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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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venus. Nous
voulons te faire rencontrer quelqu’un qui te fera une proposition. Libre à toi
de l’accepter ou de la refuser. La seule condition est de garder secret cet
entretien.
    Devinant l’hésitation de Poulain, Jean Bussy
ajouta :
    — Il y aura quantité de bonnes pécunes à
gagner. Une picorée telle que ta famille et toi serez tranquilles jusqu’à la
fin de ta vie. Je crois que tu en as besoin, déclara-t-il en désignant les
lieux. Sans compter que tu obtiendras la faveur de grands seigneurs qui ont le
moyen de te faire avancer, pourvu que tu leur sois loyal, et que tu restes
fidèle à la foi catholique, apostolique et romaine.
    — Il faudrait que tu sois bien coquart
pour laisser passer cette chance, ricana le sergent en arrachant soigneusement
les pattes d’une punaise qu’il venait d’attraper.
    — Je resterai libre d’accepter ? hésita
Poulain.
    Il est vrai que l’avenir de sa famille le
préoccupait. Il exerçait un métier dangereux. Qu’il soit blessé, ou même tué, que
deviendraient ses enfants ?
    — Parfaitement.
    — Si je ne risque rien à écouter tes amis,
j’accepte de les entendre, décida le lieutenant après une ultime hésitation.
    — Alors viens chez moi demain matin, après
huit heures. J’habite toujours rue des Juifs.
    Ils se levèrent et Poulain les raccompagna. Après
leur départ, il resta longuement songeur dans l’escalier.
    Quand elle l’entendit rentrer, sa femme le
rejoignit dans la chambre où Nicolas avait reçu les deux hommes.
    — Nous n’avions plus vu M. Bussy
depuis des années, lui dit-elle, d’une voix inquiète, que te voulait-il ?
    — Je le saurai demain, ma mie.
    — Je n’aime pas cet homme, Nicolas… Mais
quelle odeur épouvantable ! Ils puaient comme des charognes !
    Elle alla à la fenêtre et l’ouvrit un instant.
Nicolas sourit devant sa véhémence.
    — Je sais pourquoi tu ne l’aimes pas, et
je ne l’aime pas non plus, affirma-t-il sans dissimuler son malaise.
    Douze ans plus tôt, le
jeudi de la Saint-Barthélemy, alors que le tocsin sonnait dans toutes les
églises, Marguerite, qui n’avait que seize ans, avait aperçu Jean Bussy à la
tête d’une bande de clercs de la basoche du Palais. Elle était collée à une
fente du volet de bois que son père avait baissé devant leur échoppe. Les
clercs s’étaient attaqués à la maison du bijoutier huguenot située en face de
leur épicerie. Ils avaient jeté hommes, femmes, enfants et serviteurs par les
fenêtres après les avoir éventrés. La maison avait été pillée et les corps
brisés dépouillés de leurs vêtements. Les survivants pendus aux fenêtres par le
col ou les pieds.
    Certains n’étaient pas morts et agonisaient en
gémissant. Le père de Marguerite, qui avait tout vu lui aussi, ne savait que
faire sinon pleurer. Il connaissait le bijoutier et l’estimait. Sa fille était
alors montée chercher de l’aide chez les Poulain. Nicolas avait aussi assisté
au pillage mais sa mère ne voulait pas qu’il intervienne tant elle était
terrorisée. Finalement, sur l’insistance de la jeune fille, il était descendu. Jean
Bussy était parti, mais d’autres horreurs se perpétraient dans la rue. Il y
avait des pillards partout mais ceux-ci ne faisaient pas attention à ceux qui
décrochaient les cadavres. Avec l’aide du père de Marguerite, ils avaient
détaché et conduit chez eux les deux survivants, une servante et un enfant de
dix ans, mais les malheureux étaient mort le surlendemain.
    Un an plus tard, les deux jeunes voisins se
mariaient.
    Le lendemain de la
visite de Bussy et Michelet, Nicolas Poulain s’était rendu au logis du
procureur.
    Georges Michelet lui ouvrit et le conduisit
dans une chambre. Poulain y trouva le père Santeuil, curé de Saint-Gervais, et
un autre procureur auquel il avait parlé deux ou trois fois au Grand-Châtelet, mais
dont il ignorait le nom. Il y avait surtout un gentilhomme de son âge, en
pourpoint moiré à manches courtes, chemise écarlate aux manches brodées, chausses
assorties et toquet avec aigrette en diamants. Une épée à poignée dorée était
serrée à sa taille.
    Cet homme le considéra d’un air légèrement
dédaigneux. Il portait barbe et moustache en collier et sentait très fort le
musc.
    — Messieurs, je vous présente mon ami
Nicolas Poulain que je connais depuis vingt ans, il est lieutenant du prévôt
des maréchaux et l’homme qu’il nous faut, déclara Jean Bussy à

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