Les refuges de pierre
qu’elle
n’était pas attirante mais parce qu’elle ne semblait pas s’intéresser à eux et
ne les encourageait pas. Autant qu’il s’en souvînt, elle ne s’intéressait pas
non plus aux femmes. Elle avait toujours vécu avec sa mère, Dorova, et il se
demanda si c’était encore le cas.
Dorova n’avait jamais voulu vivre avec un homme. Il ne se
rappelait pas qui était l’homme de son foyer, ni si quelqu’un avait jamais su
de quel homme la Grande Mère avait choisi l’esprit pour rendre Dorova enceinte.
Les Zelandonii s’étaient interrogés sur le nom qu’elle avait donné à sa fille
car il ressemblait au mot « courageux ». Avait-elle voulu dire que
Kareja aurait besoin de courage ? Il fallait en effet du courage pour être
le chef d’une Caverne. Il regarda Ayla.
Sachant que Loup attirerait tous les regards, elle s’était
penchée pour le rassurer par de petites tapes et des paroles réconfortantes.
Lui aussi la rassurait, en retour. C’était éprouvant d’être la cible d’une
attention constante, et cette attention ne faiblirait sans doute pas avant
longtemps. Pour cette raison, elle n’était guère pressée de se rendre à la
Réunion d’Été, même si elle songeait avec joie à la cérémonie qui l’unirait à
Jondalar. Elle prit une profonde inspiration, émit un soupir discret et se
redressa. Après avoir fait signe à Loup de rester près d’elle, elle rejoignit
Kareja et se dirigea vers le premier des abris.
Il était semblable aux autres abris de pierre de la région. La
roche calcaire présentant des degrés de dureté différents selon les endroits,
les falaises s’étaient plus ou moins érodées, ce qui avait créé, entre les
terrasses et les surplombs, des espaces protégés des précipitations et
néanmoins ouverts à la lumière du jour. Avec l’apport de structures construites
pour arrêter le vent, et du feu pour fournir de la chaleur, les
abris-sous-roche offraient des conditions de vie agréables dans les régions
périglaciaires, même pendant la période glaciaire.
Après avoir fait connaissance de plusieurs personnes et présenté
Loup à quelques-unes, Ayla fut conduite à l’autre abri de pierre, celui où
vivait Kareja. Elle rencontra Dorova, la mère du chef, mais aucun autre parent.
Apparemment, Kareja n’avait ni sœur ni frère ni compagnon, et elle lui fit
comprendre qu’elle ne voulait pas d’enfants, que la responsabilité de la
Caverne lui suffisait.
Elle marqua une pause, considéra Ayla et dit :
— Puisque tu connais si bien les chevaux, je vais te
montrer quelque chose.
Elle entraîna Ayla vers la petite grotte, ce qui surprit
Jondalar car les Zelandonii n’avaient pas pour habitude d’emmener des inconnus
dans leurs lieux sacrés, surtout au cours de leur première visite. Près de l’entrée
de l’unique galerie, Ayla découvrit une série de lignes mystérieuses avec, à l’intérieur
des espaces délimités, plusieurs gravures grossières, assez difficiles à
distinguer. La voûte, en revanche, était ornée d’un grand cheval finement
gravé, et d’autres marques vers le fond.
— C’est un cheval remarquable, dit Ayla. La personne qui l’a
peint doit bien connaître les chevaux. Est-ce qu’elle vit ici ?
— Je ne crois pas, quoique son esprit y soit peut-être
encore, répondit Kareja. Ce cheval est ici depuis longtemps. C’est un ancêtre
qui l’a peint, nous ne savons pas qui.
On lui montra ensuite le quai, où deux radeaux étaient amarrés,
et une aire de travail où l’on en construisait un troisième. Ayla aurait aimé
rester plus longtemps et en apprendre davantage, mais Joharran était pressé et
Jondalar avait aussi des préparatifs à terminer, disait-il. Elle ne voulut pas
être la seule à rester, surtout pour sa première visite, mais promit de
revenir.
Le groupe continua à remonter la Rivière en direction du
nord jusqu’au pied d’un escarpement où se trouvait un petit abri de pierre.
Ayla remarqua que des débris rocheux s’étaient accumulés sous le bord du
surplomb, créant un talus de gravier devant l’entrée.
Plusieurs indices révélaient que le lieu était habité. On avait
dressé des panneaux derrière le talus, dont un qui s’était écroulé. Une vieille
fourrure de couchage, si usée qu’elle n’avait presque plus de poils, était
jetée contre le mur du fond. Des cercles noirs indiquaient l’emplacement de
foyers, dont deux entourés de pierres, et un
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