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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sortait une main de bois. Son visage
était fin, calculateur, avec une épaisse barbe en pointe et une chevelure
mi-longue, plus du tout à la mode, et entièrement blanche. Il avait le front
haut, le nez aquilin, les lèvres presque inexistantes. Voyant Mayenne en fureur,
il eut un léger sourire, mélange d’ironie, de curiosité et peut-être de
soulagement.
    — Vous avez besoin de moi, monseigneur !
affirma-t-il.
    — Oui, Maurevert.
    Charles de Louviers,
seigneur de Maurevert, était issu d’une famille de riches parlementaires qui
possédait l’île de Louviers sur la Seine. Sa famille étant féale des Guise, il
avait été placé tout jeune comme page chez le duc où on avait remarqué son
audace et son opportunisme. Un jour, dans de troubles circonstances, il avait
tué un autre page avec une rare sauvagerie. Risquant la mort, il s’était enfui
de Joinville pour entrer au service de la famille royale où son habileté et son
absence de sens moral l’avaient fait remarquer de la reine Catherine de Médicis.
    À la cour, il se construisit rapidement une
réputation de séducteur et de bravo. L’œil couleur acier, la figure
régulière, la barbe bien taillée, la tournure élégante, la démarche souple, il
passait pour dangereux à l’épée et avait une réputation de tireur infaillible à
l’arquebuse ou au pistolet. Il se battait pourtant peu en duel, car il
détestait les risques inutiles, et jugeait plus adroit de gagner la confiance
de ceux qu’il voulait abattre avant de leur enfoncer une dague dans le dos.
    Son habileté en fit rapidement l’un des
assassins patentés de Catherine. Pourtant, il n’était pas un de ces spadassins
vénaux comme elle en utilisait parfois. Riche et de première noblesse, il ne
recherchait ni argent ni honneurs. N’avait-il pas épousé Marguerite d’Aquin, une
des filles du prince de Castiglione ? Ce qui l’attirait dans l’assassinat
était surtout la difficulté, le défi à la raison, la gageure irréalisable. Il
avait un vrai talent pour tuer quand chacun assurait que c’était impossible. Là
où d’autres se provoquaient pour des rencontres héroïques à l’épée devant un
parterre d’admiratrices, il choisissait l’usage discret du poignard ou du
pistolet.
    En 1569, il était entré au service de l’amiral
de Coligny dont il était devenu l’un des favoris, changeant ainsi encore de
fidélité en rejoignant le parti protestant. Mais en vérité, il avait été envoyé
là par la reine mère et le duc d’Anjou afin d’assassiner le chef huguenot. Il
avait pourtant échoué, parvenant seulement à loger une balle dans la tête d’un
capitaine de l’amiral qui le croyait son ami. En récompense de ce crime, Maurevert
avait tout de même reçu de Charles IX le cordon de chevalier de
Saint-Michel ! À la fin du mois d’août 1572, c’est donc tout naturellement
à lui que la reine avait fait appel quand, avec le duc de Guise et le duc d’Anjou,
ils avaient décidé la mise à mort de l’amiral qui cherchait à entraîner la
France dans une guerre contre l’Espagne. Certes, la reine mère et Anjou
auraient préféré que ce soit Guise lui-même qui tue Coligny – après tout, ces
deux-là se haïssaient depuis toujours ! –, mais devant les impondérables d’une
telle opération, ils s’en étaient remis à celui dont le talent dans la
traîtrise et la hardiesse dans le crime étaient reconnus, même s’ils l’exécraient
pour sa lâche façon d’agir.
    Depuis sa vaine tentative contre l’amiral, trois
ans auparavant, Maurevert avait justement renoué avec Henri de Guise qui le
protégeait de la vengeance des huguenots en le cachant dans un de ses châteaux.
Craignant pour sa vie, l’assassin avait d’ailleurs donné tous ses biens à son
frère Pierre de Foissy.
    Le meurtre de l’amiral étant décidé, le duc d’Aumale,
oncle de Guise, avait ramené Maurevert à Paris. Avec une arquebuse prêtée par
le duc d’Anjou, il s’était installé dans une maison à double issue de la rue
des Fossés-Saint-Germain appartenant à un familier du duc de Guise, à deux pas
de la rue de Béthisy où logeait l’amiral. Il était resté là plusieurs jours, surveillant
par une fenêtre les allées et venues du capitaine huguenot tout en disposant d’un
cheval dans le cloître Saint-Germain tout proche.
    Le vendredi 22 août à 11 heures, après avoir
joué à la paume avec le roi, l’amiral de Coligny était sorti du Louvre

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