Les refuges de pierre
s’échapper. Et vous serez tous
surpris par ce que ce lance-sagaie peut faire.
En parlant, Jondalar tint l’arme de chasse au-dessus de sa tête.
C’était une sorte de bâton plat et fin qui semblait trop rudimentaire pour les
prouesses que le voyageur lui attribuait.
La réunion s’interrompit lorsque des membres de la Troisième
Caverne apportèrent à manger. Après un repas pris sans hâte, la discussion
recommença et révéla que le troupeau de bisons se trouvait non loin d’un piège
construit la saison précédente et qui ne demandait que quelques réparations
mineures pour redevenir utilisable. On décida de passer l’après-midi à obstruer
les brèches de l’enceinte et, si elle était prête à temps, de chasser les
bisons le lendemain matin ou le surlendemain au plus tard. Ayla écouta avec
attention quand on aborda la préparation stratégique de la chasse mais n’offrit
pas son aide ni celle de Whinney. Elle préférait attendre pour voir comment
tourneraient les choses.
— Bon, montre-nous maintenant cette nouvelle arme,
Jondalar, dit Joharran.
— Oui, acquiesça Manvelar. Tu as éveillé ma curiosité. Nous
pouvons utiliser le terrain d’entraînement de la Vallée des Prairies.
11
Le terrain d’entraînement se trouvait au pied du Rocher des
Deux Rivières et consistait en une large bande de terre mise à nu par un usage
fréquent. L’herbe qui la bordait avait été aplatie par les nombreuses personnes
qui l’avaient foulée. A une extrémité, une ancienne corniche écroulée formait
un tas de pierres aux arêtes érodées par le temps. A l’autre bout, quatre peaux
enveloppaient des ballots d’une herbe sèche qui s’échappait de plusieurs trous
percés par des sagaies. Sur chacune des peaux, on avait peint la silhouette d’un
animal différent.
— Il faudra éloigner les cibles, dit Jondalar. Les placer
deux fois plus loin.
— Deux fois plus loin ? s’étonna Kareja tout en
examinant l’instrument qu’il tenait dans sa main.
— Au moins.
Taillé dans un morceau de bois bien droit, le propulseur avait à
peu près la longueur de l’avant-bras de Jondalar, de son coude à l’extrémité de
ses doigts. Il était plat et étroit, avec une longue rainure centrale, et deux
boucles en cuir sur le devant. A l’arrière, il se terminait par une butée en
forme de crochet qui se logeait dans un trou.
Dans un carquois de cuir brut, Jondalar prit une pointe de silex
attachée à un morceau de bois par du filament de tendon et fixée par une colle
obtenue en faisant bouillir des sabots. L’autre extrémité du bois s’effilait en
une pointe arrondie. On aurait dit une lance très courte ou peut-être un
couteau avec un manche bizarre. Jondalar tira ensuite d’un étui une longue
hampe empennée à une extrémité, comme une sagaie, mais dépourvue de pointe à l’autre.
Un murmure de curiosité parcourut la foule.
Il inséra la partie effilée du bois auquel était fixée la pointe
de silex dans un trou au bout de la hampe, et montra le projectile qu’il avait
obtenu.
— J’ai apporté quelques changements depuis que j’ai mis au
point cette technique de lancer, dit Jondalar aux Zelandonii assemblés. J’essaie
toujours de nouvelles idées pour voir si elles marchent, et cette pointe
détachable est une bonne idée, à l’usage. Plutôt que de briser la hampe chaque
fois que la lance manque la cible et heurte un rocher, ou que l’animal touché s’enfuit,
avec ça... (Il montra la sagaie, la démonta)... la pointe se sépare de la hampe
et on n’a pas à fabriquer une nouvelle sagaie.
La foule exprima son intérêt : il fallait du temps et du
travail pour façonner une hampe, la rendre bien droite afin qu’elle ne dévie
pas de sa trajectoire et, parmi les chasseurs présents, il n’y en avait pas un
qui n’eût brisé une sagaie.
— Vous remarquerez que cette lance est un peu plus petite
et plus légère que les lances ordinaires, poursuivit Jondalar.
— Ah, voilà ! s’exclama Willamar. Je savais bien qu’elle
avait quelque chose de différent, en plus d’être en deux parties. Elle est plus
gracieuse, presque féminine. Comme une lance « Mère ».
— Nous avons découvert qu’une lance plus légère vole mieux,
dit Jondalar.
— Elle perce ? questionna Brameval. Moi, j’ai
découvert qu’il faut du poids à une lance. Si elle est trop légère, elle
rebondit sur une peau épaisse, ou la pointe se brise.
— Il est
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