Les refuges de pierre
s’étaient habitués à l’obscurité
de la grotte, et toute lumière un peu forte leur semblait éblouissante. Le
couloir s’élargit et Ayla vit plusieurs personnes attendant dans une grande
salle. Lorsqu’elle fut plus près, elle reconnut des hommes et des femmes qu’elle
avait rencontrés et constata que, à l’exception de Jondalar et d’elle-même,
tous faisaient partie de la Zelandonia.
La doniate obèse de la Neuvième Caverne se leva du siège qu’on
avait apporté pour elle et dit en souriant :
— Nous vous attendions.
Elle leur donna à tous deux l’accolade, tout en respectant une
certaine distance, et Ayla comprit que c’était une salutation rituelle qu’on
échangeait en public avec des proches.
L’un des autres Zelandonia adressa un signe de tête à Ayla, qui
répondit de même manière à l’homme de frêle stature en qui elle reconnut le
Zelandoni de la Onzième Caverne, celui qui l’avait impressionnée par sa poignée
de main vigoureuse et son assurance. Un homme plus âgé lui sourit, et elle
rendit son sourire au Zelandoni de la Troisième Caverne, qui l’avait soutenue
quand elle essayait d’aider Shevonar.
Un petit feu brûlait sur des pierres qu’on avait apportées à
cette fin et qui seraient remportées quand tout le monde partirait. Une outre à
demi pleine reposait sur le sol, près d’un bol en bois de bonne taille, rempli
d’eau fumante. A l’aide de pinces en bois courbé, une jeune femme acolyte tira
deux pierres à cuire des flammes. Un panache de vapeur s’éleva quand les
pierres brûlantes touchèrent l’eau. Quand elle se redressa, Ayla reconnut
Mejera et lui sourit.
Celle Qui Était la Première y ajouta quelque chose qu’elle puisa
dans une poche. Elle prépare une décoction, et non pas une simple infusion,
pensa Ayla. Des racines ou de l’écorce, sans doute, quelque chose de fort.
Quand la jeune femme remit des pierres, la vapeur dégagea cette fois un
puissant arôme. Ayla reconnut facilement la menthe, mais il s’y mêlait d’autres
odeurs qu’elle tenta d’identifier, en soupçonnant que la menthe ne servait qu’à
masquer un goût moins agréable.
Deux Zelandonia étendirent une épaisse couverture de cuir sur le
sol humide et rocailleux, près du siège que la Première avait occupé.
— Ayla, Jondalar, approchez donc et installez-vous, suggéra
l’imposante doniate. J’ai quelque chose à vous faire boire.
Mejera apporta trois coupes en déclarant :
— Ce n’est pas encore prêt.
— Ayla a apprécié les peintures du couloir, dit Jonokol. Je
pense qu’elle aimerait en voir d’autres. Cela lui plairait plus que de rester
assise en attendant.
— Oui, j’aimerais beaucoup, se hâta de confirmer Ayla.
Elle se sentait soudain assez inquiète à la perspective d’avaler
une décoction inconnue qui devait l’aider, elle le savait, à trouver l’autre
monde. L’expérience qu’elle avait eue de breuvages semblables n’avait pas été
spécialement agréable.
Zelandoni observa l’étrangère. Elle connaissait assez Jonokol
pour savoir qu’il n’aurait pas fait cette suggestion sans une bonne raison. Il
avait dû remarquer le désarroi et la nervosité de la jeune femme.
— Bien sûr, Jonokol, approuva-t-elle. Charge-toi de les lui
montrer.
— J’aimerais les accompagner, dit Jondalar, qui ne se
sentait pas très serein lui-même. Et la porteuse de lampe pourrait venir avec
nous.
— Oui, bien sûr, acquiesça la Première Acolyte de la
Deuxième Caverne, récupérant la lampe qu’elle avait posée avec les autres près
du feu. Il faut que je la rallume.
— Il y a un travail remarquable sur la paroi derrière les
Zelandonia, mais je ne veux pas les déranger, dit Jonokol. Je vais vous faire
voir quelque chose d’intéressant dans cette galerie.
Il les conduisit dans un embranchement du couloir principal, sur
la droite. Tout de suite à gauche, il s’arrêta devant un autre panneau
représentant un renne et un cheval.
— Tu les as peints, eux aussi ? demanda Ayla.
— Non, c’est celle auprès de qui j’ai appris. Elle était
Zelandoni de la Deuxième Caverne, avant la sœur de Kimeran. C’était un peintre
extraordinaire.
— Elle était bonne, mais je crois que l’élève a dépassé le
maître, estima Jondalar.
— Pour les Zelandonia, ce n’est pas la qualité qui compte
le plus, encore qu’elle soit appréciée. Ces peintures ne sont pas là uniquement
pour être
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