Les refuges de pierre
l’idée que, puisque nous sommes tous réunis, tu pourrais
peut-être monter à Joharran et à Proleva ta façon d’allumer le feu. Je sais, j’ai
demandé qu’on n’en parle pas pour le moment, mais, comme nous allons voyager
ensemble, ils te verront faire, de toute manière.
— J’éteins le feu ? suggéra Folara.
— Oui, pourquoi pas ? C’est plus impressionnant dans l’obscurité.
— Je ne comprends pas, dit Joharran. Qu’est-ce que c’est
que cette histoire, de feu ?
— Ayla a découvert une nouvelle façon d’allumer du feu,
répondit Jondalar. Le plus simple, c’est que tu regardes.
— Tu leur montres, Jondalar ? fit Ayla.
Jondalar demanda à son frère et à Proleva de s’approcher du
foyer à cuire. Quand Folara eut couvert les braises, que les autres eurent
soufflés les lampes qui se trouvaient près d’eux, il alluma rapidement un autre
petit feu avec le silex et la pyrite de fer.
— Comment t’y es-tu pris ? Jamais je n’ai vu quelqu’un
allumer un feu aussi vite, s’émerveilla Joharran. Jondalar tendit la main qui
tenait la pyrite.
— Ayla a découvert la magie de ces pierres. Je voulais t’en
parler mais il s’est passé tant de choses que je n’en ai pas eu le temps. Nous
l’avons seulement montré à Zelandoni, puis à Marthona, Willamar et Folara.
Proleva exprima son étonnement :
— Tu dis que tout le monde peut y arriver ?
— Cela demande un peu de pratique, mais tout le monde peut
le faire, oui, confirma Marthona.
— Laisse-moi te montrer, dit Jondalar.
Il frappa de nouveau les pierres l’une contre l’autre, leur
arrachant des étincelles.
— Celle de droite, c’est du silex, constata Proleva. Mais l’autre,
qu’est-ce que c’est ? D’où vient-elle ?
— Ayla a trouvé les premières dans sa vallée. Elle les
appelle pierres à feu. Nous en avons cherché en vain sur tout le chemin du
retour. Je commençais à croire qu’on n’en trouvait qu’à l’est quand Ayla en a
découvert non loin d’ici. Il y en a sûrement d’autres. Nous pourrions les
offrir en cadeau, ou même les troquer, comme le propose Willamar, s’il en
existe en quantité suffisante.
— Il va falloir que nous ayons une longue conversation. Je
me demande ce que tu as encore à me dire. Tu pars pour le long Voyage, tu
reviens avec des chevaux qui te portent sur leur dos, un loup qui laisse les
enfants tirer sur ses poils, une nouvelle arme puissante, des pierres magiques
qui font du feu, des histoires de Têtes Plates intelligents, une femme
magnifique qui connaît leur langue et a appris chez eux à guérir. Tu es sûr de
n’avoir rien oublié ?
Jondalar eut un sourire malicieux.
— Je ne vois rien pour le moment. Je reconnais que, mis
bout à bout, cela paraît plutôt incroyable.
— Plutôt incroyable ! Écoutez-le ! J’ai l’impression
qu’on parlera pendant des années de ton Voyage « plutôt
incroyable » !
— Il a en effet quelques histoires intéressantes à
raconter, convint Willamar.
— C’est ta faute, Willamar, riposta Jondalar, qui se tourna
vers son frère. Joharran, tu te rappelles les soirées que nous avons passées à
l’écouter parler de ses voyages et de ses aventures ? J’ai toujours pensé
qu’il était plus captivant que beaucoup de conteurs itinérants. Mère, tu as montré
à Joharran le cadeau qu’il vient de te rapporter ?
— Non, Joharran et Proleva ne l’ont pas encore vu. Je vais
le chercher.
Marthona alla dans sa pièce, revint avec un morceau plat d’andouiller
palmé qu’elle tendit à Joharran. On y avait gravé deux animaux aux formes
galbées qui paraissaient nager. Ils ressemblaient à des poissons.
— Comment les appelles-tu, déjà, Willamar ? demanda
Marthona.
— Des phoques. Ils vivent dans l’eau mais respirent de l’air
et viennent à terre pour mettre leurs petits au monde.
— Remarquable, dit Proleva.
— N’est-ce pas ? fit Marthona.
— Nous avons vu des animaux semblables pendant notre
Voyage, dit Jondalar. Ils vivent dans une mer intérieure, loin à l’est.
— Certains pensent qu’ils sont des Esprits de l’eau, ajouta
Ayla.
— J’ai vu d’autres créatures étranges dans les Grandes Eaux
de l’Ouest, dit Willamar. Le peuple qui habite la contrée croit que ce sont des
Esprits servants de la Mère. Ils ressemblent encore plus à des poissons que les
phoques. Ils enfantent dans la mer mais ils respirent et allaitent
Weitere Kostenlose Bücher