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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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tellement
apprécié par Henri III que celui-ci lui avait proposé la charge, plus
prestigieuse, de Grand prévôt de France. Devenu le policier en chef de toutes
les maisons royales, il menait aussi des missions secrètes, pour le roi.
    Au milieu d’une cour aux mœurs dépravées, le
Grand prévôt était redouté pour son caractère impitoyable. Personne n’avait
oublié la façon dont il avait vengé son frère. Taciturne et mélancolique, les
pamphlétaires l’avaient surnommé Tristan l’ermite tant il ressemblait au terrifiant
Grand prévôt de Louis XI.
    Comme lieutenant de la maréchaussée, Nicolas
Poulain n’ignorait rien de la vie du célèbre Tristan l’ermite qui avait cumulé
les charges de prévôt de l’Hôtel, de prévôt des maréchaux, et de Grand prévôt
de France de Louis XI, à la fin de la guerre de Cent Ans. Entièrement au
service du roi, Tristan l’ermite jugeait sans appel – et sans mansuétude – les
traîtres, les rebelles, les espions et plus généralement tous ceux qu’il
suspectait de crime de lèse-majesté. Quand il était de garde autour du château
de Plessis-lès-Tours où résidait le roi, on ne voyait que gens pendus aux
arbres. Louis XI l’appréciait si fort qu’il l’appelait son compère. Sans
réelles preuves, Tristan l’ermite pendait, décapitait, ou noyait dans la Seine
ceux qu’il soupçonnait de révolte, de conspiration ou de haute trahison. Avec
lui, le simple fait de violer son serment de fidélité au roi entraînait la mort.
    Comment le seigneur de Richelieu, nouveau
Tristan l’ermite, allait-il réagir quand il lui expliquerait les raisons de sa
venue ? s’interrogeait Nicolas Poulain avec crainte.
    Tout avait commencé
cinq jours plus tôt…
    Alors que la nuit était tombée sur Paris
recouvert par la neige, Mme Poulain, ses deux enfants et les servantes de
la maison, écoutaient Nicolas qui leur racontait comment il avait capturé une
bande de brigands qui s’attaquaient aux fermes isolées, tuant sans pitié tous
les occupants après les avoir torturés pour leur faire dire où ils cachaient
leur argent.
    Enveloppés dans des robes chaudes et des
manteaux, la maisonnée était rassemblée dans la grande chambre qui donnait sur
la rue Saint-Martin, la seule pièce chauffée du logis, à l’exception de la
cuisine quand on y préparait le repas. Dans l’âtre, une petite bûche rougeoyait
et finissait de se consumer.
    Avec ses sergents et hommes d’armes, expliquait
Nicolas en mimant les opérations devant son public subjugué, ils avaient
encerclé au lever du soleil le camp des pendards dans les bois de Saint-Germain.
La bande de maroufles se réveillait à peine et commençait à partager la picorée
de leur pillage de la veille quand ils avaient attaqué. Armés seulement de
haches et d’épieux, les maraudeurs n’avaient pu résister aux mousquets, aux
pertuisanes et aux épées de ses hommes à cheval.
    Les blessés avaient été branchés sur place. Ceux
qui s’étaient rendus avaient été ramenés à Saint-Germain pour être accrochés au
gibet de Montfaucon le lendemain de Noël, après avoir fait amende honorable et
avoir été flagellés. Quant au chef, il avait été roué et ses mains avaient été
clouées aux portes de la ville pour rappeler aux habitants que la justice du
roi s’exerçait sans indulgence.
    Ce furent les martèlements étouffés venant de
la rue qui attirèrent l’attention de la fille de Nicolas, âgée de sept ans.
    — Père, on frappe à notre porte, ou chez
grand-père ! s’exclama-t-elle.
    Les parents de Mme Poulain habitaient au
rez-de-chaussée. Le lieutenant du prévôt se leva pour s’approcher de la fenêtre
dont il écarta prudemment le volet de bois intérieur.
    On ne voyait rien dehors, mais on entendait
effectivement frapper sur l’huis de la porte cloutée donnant dans la rue.
    Il ouvrit un des battants aux petits vitrages
blancs sertis dans du plomb.
    — Que voulez-vous ? cria-t-il dans
la nuit.
    — C’est toi, Nicolas ? s’enquit une
voix qu’il crut reconnaître.
    — Qui êtes-vous ? demanda-t-il
prudemment.
    — Ton ami, Jean Bussy ! Tu ne me
reconnais pas ? Je suis avec Michelet qui est sergent à verge au Châtelet.
Tu dois te souvenir de lui, on était ensemble au collège. Nous venons te parler…
c’est important…
    — Très bien, je vous ouvre. Ce sont… des
amis, Marguerite, fit-il à sa femme en se retournant, légèrement soucieux.

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