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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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setier de froment a atteint cinq
écus, expliqua Limeuil, et seuls les plus fortunés, ou ceux qui travaillent dur
peuvent encore en acheter. Les autres n’ont que de la bouillie d’avoine, quand
ils en ont.
    — Paris est une marmite bouillante qui va
exploser si le roi n’y prend garde, renchérit Sardini, sans dissimuler son
inquiétude.
    Ce même soir, Isabeau rejoignit Cassandre dans
sa chambre et s’assit sur le lit, la dévisageant un instant avant de parler.
    — Quel âge avez-vous, mademoiselle ?
demanda-t-elle enfin.
    — Je ne sais pas, madame, sans doute
vingt ans.
    — Votre père ignore quand vous êtes née ?
s’étonna Limeuil.
    Cassandre resta un instant sans voix, surprise
par la question.
    — M. de Mornay n’est pas mon
père, lui confia-elle. Il m’a adoptée.
    — Je m’en doutais… sourit Limeuil.
    — Pourquoi, madame ?
    — Je me suis renseignée, et je viens d’apprendre
qu’il a seulement trente-six ans. Pourquoi vous a-t-il adoptée ?
    Cassandre ne savait que dire. Pouvait-elle
confier des choses si précises à cette femme dont sa mère adoptive lui avait
dit de se méfier ? Sans comprendre pourquoi, elle se sentait prête à lui
accorder sa confiance.
    — C’était après la Saint-Barthélemy, madame.
Il embarquait à Dieppe et m’a trouvée dans la rue. Mes parents et mes
serviteurs avaient été assassinés.
    — Mais il n’était pas obligé de vous
adopter, il aurait dû rechercher votre famille !
    — Il a essayé, madame, en vain. J’ignorais
le nom de mes parents et celui du village où je vivais.
    — Comment cela ? dit elle, surprise.
Vous deviez avoir sept ans, non ?
    — On ne me l’avait jamais dit.
    — Vos parents ne vous ont jamais dit leur
nom ?
    — Non, madame.
    Isabeau ne posa pas d’autres questions. Elle
se leva et laissa Cassandre seule. Mais une fois dans sa chambre, elle fit
sortir sa dame de compagnie et s’allongea sur son lit. Elle voulait rester
seule avec ses souvenirs et le désespoir qui la rongeaient depuis vingt ans.
    Qui était cette jeune fille ? Et quel
était le secret de sa naissance ? Elle songea à cet homme qu’elle avant
tant aimé et qui l’avait trahie.
    Le vendredi était la
Sainte-Isabelle, fête de Mme de Limeuil. Chaque année, à cette date, Scipion
Sardini donnait chaque année un magnifique souper dans la grande galerie du
château. À cette occasion, il invitait des financiers de ses amis comme
Sébastien Zamet et Ludovic da Diaceto, mais aussi quelques maîtres des requêtes
ou maîtres des comptes influents, ainsi que des trésoriers de grandes maisons. Parfois
des secrétaires d’État, ou des proches de la reine mère, étaient aussi présents.
Ce soir-là, il devait y avoir Pierre de Gondi, l’évêque de Paris, accompagné de
son frère Albert, le duc de Retz ; un de ceux, disait-on, qui avaient
suggéré l’assassinat de l’amiral de Coligny. Il y aurait aussi le surintendant
des Finances, M. Pomponne de Bellièvre.
    Pour ce souper si recherché, M. Sardini
avait fait porter une invitation à Jehan Salvancy. Quand celui-ci l’avait reçue,
il en avait été tellement flatté qu’il n’avait pas envisagé qu’il puisse s’agir
d’une manœuvre visant à le ruiner.
    À mesure que les
invités arrivaient, laissant voitures et chevaux dans la cour, Mme Sardini
les accueillait en haut du grand escalier. Elle veillait en particulier à ce
que les Gondi, Zamet et Diaceto, ainsi que les autres Italiens n’approchent pas
Cassandre de peur qu’ils ne la démasquent. Mais dès qu’elle aperçut M. et Mme Salvancy,
elle s’avança vers eux et demanda à son époux de la remplacer.
    Le plan qu’avait préparé l’ancienne amazone de
Mme de Médicis était fort simple. Elle savait que l’épouse du
receveur général des tailles se piquait de poésie, à l’image de la duchesse de
Retz, amoureuse des belles lettres. Cette prétention serait le cheval de Troie
des Salvancy, avait-elle jugé. À sa demande, Scipion avait retrouvé dans sa
bibliothèque un petit recueil de poèmes de l’académie de Lucques que la fille
adoptive de M. de Mornay avait appris par cœur.
    Mme Sardini présenta Cassandre à Mme Salvancy
comme la nièce de son mari et comme une poétesse réputée de Lucques. En se
faisant prier, Mlle de Mornay lui déclama quelques strophes dont elle
assura être l’auteur.
    Ayant fait connaissance, les invités passèrent
à table. Supportée par

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