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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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des tréteaux, elle s’étendait tout au long de la galerie
sur près de cinquante pieds. Seul le haut bout, c’est-à-dire les places
d’honneur, à droite de la cheminée, était réservé. Il y avait là le maître et
la maîtresse de maison, Pierre de Gondi – l’évêque de Paris – ainsi que son
frère Albert, avec son épouse la duchesse de Retz, et enfin M. Pomponne de
Bellièvre. Au delà, chacun pouvait se placer à son gré. Cassandre proposa à Mme Salvancy
de se mettre à côté d’elle pour qu’elles puissent parler de poésie, tout en
veillant à rester loin du groupe des financiers italiens. Les couples n’étaient
nullement réunis et M. Salvancy s’installa d’autorité à côté de Cassandre
à laquelle il envisageait de faire un brin de cour, lui-même ayant pour voisin
un maître des comptes.
    L’évêque de Paris bénit le repas, puis les
valets apportèrent les soupes dans de grandes soupières qu’ils déposèrent sur
les tables.
    Avant le souper, chacun s’était lavé les mains
en utilisant des aiguières emplies d’eau parfumée au romarin présentées par des
servantes ou placées sur des crédences. C’était indispensable puisque chacun se
servirait avec ses doigts, bien que quelques Italiens aient amené leur
fourchette à trois pointes. Les plus délicats ne plongeraient que trois doigts
dans les soupières pour chercher les morceaux de viande, les plus grossiers
mettraient le poignet entier qu’ils laveraient ensuite avec du vin aromatisé, ou
qu’ils essuieraient simplement avec leur langue ou sur leur pourpoint. Aucun
pourtant ne laisserait trop longtemps la main dans les soupières, car tous
connaissaient les règles de la civilité édictées par Jean Sulpice : Tu
ne dois point tenir longtemps les mains dedans le plat.
    Les potages et les pains à tremper, ce qu’on
appelait les soupes, furent servis dans des écuelles en faïence. Certains
convives utilisaient une cuillère, mais Mme Sardini n’en ayant pas assez, la
plupart des invités portaient directement l’écuelle à leurs lèvres après avoir
retiré les plus gros morceaux avec les doigts.
    Il y eut plusieurs services auxquels Cassandre
ne s’intéressa guère, occupée surtout à s’attirer les bonnes grâces de M. et
de Mme Salvancy. C’était assez facile compte tenu de leurs visées. Mme Salvancy,
apprenant qu’elle était à Paris pour quelques semaines, la supplia de venir illuminer
son salon littéraire le mercredi suivant. Cassandre accepta en se faisant tout
de même un peu prier. Elle commençait à maîtriser les leçons de la douce
Limeuil.
    Pendant ce temps, M. Salvancy discutait
surtout avec son voisin, conseiller à la chambre des Comptes. Ce dernier était
lui-même à côté de l’homme qui se trouvait dans le cabinet de M. Sardini
le jour où Cassandre et Caudebec étaient arrivés. Depuis, Cassandre l’avait
plusieurs fois rencontré dans l’hôtel, car il était le premier commis de la
banque. C’était un ancien notaire à la chancellerie qui connaissait tout le
monde dans le milieu de la finance ; il se nommait Martial Vivepreux.
    Ayant épuisé les sujets de conversation avec
sa voisine, Cassandre écouta vaguement les échanges entre M. Salvancy,
M. Vivepreux et le conseiller à la chambre des Comptes. Ils parlèrent des
ambassadeurs de Flandre qui étaient venus demander l’aide du roi contre l’Espagne,
et qui avaient été éconduits de leurs demandes, puis des ambassadeurs d’Angleterre
qui avaient offert au roi l’ordre de la Jarretière.
    — … Et pour l’assassinat de ce contrôleur
des tailles, demanda Salvancy à son voisin, n’avez-vous rien appris ?
    — Rien ! On ne retrouvera sans doute
jamais les assassins. Ce devaient être quelques truands comme il y en a trop
dans Paris.
    — J’ai vu son fils lors d’une messe à sa
mémoire, expliqua Vivepreux. Il m’a paru désespéré.
    Ils n’en dirent pas plus. Sur le moment, Cassandre
se demanda de quoi ils parlaient et se promit de se renseigner, mais elle
oublia presque immédiatement car survint alors un incident qui la fit beaucoup
rire. M. Salvancy, qui mangeait sa viande avec les doigts et qui parlait
sans cesse, se mordit brusquement la main en voulant manger avec trop de hâte. Il
dut quitter la table, la main ensanglantée, sous les quolibets de ses voisins [46] .

14.
    Après l’entrevue de Charenton, le cardinal de
Bourbon rentra à Reims, Aumale et ses gentilshommes

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