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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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du
roi.
    — Charles, vous préparerez aussi mes
vêtements de voyage pour demain. Bottes et gants fourrés. N’oubliez pas mes
vêtements de cour mais ne prenez que l’essentiel.
    Il revint dans son sombre cabinet avec l’arme.
Un valet était en train d’allumer les chandelles dans des lanternes murales et
de changer la résine des torchères. La pièce était très encombrée avec de
nombreux coffres contre les murs, une grande table sur laquelle se trouvait de
quoi écrire, des chaises caquetoires et des pliants, sans compter le lit à
sangles et le grand bahut sur lequel se dressait une aiguière en étain toujours
pleine d’eau fraîche ainsi que quelques verres de faïence. Le marquis d’O posa
l’épée sur le lit puis alla ouvrir l’un des coffres. Il en tira une autre épée,
plus simple et plus longue, à la lame d’un demi-pouce de large et à la garde en
bronze doré, une main gauche [28] , un mousquet court à mèche lente, et deux petites arquebuses à main
dont la mise à feu se faisait par un rouet. L’une des arquebuses était
prolongée par une lame et pouvait aussi servir d’arme blanche. Il sortit
ensuite un sac de balles de plomb et une boîte à poudre ainsi que des mèches. D’un
autre coffre, il tira une bourguignote damasquinée, ramenée de Pologne, et un
plastron de cuivre ciselé, plus commode en chevauchée que sa lourde cuirasse d’acier
réservée aux batailles.
    Il rassembla cet équipement, puis entreprit de
vérifier les rouets des arquebuses avant de les charger. Le rouet était une
roue à ressort qui, lorsqu’elle était brusquement relâchée, faisait pivoter une
dent d’acier contre une pierre à feu laquelle projetait des étincelles dans un
bassinet, ce qui mettait le feu à la poudre. Ce mécanisme, inventé par Léonard
de Vinci, permettait de tirer d’une seule main, sans avoir besoin de tenir une
mèche, mais il était très fragile, se bloquant souvent et rendant l’arme
inutilisable. Sachant que dans les affrontements, le bon état du rouet faisait
la différence entre la vie et la mort, le marquis d’O ne confiait jamais ce
travail à un autre.
    Alors qu’il tassait la poudre au fond d’une
des arquebuses à main, son regard s’égara sur le mur où étaient accrochées d’autres
armes. Il y avait là une arbalète à cranequin, un cadeau de Catherine de
Médicis. Elle était plus courte qu’une arquebuse à main, mais un peu plus
encombrante avec son arc d’acier et sa manivelle. De surcroît, elle ne tirait
qu’une seule fléchette de fer. Seulement elle ne faisait aucun bruit, ce qui
pouvait s’avérer utile. Il se leva et la mit avec les autres armes.
    — Sandioux !
Cette maudite neige n’arrêtera donc jamais de tomber ! jura Cubsac
derrière eux.
    Ils étaient partis à prime et avaient
chevauché toute la journée dans la neige et la boue. Mis à part l’heure passée
dans une auberge pour se restaurer et se réchauffer, le Gascon n’avait cessé de
gronder et de jurer contre les éléments. Dimitri souriait à sa colère. Il avait
revêtu le grand manteau des Sarmates polonais et se moquait de la froidure. Sa
tête était couverte d’un bonnet de fourrure, et non d’un casque. O, qui était
gelé, l’enviait ; sa bourguignote était glaciale et il ne sentait plus ses
doigts malgré ses gants en peau de loup.
    Le valet de chambre redevenu valet d’armes
fermait la marche. Devant lui, les trois chevaux de bât soufflaient et
peinaient sur la pente roide qui menait à la porte des Champs du château de
Caen.
    À la barbacane, ils durent attendre un moment
qu’on lève le pont-levis et la grosse herse de bois. Une demi-heure plus tard, ayant
laissé leurs chevaux dans l’ancienne aula de l’Échiquier, devenu écurie, ils se
retrouvèrent dans la grande salle du logis des Gouverneurs, devant un feu
pétillant et un bol de vin bouillant à la main. Surpris par leur arrivée, Jacques
d’Isancourt, le lieutenant qui assurait le gouvernement du château avec sa
compagnie d’hommes d’armes, les avait pourtant reçus avec plaisir. L’hiver
était calme : les visiteurs, et les nouvelles qu’ils apportaient, étaient
toujours attendus avec intérêt.
    Pendant que Cubsac grondait sur les prêches
insolents de quelques curés parisiens contre le roi, et qu’il parlait de la
fameuse troupe de quarante-cinq Gascons que M. d’Épernon venait de mettre
à la disposition de Sa Majesté, le marquis d’O avait pris son lieutenant

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