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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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religion catholique.
    — Chacun a ensuite recruté une ou deux
autres connaissances, soit dans son quartier, soit dans son travail. Puis les
nouveaux venus ont fait de même et nous sommes maintenant quelques centaines, raconta
Bussy avec fierté.
    Chez M. de La Chapelle, ce fut le
commissaire Louchart, que Poulain connaissait pour l’avoir souvent rencontré au
tribunal, qui les fit entrer et les conduisit dans la chambre où la confrérie
se réunissait.
    Louchart était un petit homme au visage
anguleux et à la tête de rat. Sa barbe et sa moustache courtes et clairsemées
mettaient en valeur son teint bilieux et ses petits yeux méchants.
    Dans l’assistance, à part M. de Mayneville
qui lui fit un signe amical, Poulain ne connaissait guère que deux prêtres :
le curé Boucher, recteur de la Sorbonne, et Jean Prévost, le curé de
Saint-Séverin.
    Bussy le présenta à Michel de La Chapelle, un
jeune homme d’une trentaine d’années, au regard calculateur. Comme le silence
se faisait, ce dernier prit la parole.
    — Mes amis, je remplace notre chef M. Hotman
qui n’a pas pu venir ce soir. La dernière fois, nous avions discuté de l’admission
de M. Poulain dans notre confrérie. M. Poulain est lieutenant du
prévôt Hardy et nous a été proposé par M. Bussy qui le connaît bien. Tout
le monde était d’accord et M. de Mayneville a approuvé sa venue. Il
est venu ce soir pour prêter serment.
    Il se tourna vers Poulain.
    — Vos amis vous ont parlé de notre
société. Elle a été créée par M. Hotman avec quelques hommes de bien comme
le père Boucher, M. Bussy et moi-même. Nous la nommons la sainte union. C’est
une ligue destinée à nous défendre à la fois contre les impôts qui nous
pressurent et pour sauver la foi romaine. Il y a ici ce soir les membres de
notre conseil, que nous nommons le conseil des Six. Si nous œuvrons avant tout
pour le salut de l’Église, nous voulons aussi que l’État dépense moins, et exige
moins de nous. Chaque jour, notre nombre augmente tant le peuple est malcontent.
Nous avons des représentants dans les seize quartiers de Paris [10] . Dans chaque paroisse, dans chaque rue, ces hommes de foi approchent
ceux qu’ils jugent dignes de rallier notre idéal comme M. Bussy l’a fait
avec vous. D’autres font de même avec ceux qu’ils côtoient dans leur métier. Ainsi,
le bon chrétien de la Cour des aides entreprend ses collègues, le sergent du
Châtelet parle à ses camarades, l’avocat pratique les hommes de loi, le
marchand enrôle ses amis. De cette prudente façon, nous incorporons sans péril
de nouveaux partisans. La sainte union se transforme peu à peu en une armée au
service de Dieu.
    » Nous nous réunissons en général chaque
vendredi pour traiter les affaires en cours. Mais avant de vous en dire plus, nous
attendons de vous un serment de fidélité. Êtes-vous décidé à nous rejoindre ?
    — Je le suis.
    La Chapelle fit écarter chacun autour de
Poulain pour que le serment soit solennel.
    — Au nom de la Sainte Trinité et du
précieux sang de Jésus-Christ, jurez sur les saints Évangiles et sur votre vie,
votre honneur et vos biens, de garder inviolables les choses dites ici, sous
peine d’être à jamais parjure et infâme, indigne de noblesse et honneur. Jurez
d’obéir et de servir avec fidélité la sainte union, jurez d’être fidèle aux
libertés de Paris et à la foi catholique et romaine.
    — Je le jure ! déclara Poulain, sans
hésitation.
    — Voici ce qu’on attend de vous. Nous
pouvons compter sur près de mille fidèles, et ce nombre augmente sans cesse. Mais
si nous devons défendre notre religion, comment ferons-nous sans armes ? Nos
amis du guet bourgeois n’ont que des pertuisanes ou des espontons à nous prêter.
    » Pourtant, ce n’est pas l’argent qui
nous manque, mais le roi a interdit à tous les quincailliers et armuriers de
Paris de vendre arme ou cuirasse sans l’autorisation du prévôt ou des
lieutenants de police. Même les commissaires ne peuvent en acheter, et seul le
prévôt d’Île-de-France a encore cette liberté. Nous avons approché quelques armuriers,
dont nous vous donnerons la liste, qui accepteraient de nous fournir, mais
uniquement si vous leur assuriez que vous achetez ces armes pour la prévôté de
l’Île-de-France.
    — Que vous faudrait-il ? s’enquit
Poulain.
    — Des mousquets et des épées, ainsi que
des morions ou des haubergeons pour

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