Les refuges de pierre
des flammes danser sur la pierre, que l’animal
respirait. Elle comprit alors pourquoi le mammouth avait paru bouger lorsqu’elle
s’était déplacée, et elle sut que si elle ne l’avait pas examiné avec
attention, elle se serait facilement convaincue qu’il avait remué.
Émerveillée, elle secoua la tête et se rappela la fois où, au
Rassemblement du Clan, elle avait dû préparer pour les Mog-ur le breuvage d’Iza.
Le Mog-ur lui avait montré comment se tenir dans l’ombre pour ne pas être
remarquée, il lui avait expliqué à quel moment précis elle devait en sortir
pour apparaître soudain. Il y avait de la méthode dans la magie utilisée par
ceux qui avaient affaire au Monde des Esprits.
Ayla avait ressenti quelque chose en touchant la paroi, quelque
chose qu’elle ne pouvait ni expliquer ni comprendre. C’était une réminiscence
de cette étrangeté qu’elle éprouvait de temps en temps, depuis qu’elle avait bu
par mégarde les restes du breuvage des Mog-ur et qu’elle les avait suivis dans
la grotte. Depuis, elle faisait des rêves troublants et avait parfois des
sensations déroutantes, même lorsqu’elle était éveillée.
Elle secoua la tête pour chasser l’étrange impression, puis leva
les yeux et se rendit compte que les autres l’observaient. Avec un sourire
embarrassé, elle éloigna vivement la main de la paroi et se tourna vers la
femme qui tenait la lampe. Celle-ci ne dit rien et repartit dans le long
couloir.
La lumière des lampes à graisse lançait des reflets bizarres sur
les murs humides tandis que le couple et les acolytes progressaient en silence
sur une seule file. L’air vibrait. Ayla était sûre qu’ils pénétraient au cœur
même de la falaise et se félicitait de la présence d’autres personnes :
seule, elle se serait perdue. Elle frémit à l’idée de se retrouver seule dans
une grotte, tenta de chasser cette pensée, mais le froid de la caverne humide
refusait de disparaître.
Non loin du premier, elle avisa un deuxième mammouth, puis d’autres
encore, et deux petits chevaux, peints presque entièrement en noir. Là encore,
une ligne définissant la silhouette d’un cheval était gravée dans le calcaire,
mise en évidence par un trait noir. A l’intérieur de la ligne, les chevaux
étaient peints en noir et, comme pour les autres représentations, les détails
leur donnaient une réalité stupéfiante.
Ayla remarqua aussi des peintures sur la paroi droite du
couloir, certaines tournées vers l’extérieur, d’autres vers l’intérieur. Les
mammouths prédominaient, au point de donner l’impression d’un troupeau. A l’aide
des mots pour compter, Ayla en dénombra au moins dix sur les deux côtés. Comme
elle continuait à descendre le couloir sombre en jetant un coup d’œil aux
peintures, elle fut arrêtait par une scène saisissante : deux rennes se
faisaient face sur la paroi gauche.
Le premier, tourné vers la sortie, était un mâle peint en noir.
Les formes de l’animal étaient magnifiquement rendues, entre autres la ramure,
suggérée par des traits incurvés plutôt que reproduite dans tous ses détails.
Il avait la tête baissée et, à l’étonnement d’Ayla, léchait tendrement le front
d’une femelle. A la différence de la majorité des cervidés, chez le renne, la
femelle avait aussi des bois et, sur le dessin comme dans la vie, les siens
étaient plus petits. Elle était peinte en rouge et pliait un peu les genoux
pour se prêter à la douce caresse.
Cette scène qui révélait un sens authentique de la tendresse et
de l’affection lui fit penser à son propre couple. Ayla n’avait jamais imaginé
que des animaux puissent être amoureux, mais ces deux-là semblaient l’être.
Elle avait presque les larmes aux yeux tant elle était émue. Les acolytes lui
laissèrent le temps de regarder. Ils comprenaient sa réaction : eux aussi
étaient touchés par cette scène exquise.
Jondalar s’était arrêté également pour admirer les rennes.
— Elle est nouvelle, celle-là, dit-il. Je pensais qu’il y
avait un mammouth à cet endroit.
— Il y en avait un, confirma le jeune acolyte fermant la
marche. En examinant la femelle, on discerne encore une partie du mammouth
au-dessous.
— C’est Jonokol qui les a peints, dit la femme. Jondalar et
Ayla se tournèrent vers l’artiste avec un respect nouveau.
— Je comprends maintenant pourquoi tu es acolyte de
Zelandoni, lui dit Jondalar. Tu as des Dons
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