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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les
fit asseoir sur son lit et attendit debout qu’ils s’expliquent, espérant qu’ils
repartent vite.
    — J’aurais préféré rester entre les draps
avec une puterelle que d’affronter ce froid ! gronda Michelet en tendant
ses mains vers le foyer.
    Poulain sourit poliment. Michelet entretenait
des garces dans son bordau, à la porte Montmartre, mais ce n’était certainement
pas pour lui dire ça qu’il était venu.
    — Je peux vous proposer un verre de
clairet de Suresnes, fit Poulain d’un ton neutre.
    — Volontiers ! approuva Michelet.
    Tandis que Nicolas partait dans la cuisine, Bussy
Le Clerc balayait la pièce des yeux, comme pour évaluer la fortune de son hôte.
    Nicolas Poulain n’était pas riche, c’était
évident. Sur les murs de sa chambre, sans doute la pièce la mieux meublée de la
maison, il n’y avait aucune tapisserie, aucune crédence ou buffet exposant des
assiettes ou de l’orfèvrerie. Seulement un Christ en croix et en face une image
de la Vierge. Le lit lui-même ne portait que des rideaux de grosse toile entre
ses piliers. Il y avait un vieux coffre vermoulu et deux escabelles. Les
punaises couraient sur le carrelage de terre cuite.
    Quand Nicolas revint, avec trois gobelets et
un flacon, le procureur prit la parole.
    — Je me souviens qu’au collège, Nicolas, tu
étais toujours le premier à la confession et personne ne servait la messe mieux
que toi…
    — Certainement, mes amis ! Ma mère, qui
est au ciel maintenant, voulait que je sois un bon chrétien comme l’était
certainement mon père que je n’ai jamais connu.
    — Tu n’as jamais rien appris sur lui ?
s’enquit Michelet en plissant les yeux alors que Nicolas le servait.
    — Rien ! Avant de lui fermer les
yeux, j’ai demandé à ma mère de me donner son nom mais elle a à nouveau refusé,
arguant que ce nom ferait mon malheur. Je pense que c’était un homme de la cour.
Elle n’était qu’une servante mais n’a jamais manqué d’argent pour mon éducation.
Il nous a laissé la moitié de cette maison et a acheté mon office de lieutenant
du prévôt.
    — Que penses-tu de Mgr de Guise ? demanda
brusquement Jean Bussy, visiblement peu intéressé par le père de Poulain.
    — C’est un grand seigneur, très honorable
et bon chrétien, répondit Poulain prudemment.
    — Au Châtelet, reprit Georges Michelet, nous
sommes nombreux à nous inquiéter depuis la mort de Mgr d’Alençon. Tu sais que
notre roi est escouillé… sauf avec ses mignons ! Que se passera-t-il à sa
mort ?
    — Je crains que les grandes guerres ne
reprennent. Le Béarnais fera valoir ses droits, dit Nicolas.
    — Droits qu’il n’a point ! le coupa
sèchement Bussy Le Clerc. Le cardinal de Bourbon est plus près que lui de Saint
Louis.
    — C’est vrai, reconnut Poulain, en
hochant la tête.
    — Il serait aisé d’éviter une guerre, fit
encore Jean Bussy. Le cardinal de Bourbon a été reconnu héritier du royaume par
le Saint-Père et le roi d’Espagne. Mgr de Guise et les princes lorrains le
soutiennent. Que les bourgeois de Paris déposent le roi et portent Mgr de
Bourbon sur le trône, le Béarnais ne pourra que s’incliner !
    — Mais ce serait félonie et blasphème !
Le roi a été choisi par Dieu !
    — En laissant se développer l’hérésie, le
roi a trahi sa mission, asséna Jean Bussy en haussant le ton. Dieu l’a renié, et
comme tyran d’usurpation, il ne mérite plus de régner.
    Pendant qu’il parlait, Michelet écrasait
consciencieusement les punaises qui passaient près de ses bottes, ce qui
provoquait une abominable puanteur.
    — Peut-être, fit Poulain, aussi gêné par
l’affirmation de Bussy que par l’odeur infecte. Mais il y a grand risque pour
nous bourgeois à prendre parti dans cette querelle, le roi n’est pas si faible
et le duc de Guise n’est pas si fort.
    — Cette querelle est la nôtre ! gronda
Jean Bussy. Sais-tu que des huguenots entrés secrètement dans la ville
préparent avec l’approbation du roi une Saint-Barthélemy des catholiques ?
    — Tu en es certain ? s’enquit
Poulain.
    — Certain ! Jehan Louchart, qui est
commissaire au Châtelet, te le confirmera.
    — Mais comment les bourgeois
pourraient-ils intervenir dans ce chaos ? Le roi dispose de gardes suisses
et de gardes françaises, tous armés d’épées et de mousquets, alors que les
bourgeois du guet n’ont que des pertuisanes !
    — C’est pour ça que nous sommes

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