Les refuges de pierre
intenses. Il fallait décider de ce qu’on
emporterait, de ce qu’on laisserait, mais c’était la fermeture des habitations
qui leur faisait toujours prendre conscience qu’ils seraient absents tout l’été
et ne rentreraient pas avant les vents froids.
Quelques-uns ne seraient pas du voyage pour une raison ou pour
une autre : une maladie passagère ou grave, un objet à terminer, quelqu’un
à attendre. D’autres rentreraient de temps à autre à l’abri, mais la plupart
resteraient partis tout l’été. Certains ne s’éloigneraient pas de l’endroit
choisi pour la Réunion, les autres se rendraient en des lieux divers pour
diverses raisons pendant toute la saison chaude.
Il y aurait des expéditions de chasse ou de cueillette, des
visites à des parents, des séjours chez d’autres Zelandonii ou chez des peuples
voisins. Des jeunes entreprendraient leur long Voyage. Le retour de Jondalar
avec des inventions et des découvertes, une femme d’une beauté exotique aux
talents rares, et des histoires passionnantes, tout cela encouragerait à partir
ceux qui y songeaient depuis quelque temps. Les mères qui savaient que son
frère était mort au loin ne voyaient au contraire aucune raison de se réjouir
dans ce retour qui provoquait une telle excitation.
La veille du départ, toute la Neuvième Caverne était impatiente,
agitée. Ayla n’arrivait pas à croire qu’elle et Jondalar allaient enfin être
unis. Elle se réveillait parfois la nuit, sans oser ouvrir les yeux, de peur
que ce ne fût qu’un rêve, de peur de se retrouver soudain dans la petite grotte
de sa vallée solitaire. Elle pensait souvent à Iza, souhaitant que la femme qu’elle
considérait comme sa mère pût apprendre, d’une manière ou d’une autre, qu’elle
serait bientôt unie à un homme et qu’elle avait enfin trouvé son peuple, du
moins celui s’était choisi.
Ayla s’était depuis longtemps résignée à ne jamais connaître
ceux chez qui elle était née, ni même à savoir qui ils étaient. C’était au fond
sans importance. Quand elle vivait avec le Clan, elle avait voulu en faire
partie, devenir une femme du Clan, quel que fût le clan. Mais lorsqu’elle avait
compris qu’elle n’appartenait pas au Clan et n’y aurait jamais sa place, la
seule distinction qui comptât, c’était qu’elle fît partie des Autres, qu’elle
fût dans son esprit apparentée à tous les Autres. Elle avait été heureuse de
devenir mamutoï après son adoption ; elle aurait été contente de devenir
sharamudoï, comme ce peuple le lui avait proposé. Elle voulait être Zelandonii uniquement
parce que c’était le peuple de Jondalar, et non parce qu’il était le meilleur
parmi les peuples des Autres.
Pendant le long hiver que la plupart des membres de la Neuvième
Caverne passaient près de l’abri, un grand nombre d’entre eux fabriquaient des
cadeaux qu’ils offriraient aux gens qu’ils retrouveraient à la Réunion d’Été.
Quand elle entendit parler de cette pratique, Ayla décida de s’y mettre, elle
aussi. Bien qu’elle disposât de peu de temps, elle confectionna de petits
souvenirs qu’elle avait l’intention de donner à ceux qui avaient été
particulièrement gentils avec elle et dont elle savait qu’ils leur feraient des
cadeaux, à Jondalar et à elle, pour leur Matrimoniale. Elle avait aussi une
surprise pour son compagnon, quelque chose qu’elle avait porté pendant tout le
Voyage après la Réunion d’Été des Mamutoï, malgré les mésaventures et les
épreuves traversées.
Jondalar préparait également une surprise. Il avait discuté avec
Joharran du meilleur endroit où établir un foyer pour Ayla et lui, dans l’abri
de la Neuvième Caverne des Zelandonii, et tenait à ce que tout fût prêt pour
leur retour, en automne. A cette fin, il avait négocié avec ceux qui
fabriquaient les panneaux extérieurs des habitations, ainsi qu’avec ceux qui
édifiaient les murs de pierre, ceux qui savaient le mieux daller le sol, bref
tous ceux qui participaient à la construction d’une habitation.
Cela supposait du troc et du marchandage. Jondalar avait par
exemple accepté d’échanger quelques bons couteaux en pierre contre des peaux
provenant pour la plupart de la récente chasse aux bisons et aux cerfs géants.
Il taillerait les lames, qui seraient ensuite montées sur les manches fabriqués
par Solaban, dont Jondalar admirait le travail. Pour obtenir ces manches, il
avait fourni
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