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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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à l’écart.
    Le gouverneur de Caen était désormais le duc
de Joyeuse. Joyeuse avait été son ami, mais O ne se fiait pas à lui, tout en
reconnaissant son courage et sa fidélité. En son absence, Joyeuse ne devait pas
entrer au château, pas plus que les échevins de la ville, insista-t-il.
    De même, si Mayneville se présentait, ou un
quelconque membre de la maison de Lorraine, aucun ne devait pénétrer, même s’il
n’était accompagné que d’une petite troupe. Ayant terminé ses recommandations, O
partit faire une visite des remparts et du donjon – le logis du roi –, puis
rejoignit son frère malade depuis quelques semaines.
    Jean de Manou, cadet de François d’O, l’avait
accompagné en Pologne. Même s’il était l’un des rares hommes à qui il pouvait
se confier, il lui dit seulement qu’on l’attendait à Paris.
    — Tu ne veux pas m’expliquer ce que tu
vas faire là-bas ? Si je pouvais au moins t’accompagner…
    — Non, Jean, j’en suis désolé. Tu es
malade et tu me gênerais. Soigne-toi, plutôt. J’aurai bientôt besoin de toi.
    Manou le considéra un instant avec tristesse, puis
lui tendit les bras et le serra dans une forte étreinte. Quand il l’eut relâché,
il lui demanda :
    — Ce sera dangereux ?
    — Depuis quatre ans, je joue un jeu
dangereux, tu le sais. Cette fois je risque fort d’être doublement relaps.
    — Tu logeras où ?
    — Chez Ludovic da Diaceto. Si je dois
rester, je ferai meubler ma maison.
    — Qui te gardera ?
    — Charlotte m’a déjà posé cette question,
sourit-il. J’ai Dimitri. Cela suffira. Je sais me défendre, tu sais…
    — Mais combien de gens aimeraient occire
François d’O à Paris ? s’enquit Jean de Manou, d’un ton désabusé.
    — Beaucoup ! Beaucoup trop, mon
frère !
    — Demande une escorte à Isancourt.
    — Non, je ne peux dégarnir le château en
ce moment. Et ce ne sont pas les marauds du grand chemin qui vont m’effrayer. D’ailleurs,
tu sais que je suis prudent et que j’évite les affrontements inutiles. Mais, à
mon tour de te dire de faire attention. En mon absence, on tentera peut-être de
prendre le château par ruse…
    — Ne crains rien, mon frère. Cependant
prends garde aux dangers de la route. Ce ne sont pas les écorcheurs que je
crains mais les bandits bien aguerris et bien armés qui font du brigandage sous
prétexte de guerre religieuse. La semaine dernière, Isancourt en a pendu une
dizaine qui s’étaient attaqués à des fermes.
    — Je les éviterai, je te le promets.
    — Garde-toi de trop paillarder avec les bordelières
de la cour, le railla enfin Manou, avec un sourire fatigué.
    En quittant Caen, après
avoir entendu la messe dans l’église Saint-Georges, le marquis d’O avait
envisagé de faire étape à Lisieux. Diable ! Il y avait moins de dix lieues
à parcourir, et s’ils trouvaient des montures fraîches en route, ils
arriveraient avant que la nuit ne soit tombée ! Mais la neige incessante
changea tout et ils ne trouvèrent en chemin ni chevaux ni nourriture. Pas même
une auberge, toutes avaient été pillées et brûlées par des bandes de maraudeurs
ou des troupes en guerre. Les Panfardious ! succédaient aux Sandioux !
et aux Cap de Bious ! dans la bouche de Cubsac qui avait du mal à
supporter le froid et la faim.
    Dans l’après-midi, quand il fut certain qu’ils
n’arriveraient pas à Lisieux, le marquis d’O poussa jusqu’à Bieville où une
ferme fortifiée leur permettrait de passer la nuit en sûreté, sinon au chaud. La
famille O était connue et respectée en Normandie, pourtant le marquis dut
parlementer longuement tant le fermier se méfiait d’une troupe d’hommes en
armes. Il accepta seulement de les loger dans une grange attenante à sa maison
forte où ils durent se nourrir avec leurs propres provisions et dormir sans feu.
Le lendemain, la neige tombait toujours, bien que plus faiblement.
    Heureusement, ils passèrent leur troisième
nuit à Lisieux dans de meilleures conditions que la précédente. L’auberge de l’ Aigle
d’Or, bien protégée à l’intérieur des murailles de la ville, était
constituée de solides bâtiments à pans de bois en encorbellement entourant une
grande cour. L’enseigne en bois représentait un aigle noir survolant une table
où deux convives à la trogne rouge et la panse bedonnante faisaient bonne chère.
O connaissait l’endroit et savait qu’ils y seraient bien traités.

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