Les Rapines Du Duc De Guise
d’une entreprise de défense contre une Saint-Barthélemy organisée
par les huguenots. Désormais, on ne faisait allusion qu’à une prise du pouvoir
par les Lorrains.
Après la lecture de la lettre de Guise, Nicolas
Poulain dut s’expliquer sur les achats d’armes qu’il avait faits. Quand il
annonça avoir acheté vingt-cinq corselets, casques et épées pour cinq cents
écus, des murmures de déception, et même de colère, se firent entendre. Comment
pourraient-ils se défendre contre les centaines de Suisses et de gardes
françaises du roi avec vingt-cinq épées ! ricanèrent certains.
Hotman lui-même grimaça son mécontentement
avant de présenter à l’assistance un nouveau venu nommé Nicolas Ameline. C’était
un homme d’une quarantaine d’années, au visage énergique, avocat des bourgeois
de Saint-Germain-l’Auxerrois.
M. Ameline, expliqua Charles Hotman, allait
prendre langue avec les bourgeois et les échevins des plus importantes villes
de Beauce, Touraine, Anjou et Maine pour qu’ils constituent secrètement des
unions comme celle de Paris, puisque c’est ce que demandait Mgr de Guise.
M. Ameline leur ferait connaître les souhaits du duc et leur distribuerait
de l’argent. Il disposerait pour son voyage de trois mille écus et la sainte
union parisienne lui offrirait son équipement pour voyager, ainsi que deux bons
chevaux.
M. Ameline informerait l’union chaque
semaine. Par sécurité, et pour éviter que ses lettres ne soient lues par des
espions, il les enverrait au logis de Nicolas Poulain, qui les porterait
ensuite à M. de La Chapelle.
La réunion terminée, Poulain rentra chez lui
tandis qu’une poignée de ligueurs restaient autour d’Hotman. Ils avaient à
débattre en privé d’une difficulté inattendue que venait de leur signaler l’un
des leurs.
Il y avait là Jehan Salvancy et son protecteur,
M. de La Chapelle, le commissaire Louchart, Jean Bussy Le Clerc, le
sergent Michelet, M. de Mayneville et enfin le curé Boucher.
C’est le protecteur de Jehan Salvancy qui
avait demandé ce conciliabule.
— La situation est grave, mes amis, commença-t-il
d’une voix traînante. Vous savez que notre principale ressource, et celle de
Mgr de Guise, provient du prélèvement que nous effectuons sur les tailles de l’Île-de-France…
M. Hauteville, chargé de contrôler les registres, était à deux doigts de
découvrir les opérations de notre ami Salvancy quand nous l’avons fait
disparaître… Nous pensions être tranquilles encore un an, le temps que Mgr de
Guise impose sa volonté au roi et assure notre protection…
Les autres approuvèrent gravement de la tête.
— … Malheureusement, je viens d’apprendre
que le fils Hauteville, dont nous n’avons pas pu obtenir la condamnation pour
parricide, a été chargé de poursuivre le travail de son père. Il nous faut tout
recommencer.
— Est-ce vraiment grave ? s’étonna M. de La
Chapelle. Ce jeune homme n’a aucune expérience de contrôleur des tailles. Il
aura des centaines, sinon des milliers de documents à consulter et il mettra
des années pour seulement comprendre ce qu’il y a dans ces montagnes de papiers !
— C’est certain, approuva Louchart, mais
le fils Hauteville a pour voisin M. Poulain. C’est Poulain qui a pris sa
défense quand il a été arrêté. J’ai même été obligé de le faire libérer, car ce
lieutenant du prévôt s’était mis en tête d’enquêter sur les assassinats !
— Disons la vérité à M. Poulain, il
est des nôtres et cessera toute relation avec son voisin, proposa Mayneville
avec impatience, car il avait hâte de rentrer chez lui.
— J’ai peur que ce ne soit pas si simple,
répondit Le Clerc avec une moue. Poulain est un policier fort scrupuleux quant
à l’application de la loi et il ne nous a rejoints que pour défendre la
religion catholique. S’il apprenait que nous avons assassiné M. Hauteville,
qui peut savoir comment il réagirait ?
— Je suis de ton avis, intervint le
commissaire Louchart.
— Je me range à vos arguments, approuva
Mayneville avec un signe de tête. Mais où y a-t-il danger ? Poulain ne
peut aider Hauteville à contrôler les tailles…
— Non, ironisa sombrement le protecteur
de Salvancy. Mais imaginez que Olivier Hauteville lui cite le nom des gens qu’il
a rencontrés ces jours-ci, alors qu’il se renseignait sur ce que faisait son
père… M. Poulain se souviendrait
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