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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sans la présence
de Caudebec et en le laissant dans la cour, souhaitant visiblement ne pas faire
durer leur entretien, comme si elle avait quelque chose ou quelqu’un à cacher.
Elle lui avait simplement promis de venir chez lui le lendemain, dès l’ouverture
des portes de la ville. Il était reparti le cœur meurtri de son indifférence.
    François d’O avait logé tous ses hommes d’armes
avec beaucoup de difficultés dans sa maison trop petite. Il aurait pu en
envoyer une partie rue Vieille-du-Temple, à l’auberge de L’Homme armé, mais
il préférait les savoir près de lui : en traversant Paris, il avait senti
à quel point la sédition grondait et il s’était dit qu’il risquait fort d’avoir
besoin de ses gens.
    Ses soldats avaient donc été entassés au
deuxième étage, sous les combles avec les domestiques, et un peu partout où il
restait de la place. La chambre du marquis était la seule pièce préservée.
    Quand les visiteurs y entrèrent, introduits
par Charles, le valet de chambre, O fut surpris en découvrant Cassandre et
Caudebec qu’il ne connaissait pas. C’est Nicolas Poulain qui les présenta
rapidement et Cassandre fut la première à prendre la parole, en expliquant son
rôle. Elle s’en tint bien sûr à l’histoire qu’elle avait racontée à Olivier.
Elle était la nièce de Scipion Sardini qui soupçonnait le receveur des tailles
Jehan Salvancy de détourner une partie des impôts et qui s’en inquiétait. Elle
raconta comment elle avait été invitée chez lui, comment elle avait tenté une
perquisition et à quelle occasion elle avait trouvé la clé qui lui avait permis
de rencontrer Olivier Hauteville.
    Ce dernier l’écouta, le visage impénétrable. Quand
elle eut terminé, il détailla le mécanisme frauduleux mis au point par Salvancy,
et l’existence de doubles registres de tailles : l’un servant à la
collecte et préparé par les asséeurs des paroisses, et un autre, celui des
receveurs, paraphé par les élus, puis archivé au greffe, sur lequel les plus
riches habitants faussement anoblis avaient été supprimés.
    La fraude n’était finalement que l’imitation à
grande échelle d’un procédé banal utilisé par ceux qui ne voulaient pas payer
de tailles, mais organisé avec de tout autres moyens, et l’accointance d’une
partie de l’administration chargée de la collecte.
    — J’entends bien la méthode, fit O après
ces explications. Mais pour que cette fraude fonctionne, elle a dû impliquer de
puissantes complicités à la surintendance. Salvancy ne peut en avoir été que le
percepteur. Qui sont les autres ?
    — Pour l’instant, je l’ignore, monsieur
le marquis, répondit Olivier. Ce sera aux enquêteurs et aux procureurs de la
cour des Aides de faire toute la lumière. Il semble toutefois que les
complicités n’étaient peut-être pas si nombreuses. Les lettres de provision de
ces faux nobles ont été présentées au bureau des finances qui les a jugées
valides. Toutes portaient le sceau de la chancellerie.
    — Comment se fait-il ? s’étonna O, brusquement
inquiet à l’idée que le chancelier Cheverny, un des plus solides soutiens du
roi, puisse être impliqué dans cette fraude.
    — Il semble qu’un adroit faussaire ait
imité les sceaux, monsieur. Peut-être est-ce ce fameux Larondelle qui a été
pendu en juillet de l’année dernière, proposa Poulain.
    — Pour ma part, j’ai surtout rassemblé
des preuves, reprit Olivier. J’ai déjà le témoignage écrit de trente-sept
personnes qui ont effectivement payé leurs tailles alors qu’elles sont
déclarées comme nobles, et vérifiées comme telles par les élus. Je pense qu’il
y a au total un millier de personnes dans ce cas, dans toute l’élection de
Paris.
    O resta silencieux un moment, vérifiant
mentalement l’affirmation de Hauteville. Un tenant occupant une ferme d’une
centaine d’acres avec une dizaine de chevaux, autant de vaches et deux cents
moutons, payait au moins deux cents livres de taille. Un millier d’entre eux, faussement
anoblis, entraînaient facilement une perte annuelle de deux cent mille livres. C’était
bien l’ordre de grandeur annuel de la fraude.
    Ensuite l’argent allait à Guise. Ce n’était
pas la première fois que l’intuition du roi s’avérait d’une rare justesse. Malheureusement,
il avait agi trop tardivement. S’il avait été prévenu quelques mois plus tôt, la
situation serait bien

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