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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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tout organisé, mentit-il.
    Comme O ne réagissait pas, il précisa :
    — Je… ne suis que le trésorier chargé de
transmettre… ces fonds à Mgr de Guise… Et je ne suis pas seul, je sais qu’il y
a… d’autres trésoriers comme moi. C’est avec eux que j’étais ce soir.
    C’était bien possible, jugea O. Guise avait un
vrai talent pour organiser ce genre d’entreprise.
    — Comment font-ils pour rapiner les
tailles ?
    — Je… je l’ignore.
    O pressa sur la blessure du banquier. Cappel
hurla mais son cri fut étouffé par le manteau.
    — Comment font-ils ? Répondez ou je
vous égorge comme un goret !
    — Des sceaux… ils utilisent de faux
sceaux…
    — Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
    — Larondelle… Il a fabriqué des sceaux
pour falsifier les quittances, les bordereaux et les registres transmis au
conseil des finances… Je ne sais pas comment Guise les utilise. Je sais
seulement que Larondelle a été pris… et qu’il a été pendu l’année dernière, avec
ses complices… pour falsification de seings et de sceaux.
    O se souvenait de cette histoire de fraude qui
n’avait pas été bien élucidée. Effectivement la copie du registre journal
transmis au bureau des finances devait porter le sceau du bureau. La fraude
remontait-elle jusque-là ? Dans ce cas, elle serait facile à mettre en
évidence.
    O se redressa. Il n’avait pas d’autres
questions à poser. Restait encore à décider ce qu’il devait faire de Cappel. Devait-il
l’achever tout de suite ? Il hésita, n’aimant pas tuer froidement, et se
dit que le banquier pourrait lui livrer d’autres informations s’il le gardait
vivant.
    — Si je découvre que vous m’avez menti, vous
êtes mort, assura-t-il. Et si vous tentez de fuir, je vous retrouverai !
    Il agita la lanterne pour faire signe à
Dimitri et à Cubsac. Ceux-ci le rejoignirent et ils se fondirent dans le noir.
    Cappel poussa un soupir et se détendit malgré
la douleur insupportable qu’il ressentait à la cuisse. Il avait cru que cet
homme était au roi et il avait été un moment persuadé qu’il allait le livrer au
lieutenant criminel. Mais il l’avait laissé, donc il venait d’ailleurs.
    Qui l’envoyait ? Une seule réponse s’imposait :
c’était un agent huguenot qui avait eu vent de ce qui se tramait, mais qui ne
savait pas grand-chose puisqu’il avait réussi à lui mentir si facilement. Il ne
risquait rien à disparaître ; le roi ignorait tout de la sainte union et
ne s’en prendrait certainement pas à ses biens.
    — Portez-moi dans l’hôtel. Et dites à l’intendant
d’aller chercher un chirurgien, ordonna-t-il à ses valets.
    Avant l’aube, soigné et pansé, Cappel gagna l’hôtel
de Guise dans une litière. Il fut accueilli par Mayneville qui accepta de l’héberger
pour quelques temps. Pendant quelques semaines, sinon quelques mois, Isoard
Cappel aurait disparu. Son premier commis gérerait sa banque et il lui ferait
parvenir ses instructions.
    En rentrant chez lui, le marquis d’O se dit qu’il
fallait qu’il en sache plus sur ces trésoriers qui se réunissaient aux jésuites
de Saint-Paul. Il irait demain voir Richelieu qui lui dirait ce qu’il savait. Il
fallait aussi qu’il trouve quelqu’un pour examiner les registres des tailles. Antoine
Séguier pourrait lui indiquer un maître des comptes capable de faire ce travail.

10.
    Samedi 19 janvier 1585
    À nouveau, Nicolas
Poulain se rendit rue de la Heaumerie, cette fois pour se renseigner sur les forges
et les armuriers de Bourgogne chez qui il pourrait acheter cuirasses, casques
et épées à un prix raisonnable. Un de ses sergents, dont un oncle avait été
armurier, lui avait déjà indiqué quelques maîtres de forge autour de Besançon.
    En revenant chez lui, vers midi, une lettre de
Richelieu l’attendait. Le Grand prévôt voulait le voir sur l’heure. Il repartit
sans goûter à la soupe aux pois et au lard que sa femme lui avait préparée et
comme il avait peut-être été suivi par un agent de la Ligue, rue de la
Heaumerie, il jugea prudent de s’assurer que personne ne le voie se rendre chez
le Grand prévôt.
    Il descendit la rue Saint-Martin jusqu’à la
rue des Lombards et s’engagea dans le lacis de petites ruelles qui descendaient
vers la Grande boucherie. Entre les maisons aux colombages multicolores
serpentaient des couloirs et des escaliers à claire-voie permettant d’aller d’une
rue à une autre. Il

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