Les refuges de pierre
vous pouvez le constater. Nous avons
même appris à nous en servir à dos de cheval. Dommage que nous n’ayons pas
emmené les bêtes, je vous aurais fait une démonstration. Mais je peux au moins
vous donner une meilleure idée de la portée du lance-sagaie.
Jondalar alla récupérer ses projectiles, en choisit un, se
replaça devant les cibles, mais, au lieu de viser les ballots d’herbe, il lança
aussi fort qu’il put. La sagaie fila au-dessus des cibles, parcourut une longue
distance avant de retomber dans l’herbe.
Ayla lança à son tour, et bien qu’elle n’eût pas la puissance de
l’homme grand et musclé, sa sagaie tomba non loin de celle de Jondalar. La
force physique d’Ayla surpassait celle de la plupart des femmes ; cela tenait
à son éducation. Les membres du Clan étaient plus vigoureux et plus robustes
que les Autres. Pour se hisser à leur niveau, pour accomplir le travail
ordinaire qu’on attendait des femmes et des filles du Clan, elle avait dû se
forger des os plus solides et une force musculaire plus grande que la moyenne
de son espèce.
Pendant que Jondalar ramassait les sagaies, les Zelandonii discutaient
de la nouvelle arme. Le lancer avec le propulseur ne semblait pas très
différent du lancer à la main. La différence tenait au résultat : la
sagaie était projetée deux fois plus loin, avec beaucoup plus de puissance. C’était
de cet aspect qu’ils discutaient le plus car il allait de soi qu’un chasseur
courait moins de risques s’il lançait sa sagaie de plus loin.
Les accidents de chasse, s’ils n’étaient pas fréquents, n’étaient
pas rares non plus. Plus d’un Zelandonii avait été tué ou mutilé par un animal
blessé. Restait à savoir combien il faudrait de temps et d’efforts pour
acquérir, sinon le niveau d’adresse de Jondalar et Ayla, du moins assez d’habileté
pour utiliser convenablement le propulseur. Certains estimaient qu’ils
maîtrisaient déjà des techniques adéquates pour chasser avec efficacité, mais d’autres,
en particulier les jeunes, qui apprenaient encore, se montraient plus
intéressés.
A première vue, la nouvelle arme paraissait très simple, et elle
l’était. Elle reposait sur des principes qui, quoique compris intuitivement, ne
seraient analysés que bien plus tard. Le propulseur était un manche, un manche
détachable qui utilisait le principe du levier pour ajouter de la vitesse et de
la force à un projectile.
Aussi loin que leur mémoire remontât, les Zelandonii se
servaient de manches, et tout manche amplifie la force musculaire. Par exemple,
un éclat de pierre – silex, jaspe, quartz, obsidienne – était
un outil tranchant quand on le tenait dans la main, mais un manche multipliait
la force qu’on pouvait appliquer à la lame, augmentait l’efficacité du couteau
et donnait à l’utilisateur une meilleure maîtrise.
Cependant, le propulseur représentait bien plus qu’une simple
utilisation nouvelle de principes déjà connus. Il dénotait, chez des êtres
comme Jondalar et Ayla, une caractéristique innée qui rendait leur survie plus
probable : la capacité de concevoir une idée et de la transformer en un
objet utile, de concrétiser une pensée abstraite. C’était là leur Don le plus
grand, même s’ils ne le percevaient pas pour ce qu’il était.
Les visiteurs passèrent le reste de l’après-midi à discuter
de la stratégie pour la prochaine chasse. Ils optèrent pour le troupeau de
bisons qui avait été repéré puisque les bêtes y étaient plus nombreuses.
Jondalar suggéra à nouveau de chasser à la fois les bisons et les biches mais n’insista
pas. Ayla n’intervint pas, elle préférait attendre la suite. Après leur avoir
offert un autre repas, leurs hôtes les invitèrent à passer la nuit dans leur
abri. Certains décidèrent de rester mais Joharran avait des choses à préparer
avant la chasse, et il avait promis à Kareja de rendre une brève visite à la Onzième
Caverne sur le chemin du retour.
Le soleil déclinait à l’ouest, mais il faisait encore jour quand
les membres de la Neuvième Caverne descendirent le sentier. Lorsqu’ils
parvinrent à la bande de terre relativement plate qui jouxtait la berge de la
Rivière, Ayla se retourna et leva les yeux vers les multiples niveaux des abris
du Rocher des Deux Rivières. Plusieurs de leurs habitants agitaient la main en
un geste signifiant « Revenez » et auquel les visiteurs répondaient
par un geste
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