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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Il y avait
très peu de meubles ; un lit à colonnes très simple avec des rideaux de
velours ; un grand coffre sur lequel étaient posés des mousquets ; un
autre supportait un manteau et un chapeau ; pas de tableau, pas de miroir
ou de tenture. Comme si l’installation du maître de maison était provisoire.
    — Je n’étais pas certain que vous
viendriez, monsieur Hauteville, persifla l’homme au pourpoint de satin.
M. Poulain a réussi à vous convaincre de rencontrer l’archilarron du roi !
    Olivier s’inclina, rouge de honte et ne
sachant que dire.
    — Si vous êtes là, c’est que vous n’êtes
pas aussi sot que les autres Parisiens. Soyons clairs, je n’ai guère de temps
pour la triche. Je suis au roi. Ce roi que vous n’aimez pas est le meilleur roi
que la France ait jamais eu. C’est un homme d’esprit, tolérant et talentueux, qui
ne songe qu’à la paix et à la grandeur du royaume. En face, il a deux
adversaires. M. de Guise, un ambitieux, un parjure et un fripon, comme
son père, et Henri de Navarre qui sera un bon roi s’il accepte la messe, et que
nous devons respecter puisque la loi des Francs nous l’impose. Je ne sais qui l’emportera,
monsieur Hauteville, mais je serai au roi jusqu’à mon dernier souffle. Si vous
entrez à mon service, je veux la même fidélité absolue.
    Olivier resta silencieux en gardant un air
maussade, sans donner le moindre signe d’acquiescement.
    — Voici ce que je sais, poursuivit O, sans
prêter attention à l’attitude de son visiteur. Un quarteron de bourgeois
parisiens a choisi de se dresser contre Sa Majesté, de se rebeller contre la
couronne, ceci avec l’appui de M. de Guise. Ils ont constitué une
confrérie, qu’ils nomment la sainte union, ou la Ligue en souvenir de celle que
plusieurs villes avaient rejointe en 1576. Je connais une partie de ces gens-là :
il y a le curé Boucher, le commissaire Louchart, le procureur Jean Bussy,
M. Hotman, et le gendre du prévôt des marchands, M. de La
Chapelle ainsi que son frère. Ces gens protègent ceux qui larronnent les
tailles du royaume pour les offrir aux princes lorrains ; je devrais d’ailleurs
dire les princes larrons [44]  ! Votre père vérifiait les registres à la demande de M. Séguier.
Ils l’ont occis pour qu’il ne puisse les dénoncer. Maintenant, à vous de
choisir votre camp. Celui des larrons, celui de ceux qui veulent prendre au roi
la couronne que Dieu lui a donnée, celui de ceux qui ont tué votre père, ou
celui du parti dans lequel je me trouve, au côté du roi qui les combat.
    — Il se dit, monsieur, que les huguenots
sont cachés dans les faubourgs, qu’ils vont assassiner les bons catholiques, que
le roi approuve ces hérétiques, que nous serons tous damnés si nous laissons
faire, que MM. d’Épernon et Joyeuse ruinent le royaume et que seule la
Ligue, dont j’ai entendu parler, pourra nous sauver, déclara Olivier d’un seul
trait, après une courte hésitation.
    O tenta de refréner sa colère devant ce jeune
coq insolent. Il s’emporta pourtant en tendant un doigt accusateur vers lui.
    — Je vous l’ai dit, mon garçon, je suis
au roi, pas à Épernon ou à Joyeuse ! Quant à ce que vous espérez de la
Ligue, je puis vous dire ce qu’ils ont prévu : assassiner le chevalier du
guet, égorger le président du parlement, trucider le roi, occire tous ceux qui
ne veulent plus de cette guerre, et donner le royaume à M. de Guise, c’est-à-dire
à l’Espagne et à l’inquisition. Et pour commencer, ils ont assassiné votre père !
asséna-t-il.
    Olivier était dans la confusion la plus totale.
O le comprit et lui dit plus calmement :
    — Je vais vous faire une proposition, monsieur
Hauteville. Je devine que vous ne me faites pas confiance… Je serai plus
charitable que vous en vous accordant la mienne. Reprenez la tâche de votre
père, cherchez qui rapine les tailles. Lorsque vous aurez trouvé, peut-être me
rendrez-vous raison.
    — Serai-je libre de conduire ces
investigations, monsieur ? D’avoir accès à tous les documents ?
    — Parfaitement. Le seul serment que je
vous demande, c’est de garder secrète cette discussion, ainsi que ma présence à
Paris.
    — J’accepte, monseigneur, décida Olivier,
malgré tout touché par la générosité de cet homme qu’il considérait jusqu’à
présent comme l’antéchrist.
    — Merci, monsieur, ironisa O en s’inclinant
avec une fausse déférence. Pour ce

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