Les refuges de pierre
souhaitait parler à son frère.
— Joharran, attends, cria-t-il.
Le chef de la Neuvième Caverne s’arrêta, Marthona à ses côtés.
— Lorsque nous avons accompagné le Camp du Lion à la
Réunion d’Été des Mamutoï, nous avons dû traverser une rivière juste avant d’arriver
à l’endroit où se tenait la réunion. Ceux du Camp du Loup, qui en étaient les
hôtes, avaient entassé dans l’eau des pierres et du gravier afin qu’on puisse y
poser le pied et traverser sans se mouiller. J’ai pensé que c’était une bonne
idée.
— La Rivière a un cours rapide. Tu ne penses pas qu’elle
entraînerait les pierres ? objecta Joharran.
— Leur rivière était rapide, elle aussi, et assez profonde
pour les esturgeons, les saumons et d’autres poissons. L’eau passait entre les
tas de pierres. Quand le lit grossissait, il les emportait, mais les Mamutoï
reconstruisaient d’autres tas chaque année. La pêche était bonne près des
pierres, au milieu de la rivière.
— C’est une idée à considérer, jugea Marthona.
— Et les radeaux ? dit un homme qui les avait rejoints.
Les pierres ne les empêcheraient pas de passer ?
— La plupart du temps, le lit n’est pas assez profond pour
les radeaux, répondit Joharran. Il faut les porter pour passer le Gué, de toute
façon.
En écoutant la discussion, Ayla remarqua que l’eau était assez
claire pour laisser distinguer les pierres du fond et, parfois, un poisson.
Puis elle se rendit compte que le milieu de la rivière offrait une vue unique
de la région. Regardant devant elle, vers le sud, elle découvrit sur la rive
gauche une falaise creusée d’abris qui devait être leur destination, et un peu
au-delà, un cours d’eau se jetant dans la Rivière. De l’autre côté de l’affluent
commençait une ligne de parois à pic qui longeaient la rivière principale et en
épousaient une courbe. Ayla se retourna, examina l’autre côté. En aval, vers le
nord, elle aperçut d’autres hautes falaises et l’énorme abri de la Neuvième
Caverne, sur la rive droite, au sortir d’un coude.
Joharran repartit, menant la longue file qui se dirigeait vers
la Troisième Caverne des Zelandonii. Ayla remarqua que plusieurs personnes les
attendaient et leur faisaient signe. Elle reconnut parmi elles Kareja et le
Zelandoni de la Onzième Caverne. La file s’allongea encore quand elles les
rejoignirent. En approchant de la falaise qui se dressait devant eux, Ayla eut
une meilleure vue de l’immense paroi rocheuse, l’une des plus spectaculaires de
la vallée de la Rivière.
Elle avait été façonnée par ces mêmes forces naturelles qui
avaient créé les abris rocheux de la région, avec deux et parfois trois niveaux
de terrasses. A mi-hauteur de la paroi, un surplomb de plus de trois cents
pieds de long s’avançait devant une ouverture abritée. C’était le niveau
principal de la Troisième Caverne, là où l’on avait regroupé la plupart des
habitations. La terrasse constituait une voûte protectrice pour l’abri qui se
trouvait en dessous et était elle-même protégée par une autre saillie,
au-dessus.
Jondalar remarqua que sa compagne observait la grande falaise
calcaire et s’arrêta pour la laisser le rattraper. A cet endroit, le sentier
était moins étroit et ils purent y marcher de front.
— L’endroit où la Rivière des Prairies se jette dans la
Rivière s’appelle Deux Rivières, dit-il. Cette falaise porte le nom de Rocher
des Deux Rivières parce qu’elle domine leur confluent.
— Je croyais que c’était la Troisième Caverne.
— C’est là que vit la Troisième Caverne des Zelandonii,
mais on l’appelle le Rocher des Deux Rivières, comme on appelle Petite Vallée l’endroit
où vit la Quatorzième Caverne des Zelandonii, et Bord de Rivière celui où vit
la Onzième Caverne.
— Alors comment appelle-t-on l’endroit où vit la Neuvième
Caverne ?
— La Neuvième Caverne, répondit Jondalar, qui la vit
plisser le front.
— Pourquoi n’a-t-il pas un nom différent, comme les
autres ?
— Je ne sais pas. On l’a toujours appelé la Neuvième
Caverne. On aurait pu l’appeler aussi le Rocher des Deux Rivières, puisque la
Rivière des Bois y rejoint la Rivière, mais la Troisième Caverne s’appelait
déjà comme ça. Ou alors le Gros Rocher, mais un autre endroit porte ce nom.
— Il y avait d’autres possibilités. La Pierre qui Tombe,
par exemple. Aucun autre lieu ne possède
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