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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Jean
Bussy et Michelet…
    Elle s’assombrit.
    — Couche les enfants et attends-moi dans
la cuisine pendant que je leur parle. Ce ne sera pas long.
    Il alluma une chandelle de suif, détacha du
mur une épée dans son fourreau et saisit un pistolet à rouet sur une table dont
il vérifia rapidement le mécanisme.
    Nicolas Poulain avait trente et un ans. Fils d’une
servante ayant travaillé dans plusieurs maisons nobles, la dernière étant celle
du gouverneur de Paris, il n’avait jamais connu son père. Il savait seulement
que c’était quelque riche personnage qui avait séduit sa mère, comme c’était
souvent le cas pour la domesticité des grandes maisons. Malgré ses pressantes
demandes, et même ses supplications, elle n’avait jamais voulu lui dire le nom
de l’homme avec qui elle avait fauté.
    Pourtant, Nicolas aurait voulu le connaître, au
moins pour le remercier, car son mystérieux géniteur ne l’avait pas abandonné, comme
le faisaient généralement ceux qui avaient des enfants naturels avec leurs
domestiques. Il lui avait acheté l’étage de la maison où il vivait et lui avait
laissé une petite rente pour qu’il fasse des études. À sa majorité, le père
inconnu lui avait même fait porter une lettre de provision pour cette charge de
lieutenant de prévôt qu’il exerçait. Ce devait être un homme bon pour s’être
toujours ainsi occupé de son fils, alors pourquoi ne s’était-il pas fait
connaître auprès de lui ? La question taraudait Nicolas depuis son enfance.
    Les lieutenants des prévôts des maréchaux
devaient non seulement être vigoureux et courageux, mais aussi lettrés et
savants en droit. Nicolas avait fait ses études au collège de Lisieux [8] , puis son droit à la Sorbonne. Plus grand que les hommes de son temps,
musclé comme un bûcheron, et adroit aux armes comme un bravo florentin, il
était donc à même d’exercer le rude métier de policier.
    C’est justement au collège, en sixième, quand
il avait douze ans, qu’il avait rencontré Georges Michelet et Jean Bussy, devenu
plus tard sieur de Le Clerc. Plus tard, en 1572, à la Sorbonne, il avait
retrouvé Bussy. C’était à l’été de la Saint-Barthélemy dont Jean Bussy avait
été l’un des plus féroces basochiens massacreurs. Emporté par son besoin de
pillage il s’était attaqué aux catholiques aussi bien qu’aux protestants. Poursuivi
par la justice, il avait dû s’exiler à Bruxelles où il avait vécu misérablement
en exerçant le métier de maître d’armes. Finalement pardonné, il était rentré
en France pour terminer ses études de droit et acheter une charge de procureur
du roi. C’est à cette époque qu’il s’était pris de passion pour la fille d’un
riche charcutier sur le point de se marier. N’écoutant que son appétit bestial,
il avait fait jeter le fiancé en prison, puis enlevé la fille pour l’épouser de
force. Avec la dot, il avait acheté une terre fieffée et s’était anobli du
titre de sieur de Le Clerc bien qu’il n’ait jamais obtenu de lettres de
noblesse. Il était désormais capitaine de la dizaine [9] de la rue des Juifs où il habitait, et gardien des clefs de la porte
Saint-Antoine.
    Quant à Georges Michelet, sombre brute au
visage bovin, Poulain savait seulement qu’il rapinait les prisonniers qui lui
étaient confiés et qu’il possédait un bordau à Saint-Denis.
    Ce n’était pas la visite qu’il aurait
souhaitée pour ce soir de fête.
    Il sortit de la chambre et descendit l’escalier
de bois jusqu’à la porte d’entrée qu’il ouvrit en levant les deux barres. Comme
il faisait entrer les deux visiteurs, le froid le saisit. Il leur indiqua le
chemin et les suivit dans l’escalier après avoir soigneusement refermé l’huis. Derrière
eux, il fut suffoqué par leur puanteur. Michelet surtout. Personne ne se lavait
tous les jours, bien sûr ; l’eau était trop rare et trop chère. Nicolas
Poulain allait aux étuves de la rue Saint-Martin toutes les quinzaines, sa
femme et les servantes se rendaient une fois par semaine rue des
Vieilles-Étuves, aux bains pour femmes. Le reste du temps, on se frottait avec
un linge sec, ou avec de l’eau mêlée à du vin pour chasser les poux. Malgré
tout, seules les crèmes et les lotions préparées avec du thym et du romarin
pouvaient masquer la puanteur des aisselles et des pieds. Apparemment Michelet
et Bussy ne les utilisaient pas.
    Dans sa chambre, le lieutenant du prévôt

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