Les refuges de pierre
J’aimerais attendre que la Réunion d’Été soit passée pour prendre
une décision.
— Cela me paraît sage, estima Marthona au moment où Mejera,
aidée par Folara, apportait la nourriture de Zelandoni. Après un silence gêné,
la doniate reprit :
— Je ne sais pas si vous connaissez tous Mejera.
— Je connais ta mère, et l’homme de ton foyer, dit
Willamar. Tu as des frères et sœurs, n’est-ce pas ?
— Oui, une sœur et un frère, répondit Mejera.
— Quel âge ont-ils ?
— Ma sœur est un peu plus jeune que moi, et mon frère a à
peu près son âge, dit-elle en indiquant le fils de Proleva.
— Mon nom est Jaradal, je suis Jaradal de la Neuvième Caverne
des Zelandonii, récita l’enfant. Tu es qui, toi ?
Il avait débité sa phrase avec sérieux et précision, comme on le
lui avait sans doute appris. Tout le monde sourit, y compris la jeune femme.
— Je suis Mejera de la Quatorzième Caverne des Zelandonii. Je
te salue, Jaradal de la Neuvième Caverne des Zelandonii.
Le garçonnet jubilait de se voir attribuer une telle importance.
Elle comprend les enfants de cet âge, pensa Ayla.
— Nous manquons à nos devoirs, observa Willamar. Je crois
que nous devrions tous nous présenter. Après les présentations, il
reprit :
— Sais-tu, Mejera, que le compagnon de ta mère voulait s’occuper
de troc avant de la rencontrer ? Il a fait quelques voyages avec moi et
puis il a décrété qu’il ne voulait pas passer autant de temps loin d’elle... et
de toi, après ta naissance.
— Non, je l’ignorais, répondit-elle, ravie d’apprendre ce
détail.
Pas étonnant qu’il soit le Maître du Troc, se dit Ayla. Il sait
s’y prendre avec les gens, il met tout le monde à l’aise. Mejera semble un peu
plus détendue.
— Proleva, j’ai vu qu’on a commencé à faire sécher la
viande de la chasse. Je ne sais pas comment on la partage, ni qui est censé
participer à sa conservation, mais, si personne n’y voit d’objection, j’aimerais
apporter mon aide, offrit Ayla.
— Bien sûr, elle sera la bienvenue.
— En tout cas, moi je l’apprécierai, déclara Folara. C’est
un travail long et fastidieux, mais, si on est nombreux à le faire, cela peut
devenir amusant.
— La viande et la moitié de la graisse vont à chacun selon
ses besoins, expliqua Proleva. La peau, les cornes, les bois, le reste de l’animal
appartiennent à celui qui l’a abattu. Jondalar et toi avez tué chacun un
mégacéros et un bison, Ayla. Jondalar a abattu le bison qui a piétiné Shevonar
mais celui-là a été rendu à la Mère. Nous l’avons enterré près de la tombe de
Shevonar. Les chefs ont décidé de vous en donner un autre. Au moment du
dépeçage, les bêtes sont marquées, généralement avec du charbon de bois. A ce
propos, comme nous ne connaissions pas ton abelan et que tu étais auprès de
Shevonar, Zelandoni de la Troisième t’en a dessiné un, provisoire, pour marquer
tes peaux.
— A quoi ressemble-t-il ? demanda Jondalar, conscient
du caractère énigmatique de son propre abelan et curieux de celui des autres.
— Je crois qu’il représente ton côté protecteur, Ayla, dit
Proleva. Attendez, je vais vous montrer.
Elle prit un morceau de bois, lissa la terre battue, y traça un
trait vertical. Puis, partant du haut, elle y ajouta un trait oblique
descendant vers le bas, et un troisième parallèle au premier.
— Cela me fait penser à une tente, à un abri, à quelque
chose pour se protéger de la pluie, ajouta-t-elle.
— Tu as raison, approuva Jondalar. Ce n’est pas un mauvais
abelan pour toi, Ayla. Tu as effectivement tendance à protéger et à aider,
surtout quand quelqu’un est malade ou blessé.
— Moi, je sais dessiner mon abelan, fanfaronna Jaradal.
Tout le monde sourit. Proleva lui donna le bâton et il traça lui aussi des
traits dans la terre.
— Tu en as un ? demanda-t-il à Mejera.
— Je suis sûre qu’elle en a un et elle se fera un plaisir
de te le montrer. Mais plus tard, dit Proleva.
Elle lui permettait de participer un peu aux conversations, mais
elle ne voulait pas qu’il prenne l’habitude de réclamer sans cesse l’attention
des adultes.
— Qu’est-ce que tu penses de ton abelan, Ayla ?
interrogea Jondalar.
— Puisque je n’ai pas eu à ma naissance d’elandon portant
un abelan – du moins, autant que je me souvienne –, celui-là est
aussi bon qu’un autre. Je n’ai pas
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