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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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passait à la cour. Il avait fait le
voyage de retour avec Dimitri Kornowski, un Sarmate polonais auquel il avait
sauvé la vie.
    À la mort du roi Charles IX, Henri avait
fui la Pologne pour monter sur le trône de France. O lui était resté très
attaché. Il avait été de toutes les campagnes militaires contre les protestants,
avait participé à bien des duels contre les amis de Guise, ou ceux du duc d’Alençon.
Il avait même organisé un traquenard pour tuer le capitaine Moissonière, un
protestant qui gênait le roi. O s’en souvenait toujours avec honte.
    Cependant, il y avait gagné définitivement la
confiance du monarque. Fidèle, aussi courageux au combat que bon conseiller, le
seul sans doute qui ait quelque cervelle ! disait Henri à son entourage. René
de Villequier, le premier gentilhomme de la chambre, lui avait alors proposé d’épouser
sa fille Charlotte. René était un homme puissant et redouté à la cour tant pour
son habileté que pour sa violence. Une dizaine d’années plus tôt, certain que
sa femme, Françoise de La Mark, était grosse d’un autre, il l’avait tuée sur
son lit, blessant aussi la demoiselle d’honneur qui lui tenait le miroir alors
qu’elle se pinpelochait.
    C’était l’époque où Henri III lui
témoignait toute sa faveur et son estime, songea le marquis avec nostalgie. Il
avait rang égal avec Anne d’Arqués [25] et Jean-Louis de Nogaret [26] . Après
sa nomination au poste de gouverneur de Paris, Villequier lui avait cédé la
charge de premier gentilhomme de la chambre. O était déjà capitaine des
chevau-légers, et membre du conseil. Enfin, il avait été nommé gouverneur de Normandie
et de Caen. Une place stratégique puisque la Normandie fournissait le quart des
impôts du royaume.
    Mais pendant ce temps, Navarre devenait de
plus en plus puissant, et Guise de plus en plus insolent. Dans son Louvre, le
roi était chaque jour plus à l’étroit entre ces deux-là.
    C’est alors que François d’O avait proposé son
plan au roi, qui l’avait d’abord refusé tant les risques étaient grands. Mais O
lui en avait montré tous les avantages, et Henri III avait finalement cédé.
Ensuite, tout était allé très vite. Sa disgrâce en 1581, même s’il avait gardé
le château de Caen – le verrou de la Normandie –, puis son rapprochement avec
Henri de Guise, favorisé par son parent, le marquis de Mayneville qui avait
épousé sa cousine Hélène.
    Il avait ensuite participé au complot de
Salcède [27] , ce qui lui avait attiré définitivement la confiance de Guise.
    Aujourd’hui, l’heure du dénouement était sans
doute arrivée. Malgré son exil, il n’ignorait rien des inquiétants événements
qui se déroulaient en France. Deux semaines plus tôt, le marquis de Mayneville
était passé le voir. Un traité secret allait être signé entre les Lorrains, Philippe II
et le pape Grégoire XIII, lui avait-il assuré. Ce traité reconnaîtrait le
cardinal de Bourbon comme héritier du royaume de France. En contrepartie, Guise
s’était engagé à détruire l’hérésie.
    Mayneville avait rappelé à O sa promesse et
son allégeance envers les Lorrains. Il devrait livrer le château de Caen
lorsque le duc de Guise le lui demanderait.
    François d’O se
dirigea vers la porte, sortit dans la galerie et prit la direction des
appartements de son épouse Charlotte.
    La fille de Villequier, vêtue d’une épaisse
robe et d’un manteau d’intérieur turquoise, brodait avec sa dame de compagnie
devant un feu qui réchauffait à peine tant les grandes salles du château
étaient hautes de plafond. Charlotte avait le teint diaphane, le front haut de
son père, un nez aquilin, une petite bouche et un regard timide mais
généralement inexpressif. Elle tenta pourtant un maigre sourire en voyant son
mari, car malgré un mariage de convenance, elle aimait son époux. Lui l’estimait,
tout en regrettant ses conquêtes de la cour.
    Il s’inclina respectueusement et lui baisa les
mains. D’un regard, il fit comprendre à la dame de compagnie qu’elle devait
sortir.
    — J’ai entendu un cavalier arriver tout à
l’heure mon ami, lui dit Charlotte, j’espère que ce n’est pas une mauvaise
nouvelle. Qui peut chevaucher par ce temps ?
    — C’était un messager de votre père, madame.
Je dois partir pour Paris.
    Elle resta silencieuse quelques secondes, comme
pour digérer la mauvaise nouvelle. Chevaucher avec cette neige et ce

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