Les refuges de pierre
après l’avoir bu et que
ses effets ne sont pas entièrement prévisibles. Ils se dissipent le plus
souvent en une journée, et je ne connais personne qui en ait été gravement
affecté, mais si tu préfères t’abstenir, nul ne te le reprochera.
Ayla se demanda si elle pouvait se dérober, et, même si elle
était soulagée qu’on lui laissât le choix, il lui était encore plus difficile
de refuser.
— Si tu le souhaites, je suis prête, répondit-elle.
— Ta participation sera utile, je n’en doute pas. La tienne
aussi, Jondalar. Mais j’espère que vous le comprenez : vous avez le droit
de dire non.
— Tu sais que j’ai toujours été mal à l’aise avec le Monde
des Esprits, reconnut Jondalar. Ces deux derniers jours, avec la tombe à
creuser et tout le reste, j’en ai été bien plus près que je ne le souhaite
avant que la Mère me rappelle à Elle. Mais c’est moi qui t’ai demandé d’aider
Thonolan, et je ne peux que t’assister de mon mieux. Je serai content d’en
avoir fini.
— Alors, venez donc vous asseoir tous les deux sur cette
couverture en cuir, nous allons commencer, décida la Première parmi Ceux Qui
Servaient la Grande Terre Mère.
Lorsque Ayla et son compagnon furent installés, Mejera remplit
les coupes avec une louche.
Ayla la regarda et lui sourit. Timidement, celle-ci lui rendit
son sourire, et la compagne de Jondalar s’aperçut qu’elle était très jeune.
Elle semblait nerveuse. Peut-être participait-elle pour la première fois à ce
genre de cérémonie. Peut-être les Zelandonia profitaient-ils de l’occasion pour
la former.
— Prenez votre temps, leur conseilla le Zelandoni de la
Troisième Caverne tandis que son acolyte leur tendait les récipients. C’est
fort, mais avec la menthe ce n’est pas si mauvais.
Ayla but une gorgée et se dit que « pas si mauvais »
était affaire de goût. En d’autres circonstances, elle aurait tout recraché. Le
liquide était tiède, et ce qu’on y avait mis donnait un goût désagréable à la
menthe. D’ailleurs, ce n’était pas une infusion. Le mélange avait bouilli, pas
infusé, et faire bouillir des feuilles de menthe n’exaltait pas les qualités
rafraîchissantes de cette plante. En tout cas, ce n’était pas un breuvage à
savourer ; elle l’avala d’un trait.
Elle vit Jondalar suivre son exemple, et la Première également,
puis elle remarqua que Mejera, qui avait rempli les coupes, en avait bu une,
elle aussi.
— Jondalar, est-ce bien la pierre que tu as rapportée du
lieu où Thonolan est enterré ? demanda la Première en montrant la petite
pierre grise aux arêtes vives, avec une facette d’un bleu iridescent.
— Oui.
— Bien. C’est une pierre rare, et je suis sûre qu’elle
porte encore une trace de l’élan de ton frère. Mets-la au creux de ta paume et
prends la main d’Ayla, de façon que vous la teniez tous les deux. Approche-toi
de mon siège et donne-moi la main. Mejera, place-toi aussi près de moi et
prends mon autre main. Ayla, avance un peu pour pouvoir tenir la main de
Mejera.
Ce doit être la première fois que Mejera participe à ce genre de
cérémonie, pensa Ayla. Moi aussi, du moins avec les Zelandonii, mais ce qui m’est
arrivé avec Creb était sans doute comparable, et ce que j’ai fait avec Mamut l’était
à coup sûr... Elle se surprit à évoquer sa dernière expérience avec le vieil
homme du Camp du Lion, qui avait intercédé auprès du Monde des Esprits, et elle
ne s’en sentit pas mieux. Lorsque Mamut avait découvert qu’elle avait en sa
possession certaines racines utilisées par les Mog-ur du Clan, il avait voulu
les essayer, mais il connaissait mal leurs propriétés et elles s’étaient
révélées plus puissantes qu’il ne l’avait pensé. Ils s’étaient presque perdus
tous les deux dans le vide sans fond, et Mamut l’avait mise en garde :
elle ne devait plus jamais utiliser ces racines. Il lui en restait encore dans
son sac à remèdes, mais elle n’avait pas l’intention de s’en servir.
Ayla et les trois autres qui avaient bu le breuvage se faisaient
maintenant face en se tenant la main, la Première assise sur un tabouret, les
autres par terre sur la couverture de cuir. Le Zelandoni de la Onzième Caverne
plaça entre eux une lampe à graisse. Celle-ci intrigua Ayla, qui commençait à
ressentir les effets de la boisson.
La lampe était en calcaire. On lui avait donné sa forme
générale, notamment la partie
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