Les refuges de pierre
gardait près d’elle. Tout le monde avait entendu parler du loup qui
obéissait à la femme, bien sûr, et beaucoup l’avaient déjà aperçu de loin. C’était
cependant plus troublant de l’avoir chez soi.
Elle présenta l’animal à la sœur de Brameval et à Zelandoni sous
les regards curieux. Après les présentations et une seconde coupe de tisane, il
y eut un silence gêné, comme entre des inconnus qui ne savent plus quoi dire.
Joharran fixait le sentier menant à la Rivière.
— Veux-tu voir le reste de Petite Vallée, Ayla ?
proposa Brameval quand il devint évident qu’il tardait à Joharran de partir.
— Volontiers, répondit-elle.
Avec soulagement, les visiteurs de la Neuvième Caverne et
plusieurs membres de la Quatorzième descendirent l’escalier cependant que les
enfants sautaient de la terrasse. Au pied de la paroi exposée au sud, deux
autres abris plus petits et proches l’un de l’autre étaient également utilisés.
Le groupe s’arrêta au premier.
— Voici l’Abri du Saumon, dit Brameval, précédant ses
invités dans une petite enceinte quasi circulaire d’une vingtaine de pieds de
large.
Il pointa un doigt vers le haut. Ayla leva la tête et vit, gravé
en relief dans la voûte, un saumon grandeur nature de près de quatre pieds de
long, avec les mâchoires recourbées d’un mâle remontant le courant pour se
reproduire. Il faisait partie d’un ensemble plus complexe comprenant un
rectangle divisé par sept traits, les jambes antérieures d’un cheval et d’autres
peintures et gravures énigmatiques, ainsi que l’empreinte d’une main sur un
fond noir. Sur toute la voûte, de grandes zones peintes en rouge et en noir
mettaient en valeur les gravures.
La visite du reste de Petite Vallée fut rapide. Au sud-ouest, en
face du grand abri, une grotte assez spacieuse, et au sud, une corniche
surplombant un abri plus petit, prolongé dans la falaise par une galerie de
quelque soixante-cinq pieds de long. A droite de l’entrée, sur une plate-forme,
on avait gravé les contours énergiques de deux aurochs et l’esquisse d’un
rhinocéros.
Ayla fut impressionnée par le site de Petite Vallée et n’hésita
pas à le montrer. Brameval et les siens étaient fiers de leur demeure, ravis de
la faire visiter à quelqu’un qui exprimait ouvertement son admiration. Ils
tentèrent de convaincre les invités, ou tout au moins Ayla, de rester pour le
repas.
— Pas cette fois, déclina-t-elle. Mais je reviendrai avec
plaisir.
— Avant de partir, tu dois voir notre barrage, décida
Brameval. Il est sur le chemin de la Rivière.
Il conduisit le groupe à un piège construit dans la Rivière aux
Poissons, que les saumons adultes remontaient chaque année pour se reproduire.
Avec quelques modifications, le barrage permettait d’attraper d’autres espèces
de poissons également tentées par le petit cours d’eau. Mais avec ses quatre
pieds de long, parfois cinq pour un mâle adulte, le saumon était la prise la
plus appréciée.
— Nous fabriquons aussi des filets pour pêcher dans la
Rivière, dit Brameval.
— Ceux chez qui j’ai grandi vivaient près d’une mer
intérieure, rapporta Ayla. Ils se rendaient souvent à l’embouchure d’une
rivière qui coulait près de leur grotte et péchaient l’esturgeon avec un filet.
Ils étaient très contents quand ils capturaient une femelle parce qu’ils
étaient friands de ses petits œufs noirs.
— J’en ai goûté quand nous avons rendu visite au peuple qui
vit près des Grandes Eaux de l’Ouest, dit Brameval. C’est très bon mais l’esturgeon
ne remonte pas souvent jusqu’ici. Le saumon, si, et ses œufs sont bons
aussi : ils sont plus gros et de couleur vive, un peu rouge. Je préfère le
poisson aux œufs, quand même. Je crois que le saumon aime le rouge. Sais-tu que
le mâle devient rouge quand il remonte les rivières ? Je connais moins
bien l’esturgeon mais je crois savoir qu’il peut être d’une belle longueur.
— Jondalar a pris l’un des plus gros esturgeons que j’aie
jamais vus, dit Ayla. Deux fois sa taille, presque.
Elle se tourna pour sourire à son compagnon et ajouta, l’œil
pétillant :
— Il lui a donné du mal.
— A moins que vous n’ayez l’intention de rester, je crois
que Jondalar devra raconter cette histoire une autre fois, intervint Joharran.
— Oui, plus tard, acquiesça son frère.
L’anecdote était un peu embarrassante pour lui et il ne
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