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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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remarqué comme le château était bien défendu. Il
avait aussi appris que les quelques bourgeois de Caen gagnés à la cause de la
Ligue avaient tous été désarmés et écartés de la milice.
    Il fit contre mauvaise fortune bon cœur, assura
lui aussi fort hypocritement le marquis de son amitié et repartit pour Rouen le
lendemain sans avoir rien obtenu. O savait que ce double jeu ne pourrait guère
durer et que le duc de Guise devinerait vite qu’il avait été joué, mais le
temps gagné permettrait au roi de mieux préparer sa défense.
    Après le départ d’Elbeuf, François d’O hésita
encore à se rendre à Paris. Abandonner le château n’était pas sans risque alors
que la troupe d’Elbeuf était encore dans les environs. Le roi pourrait le lui
reprocher, même si c’était pour une opération à son service. Or, deux jours
après ce dîner mémorable, lors d’un transport, les deniers royaux de la recette
générale de Caen furent volés par une troupe de pillards que l’on ne put
identifier. Vengeance d’Elbeuf, ou coïncidence ? Nul ne pouvait le dire
mais l’affaire était des plus graves. Elle donnait surtout au marquis un
prétexte pour se rendre à Paris. S’étant assuré qu’Elbeuf s’était suffisamment
éloigné, François d’O partit pour la capitale le surlendemain, cette fois
accompagné par une dizaine d’hommes d’armes. Son frère et son lieutenant
pourraient assurer la défense de Caen en son absence.
    Il arriva à Paris le matin des Rameaux où, en
attendant de pouvoir rencontrer Henri III, il fit prévenir Nicolas Poulain
et Olivier Hauteville de se rendre chez lui le lendemain.
    Huit jours après
avoir fui de Paris, Maurevert était revenu sans difficulté dans la capitale
avec son passeport signé par Cheverny, un document fort acceptable depuis que
le roi avait installé ses officiers aux portes de la ville.
    L’assassin s’était rendu directement chez
Salvancy. Il avait trouvé le receveur des tailles amaigri, torturé par la
crainte incessante d’être arrêté. M. Salvancy savait, par son protecteur, qu’Olivier
Hauteville ne se rendait plus au tribunal de l’élection mais qu’il avait fait
des vérifications à la chancellerie. Le receveur des tailles était de plus en
plus certain que Hauteville allait découvrir son rôle, si ce n’était déjà fait.
    Maurevert lui expliqua pourquoi il n’avait pu
encore agir et lui demanda de lui procurer un passeport en blanc signé du
prévôt des marchands, indispensable pour sa logeuse afin qu’il ne soit plus
importuné par le quartenier. Le contrôleur des tailles lui remit le précieux
document dans les deux jours et Maurevert n’eut plus qu’à le remplir sous son
nom d’emprunt de chanoine de Conflans. Avant de partir, Salvancy le supplia
encore d’agir au plus vite. Il risquait à tout moment l’arrestation, lui
expliqua-t-il entre deux geignements, et il ne savait pas s’il pourrait
résister à la question avec les brodequins.
    Maurevert revint s’installer en face de la
maison de Hauteville. Il remit son nouveau passeport à sa logeuse et lui
demanda de ne plus le déranger quand il était là, sauf pour qu’un de ses domestiques
lui porte à souper. Le tueur des rois était exaspéré par tous les
contretemps qu’il avait subis et était décidé à en finir au plus vite. Cependant,
il eut tôt fait de se rendre à l’évidence. La maison de Hauteville n’était plus
occupée que par des domestiques. En effet, Olivier était parti avec Nicolas
Poulain à Saint-Germain pour rassembler des preuves contre Salvancy.
    À la fin de la seconde semaine d’avril, Poulain
et Hauteville rentrèrent de Saint-Germain. Alors qu’Olivier commençait la
rédaction d’un mémoire sur ses travaux d’investigation, Nicolas se rendit
plusieurs fois rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie pour étudier la maison de
Salvancy. Celle-ci n’avait que deux ouvertures en façade : une massive
porte cloutée à deux battants et une grande fenêtre protégée par une grille et
des volets intérieurs. Il était impossible de les forcer. Quant aux fenêtres du
premier étage, en encorbellement, elles étaient aussi fermées par des volets
intérieurs et de toute façon trop hautes pour s’y introduire.
    C’était impossible de pénétrer par la force, se
dit-il, surtout s’il y avait des gardes, comme le leur avait affirmé Cassandre,
sans compter les domestiques qui devaient être nombreux. La ruse

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