écrit :
    À Philippe de Mornay, surintendant de la
maison de Mgr Henri de Navarre.
    —  Vous
arrivez de Paris ?
    — Oui, monsieur.
    — J’en viens moi-même. Je suis arrivé il
y a deux jours…
    — Nous le savons, monsieur. À Paris,
M. Sardini souhaitait vous voir mais, quand il a cherché à vous rencontrer,
vous veniez de partir. Nous avons tenté de vous rattraper mais nous n’avons pas
dû prendre le même chemin que vous. Nous sommes allés jusqu’à Nérac, puis
revenus ici, sans débotter.
    Mornay avait mis près d’un mois pour revenir
de la capitale. Ceux-là avaient mis moins de temps pour aller à Nérac et
revenir à Figeac, en plein hiver, avec des routes infestées de brigands. Ils
avaient dû passer un mois éprouvant !
    — Vous allez prendre du repos. Votre
voyage a dû être difficile.
    — C’est vrai, monsieur. Le mauvais temps,
les loups et les brigands nous ont retardés. La guerre et la misère sont
partout.
    Mornay les dévisagea un instant avant d’opiner.
Les deux colosses avaient dû connaître bien des aventures. C’étaient des brutes
farouches, sauvages, aux muscles puissants et au front bestial. Ceux qui s’étaient
attaqués à eux, loups ou brigands, avaient dû regretter leur imprudence. Il fit
sauter le cachet de

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