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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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défend avec
vigueur une cause calviniste que je me refuse de suivre, il s’oppose à toute
contrainte en matière de religion et ne fait que l’apologie du christianisme. J’ai
observé que des princes catholiques comme M. de Soissons ou M. de Montmorency
soutiennent Henri de Navarre. J’ai parlé avec Mme la reine mère, je lui ai
demandé quel genre d’homme était le Béarnais. Il a longtemps vécu près d’elle
et elle le connaît mieux que personne. Même si elle préfère le duc de Guise, elle
est persuadée que, converti, il parviendra à faire régner la paix, car c’est un
homme aussi habile que tolérant. Aussi, après avoir longuement réfléchi, j’ai
pris ma décision.
    » Mon mari n’a pas besoin de l’argent
volé par M. Salvancy. J’en ai assez de cette guerre. J’aimerais que mes
enfants et mes petits-enfants connaissent enfin la paix. C’est moi qui ai dit à
mon mari d’écrire à votre père, ajouta-t-elle après un silence. Que cet argent
revienne à ceux qui porteront la paix dans ce royaume.
    Après ce long discours, la douce Limeuil parut
vidée de toute énergie. Cassandre resta un instant indécise, puis elle s’approcha
d’elle et lui prit les mains.
    — Soyons amies, madame, lui dit-elle.
    Cassandre et
Caudebec passèrent une semaine à ne rien faire sinon à se reposer des fatigues
du voyage. Chaque jour, en général dans la soirée, Mme Sardini restait une
heure ou deux avec Cassandre. La fille adoptive de Philippe de Mornay sortait
souvent de ces entretiens sombre et taciturne, ce qui inquiétait Caudebec.
    Mais en réalité, si Isabeau de Limeuil
apprenait à Cassandre ce qu’elle savait pour dissimuler une émotion, faire
avaler un philtre, fouiller une pièce ou ouvrir une serrure, toutes choses qu’elle
avait apprises quand elle appartenait à l’escadron volant, elle ne lui parlait
jamais de ses débauches ou de ses crimes dont elle avait trop honte. En revanche,
la conversation s’orientait presque toujours vers le prince de Condé. Chaque
fois, Isabeau en parlait avec courroux, mais Cassandre distinguait toujours l’émotion
et les regrets dans ses paroles. Elle comprit vite que Mme Sardini n’avait
rien oublié et qu’elle aimait toujours le petit homme tant joli.
    Dans la journée, Caudebec la conduisait à
Paris et lui montrait la ville. Ils passèrent aussi devant la maison de Jehan
Salvancy, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, que Caudebec examina comme s’il
devait emporter la place. C’était un beau bâtiment au soubassement de pierre et
à l’étage en encorbellement avec des pans de bois colorés en rouge. Il était
surmonté d’une haute toiture en pointe percée de nombreuses petites fenêtres
triangulaires aux cadres de bois peints aussi en rouge. Il y avait deux
ouvertures ogivales, au rez-de-chaussée. La première, située seulement à
mi-hauteur, était une grande fenêtre protégée par une grille. Derrière les
petits carreaux translucides, on distinguait vaguement de gros volets de chêne,
pour l’heure fermés. La seconde ouverture était une massive porte cloutée à
deux battants. Les quatre fenêtres du premier et unique étage étaient à meneaux
et elles aussi protégées par des volets intérieurs.
    La porte d’entrée était suffisamment large
pour laisser passer un attelage et une charrette, jugea Caudebec. Il y avait
sans doute une cour intérieure, ou un jardin avec écurie, de l’autre côté.
    Durant ces promenades dans Paris, ce qui
frappa le plus Cassandre fut le grand nombre de mendiants tendant leur sébille
dans les rues, assis devant les églises ou affalés aux portes des couvents. Certes,
dans les villes du Midi tenues par les protestants, ou dans le Languedoc, sous
la férule de M. de Montmorency, la misère existait aussi. La guerre
faisait des ravages dans les campagnes. Les lansquenets y brûlaient les
villages et détruisaient les récoltes, et les croquants avaient si faim qu’ils
dévoraient les blés sur pied. Mais le désespoir, la famine, la misère, ne lui
avaient jamais paru si intenses, si pesants qu’à Paris. Des enfants sachant à
peine marcher se pressaient contre leur monture pour obtenir quelque aumône ou
un morceau de pain, des femmes et des vieillards, trop faibles pour bouger, restaient
assis ou couchés devant les porches, parfois dans la neige, attendant un
miracle ou plus certainement la mort.
    Mlle de Mornay interrogea les époux
Sardini sur cette misère.
    — Le

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