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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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ceux-ci –, qui auraient accepté de changer de place
avec Jondalar ou Ayla. Les gens ordinaires laissaient volontiers Ceux Qui
Servaient la Mère s’occuper du monde des Esprits. Mais seuls Jondalar et Ayla
savaient où Thonolan était mort. La Première elle-même estimait que la journée
serait épuisante et se demandait s’ils parviendraient à trouver l’esprit errant
de Thonolan.
    Comme Ayla, Jondalar et Jonokol continuaient à suivre le sentier
vers l’amont, une imposante masse rocheuse se dressa devant eux sur la gauche.
C’était le premier éperon d’une succession de falaises qui filait
perpendiculairement à la Rivière des Prairies. A l’angle, la roche majestueuse
formait une sorte de retrait par rapport à la vallée, s’arrondissait en son
milieu, se rétrécissait vers le sommet, puis se terminait abruptement par une
sorte de coiffe plate.
    En se plaçant de face, on pouvait, avec un peu d’imagination,
distinguer, dans les fissures et les formes arrondies, un front haut sous la
coiffe, un nez aplati et deux yeux presque clos qui posaient un regard
énigmatique sur une pente d’éboulis et de broussailles. Pour ceux qui savaient
comment regarder, la forme anthropomorphique semblait être un visage caché de
la Mère, un des quelques visages d’Elle-Même qu’Elle choisissait de montrer,
tout en les masquant. Personne ne pourrait jamais voir le visage de la Mère et,
même déguisé, ce visage gardait un pouvoir indicible.
    La rangée de falaises flanquait une vallée plus étroite où
coulait un petit affluent de la Rivière des Prairies, alimenté par une source
qui jaillissait du sol avec une telle énergie qu’elle se transformait en une
fontaine au milieu d’un vallon boisé. On l’appelait la Fontaine de la Profonde,
et elle alimentait le Ruisseau de la Fontaine, mais les Zelandonia leur
donnaient d’autres noms, qu’une majeure partie de la communauté connaissait
aussi. La source et le bassin étaient les Eaux d’Enfantement de la Mère, et le
ruisseau l’Eau Sacrée. Elles passaient pour avoir de grandes vertus curatives,
notamment pour aider les femmes à concevoir si on les utilisait comme il
fallait.
    Un sentier de plus de quatre cents pas conduisait le long de la
falaise, au-delà du premier éperon, à une terrasse proche du sommet, surmontée
d’un surplomb qui protégeait l’entrée des deux grottes. Les nombreuses cavités
de cette région de falaises calcaires étaient parfois appelées « cavernes »,
mais, considérées comme des espaces creusés dans la roche, elles portaient
aussi le nom de « creux ». Dans le langage courant, une grotte
particulièrement longue était appelée une « profonde ». Celle qui se
trouvait à gauche de la terrasse ne s’enfonçait dans la roche que d’une vingtaine
de pieds et servait d’abri à ceux qui y dormaient de temps à autre, en général
des Zelandonia. On l’appelait le Creux de la Fontaine ou, plus rarement, le
Creux de Doni.
    La grotte de droite se prolongeait par une galerie qui plongeait
au cœur de la falaise, avec des salles, des alcôves, des niches et d’autres
passages partant du couloir principal. C’était un lieu si sacré que son nom
ésotérique n’était presque jamais prononcé. Il était si connu et si vénéré qu’il
n’était pas nécessaire d’établir son caractère sacré et son pouvoir pour les
habitants de ce monde. S’ils en parlaient, ceux qui connaissaient sa véritable
signification préféraient la minimiser et ne pas en faire un sujet de
conversation. C’était pourquoi les Zelandonii nommaient simplement ces falaises
les Rochers de la Fontaine, c’était pourquoi la grotte s’appelait la Profonde
des Rochers de la Fontaine ou, parfois, la Profonde de Doni.
    Ce n’était pas l’unique site sanctifié de la région. La plupart
des grottes avaient un caractère plus ou moins sacré, tout comme d’autres
lieux, mais la Profonde des Rochers de la Fontaine figurait parmi les plus
vénérées. Jondalar en connaissait quelques autres qui l’égalaient, mais aucune
ne la surpassait en importance. En escaladant la pente avec Ayla et Jonokol, il
éprouvait un mélange d’excitation et de crainte. Il se demandait si Zelandoni
réussirait à trouver l’esprit vagabond de son frère, et quelle aide elle
attendait de lui.
    Quand ils parvinrent à la haute terrasse, deux autres acolytes,
un homme et une femme, les attendaient à l’entrée de la grotte profonde de
droite.

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