Les refuges de pierre
temps de vous offrir une démonstration, conclut
Jondalar.
Il ramassa le carquois et l’étui, retourna près de l’éboulis. Il
avait apporté des hampes et des pointes détachables de rechange, certaines en
silex, présentant des formes légèrement différentes, d’autres constituées d’un
long morceau d’os effilé dont la base était fendue pour qu’on puisse le fixer
plus facilement. Jondalar assembla quelques autres sagaies tandis que Solaban
et Rushemar éloignaient une cible.
— C’est assez loin ? lui cria Solaban.
Jondalar regarda Ayla. Elle avait son propulseur à la main et,
sur le dos, un long carquois contenant des projectiles déjà assemblés. Elle lui
sourit, il lui rendit son sourire, mais avec une certaine nervosité. Il avait
décidé de procéder d’abord à une démonstration et de fournir ensuite des
explications.
— Ça ira, répondit-il.
La cible était à sa portée, très près en fait, mais pour une
première démonstration cette distance lui convenait. Elle lui permettrait d’être
plus précis. Il n’eut pas à demander aux autres de s’éloigner : tous
reculaient déjà pour ne pas se trouver sur la trajectoire d’une sagaie lancée
avec cet étrange instrument. Et tandis qu’ils le regardaient avec des
expressions allant de la curiosité au doute, il se prépara à lancer.
Tenant le propulseur à l’horizontale dans sa main droite, le
pouce et l’index dans les boucles en cuir de devant, il engagea une sagaie dans
la rainure, la fit coulisser jusqu’à ce que le crochet, qui servait aussi de
butée, s’insère dans le trou de l’extrémité empennée, et, sans la moindre
hésitation, il lança le projectile. Il le fit si rapidement que rares furent
ceux qui virent la partie arrière du propulseur s’élever tandis qu’il
maintenait l’avant en place à l’aide des boucles, ajoutant la longueur de l’instrument
à celle de son bras, et augmentant ainsi l’effet de levier.
Ce qu’ils virent, ce fut une sagaie fendant l’air à une vitesse
inouïe et se plantant au milieu du cerf peint sur la peau, avec une telle force
qu’elle traversa de part en part le ballot d’herbe. A la surprise des
spectateurs, une seconde sagaie suivit la première et se ficha avec presque
autant de force près de la première. Ayla avait procédé à un lancer aussitôt
après son compagnon. Il y eut un silence stupéfait puis un brouhaha d’acclamations
et de questions.
— Vous avez vu ça ?
— Je ne t’ai pas vu lancer, Jondalar. Tu peux
recommencer ?
— Cette sagaie a quasiment transpercé la cible !
Comment l’as-tu lancée avec autant de force ?
— Celle de la femme l’a transpercée aussi. Qu’est-ce qui
leur donne cette puissance ?
— Je peux voir cet instrument ? Comment tu appelles
ça ? Un lance-sagaie ?
Ces dernières questions émanaient de Joharran, à qui son frère
tendit le propulseur. Le chef de la Neuvième Caverne l’examina avec attention,
le retourna et remarqua le cerf géant gravé au dos. Cela le fit sourire :
il avait déjà vu une gravure semblable.
— Pas mal pour un tailleur de silex.
— Comment sais-tu que c’est moi qui l’ai gravé ?
— Je me rappelle l’époque où tu pensais devenir sculpteur.
J’ai encore un plat orné d’un cerf dont tu m’as fait cadeau... D’où vient ce
lance-sagaie ? demanda Joharran en lui rendant le propulseur. Je voudrais
mieux voir comment tu t’en sers.
— Je l’ai fabriqué alors que je vivais avec Ayla dans sa
vallée. Ce n’est pas difficile de s’en servir mais il faut de l’entraînement
pour acquérir de la précision, expliqua Jondalar en prenant une autre sagaie.
Tu vois ce trou que j’ai creusé au bout ?
Joharran et plusieurs autres s’approchèrent.
— A quoi ça sert ? demanda Kareja.
— Je vais te montrer. Tu vois cette espèce de crochet à l’arrière
du lance-sagaie ? Il entre dans le trou... comme ça.
Jondalar glissa ensuite la sagaie dans la rainure, une plume de
l’empennage de chaque côté, passa son pouce et son index dans les boucles de
cuir, tint propulseur et projectile à l’horizontale.
— Ayla, montre-leur, toi aussi. La jeune femme s’exécuta.
— Elle le tient autrement, nota Kareja. Avec l’index et le
majeur, alors que Jondalar utilise son pouce.
— Tu es très observatrice, commenta Marthona.
— Je préfère comme ça, dit Ayla. Avant, Jondalar s’y
prenait de cette façon mais il a
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