Les refuges de pierre
éclairaient
longtemps ; d’autres portaient des torches qui donnaient plus de lumière
mais se consumaient plus vite.
Ils attendirent d’être rejoints par d’autres encore avant de se
diriger vers l’extrémité sud de l’abri. Il leur était difficile de distinguer
les silhouettes ou même de voir à quelques pas devant eux lorsqu’ils se mirent
en route. Les torches éclairaient un certain périmètre autour d’eux mais, au-delà
du cercle de lumière, tout semblait noir. Ayla tint le bras de Jondalar quand
ils longèrent la corniche, passèrent devant la partie inhabitée de l’abri en
direction de la ravine qui séparait la Neuvième Caverne d’En-Aval. Le ruisseau
qui coulait le long de la paroi fournissait de l’eau aux artisans pendant leur
travail et, par mauvais temps, constituait également une source supplémentaire
pour la Neuvième Caverne.
Les porteurs de torches se postèrent de chaque côté du pont qui
menait aux abris de pierre d’En-Aval. Dans la lumière tremblotante, chacun posa
prudemment le pied sur les rondins placés en travers de la ravine, puis monta
vers le niveau légèrement supérieur d’En-Aval. Ayla eut l’impression que l’horizon
commençait à bleuir, signe que le soleil ne tarderait pas à se lever, mais les
étoiles piquetaient encore le ciel de nuit.
Aucun feu ne brûlait dans les deux abris d’En-Aval : les
derniers artisans s’étaient retirés depuis longtemps. Les chasseurs dépassèrent
les cabanes à dormir puis descendirent le sentier en direction du Champ de
Rassemblement, entre le Rocher Haut et la Rivière. De loin, ils voyaient le
grand feu qui y brûlait et les silhouettes qui se pressaient alentour. En
approchant, Ayla se rendit compte que le feu, comme les torches, éclairait l’espace
proche mais ne permettait pas de voir au-delà. Tout rassurant qu’il fût, le feu
avait ses limites.
Ils furent accueillis par plusieurs Zelandonia, notamment la
Première parmi Ceux Qui Servaient la Mère, la Zelandoni de la Neuvième Caverne.
La femme corpulente les salua, leur indiqua où ils devraient se tenir pendant
la cérémonie. Lorsqu’elle s’éloigna, sa masse leur cacha presque la lumière du
feu pendant un instant.
D’autres chasseurs arrivaient. Ayla reconnut Brameval à la lueur
des flammes et comprit que c’était un groupe de la Quatorzième Caverne. Levant
les yeux, elle constata que le ciel avait bel et bien viré au bleu. D’autres
porteurs de torches apparurent, avec parmi eux Kareja et Manvelar. La Onzième
et la Troisième Caverne étaient là. Manvelar adressa un signe à Joharran puis s’approcha
de lui.
— Il vaut mieux chasser le cerf que le bison, aujourd’hui,
opina le chef de la Troisième Caverne. Hier soir, après ton départ, les
guetteurs ont rapporté que les bisons s’étaient éloignés du piège. Ce serait
difficile de les pousser dedans maintenant.
Joharran parut un moment dépité, mais la chasse exigeait
toujours de la souplesse. Les animaux choisissaient leur chemin en fonction de
leurs besoins, et non pour faciliter la tâche du chasseur. Il fallait savoir s’adapter.
— Bon, allons prévenir Zelandoni.
Au signal convenu, tous se dirigèrent vers un endroit situé
entre le feu et l’arrière du Champ, devant la paroi rocheuse. Les flammes et
les corps faisaient monter la température, et Ayla apprécia la chaleur. L’effort
fourni pour gagner le Champ d’un pas rapide, malgré l’obscurité, l’avait
réchauffée, mais, immobile à attendre, elle recommençait à sentir le froid.
Loup se pressa contre sa jambe, inquiet de voir tant d’inconnus autour de lui.
Elle s’agenouilla pour le rassurer.
Le reflet des flammes dansait sur la surface rugueuse de la
roche. Soudain une plainte s’éleva, accompagnée par le crépitement des
tambours. Il y eut un autre bruit et Ayla sentit un frisson courir le long de
son dos. Elle n’avait entendu un bruit semblable qu’une seule fois
auparavant... au Rassemblement du Clan ! Jamais elle n’oublierait ce
mugissement qui invoquait les Esprits.
Elle savait qu’il provenait d’un morceau d’os ou de bois, de
forme ovale, percé d’un trou dans lequel on avait passé une corde. En le
tournant au bout de la corde, on produisait ce mugissement étrange. Mais le
fait de connaître son origine ne changeait lien à l’effet qu’il
produisait : un tel son ne pouvait provenir que du Monde des Esprits. Ce n’était
pas cela qui la troublait,
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