Les refuges de pierre
qu’elle disait. C’était un jeu. Tant qu’on sait que c’est
un jeu, il n’y a aucun mal.
La veille du départ, une fois les paquets prêts, la tente
vérifiée et réparée, les occupants de l’habitation de Marthona étaient si
excités que personne n’avait envie de se coucher. Proleva passa avec Jaradal
pour demander s’ils avaient besoin d’aide, et Marthona les invita à entrer et à
s’asseoir un moment. Ayla leur proposa une infusion. Après qu’on eut de nouveau
frappé au panneau, Folara fit entrer Joharran et Zelandoni. Ils venaient de
directions différentes, chacun avec des propositions et des questions, mais
surtout désireux de bavarder. Ayla ajouta de l’eau et des herbes à son
infusion.
— La tente de voyage avait-elle besoin d’être
réparée ? s’enquit Proleva.
— Pas tellement, répondit Marthona. Ayla a aidé Folara à s’en
occuper, elles ont utilisé le nouveau tire-fil.
Les tentes de voyage qui seraient plantées chaque soir étaient
assez grandes pour plusieurs personnes, et celle de la famille de Marthona
abriterait tout le monde : Marthona, Willamar, Folara, Joharran, Proleva,
Jaradal, Jondalar et Ayla. Celle-ci fut contente d’apprendre que Zelandoni
voyagerait aussi avec eux. Elle était comme une parente, une tante sans
compagnon. L’abri de peau accueillerait un autre occupant, le chasseur à quatre
pattes, Loup, et les chevaux seraient attachés à proximité.
— Avez-vous eu des difficultés pour les piquets ?
interrogea Joharran.
— J’ai cassé une hache en les coupant, répondit Willamar.
— Tu as pu lui redonner du tranchant ?
En plus des jeunes arbres droits utilisés comme piquets, il leur
faudrait du bois pour allumer du feu en chemin et plus tard, quand ils seraient
arrivés au lieu de la Réunion d’Été. Ils avaient donc besoin de haches pour
abattre d’autres arbres.
— Elle a éclaté. Je n’ai même pas pu en tirer une lame,
soupira Willamar.
— Mauvaise pièce, diagnostiqua Joharran. Pleine de petites
inclusions.
— Jondalar m’en a fabriqué une neuve et a redonné du
tranchant aux autres, reprit le Maître du Troc. C’est une bonne chose qu’il
soit revenu.
— Sauf qu’il va falloir recommencer à prendre garde aux
éclats de silex égarés, dit Marthona.
Ayla remarqua qu’elle souriait et comprit qu’elle ne se
plaignait pas vraiment. Elle aussi était contente que son fils fût de retour.
— Je dois reconnaître qu’il a ramassé les éclats après
avoir affûté les haches, ajouta-t-elle. Je n’ai pas trouvé un seul petit
morceau de pierre. Mais je n’y vois plus comme avant, bien sûr.
— La tisane est prête, annonça Ayla. Quelqu’un a besoin d’une
coupe ?
— Jaradal n’a pas la sienne. Tu devrais toujours l’emporter,
rappela Proleva à son fils.
— Pas ici, dit le jeune garçon. Grand-mère en a une pour
moi.
— Il a raison, confirma Marthona. Tu te rappelles où elle
est ?
— Oui, Thona.
Il se leva, courut à une étagère basse et revint avec une petite
coupe en bois évidé.
— La voilà ! s’exclama-t-il en la brandissant pour la
montrer à tout le monde, ce qui suscita des sourires ravis.
Ayla remarqua que Loup avait quitté son coin près de l’entrée
pour ramper vers l’enfant, la queue dressée, chaque mouvement de son corps
exprimant son envie d’atteindre l’objet de son désir. Jaradal repéra l’animal,
avala son infusion en quelques gorgées et déclara, en se tournant vers Ayla
pour guetter sa réaction :
— Je joue avec Loup, maintenant.
Le garçonnet lui rappelait tellement Durc qu’elle ne put s’empêcher
de sourire. Avec un jappement plaintif, Loup se releva pour aller à la
rencontre de l’enfant, se mit à lui lécher le visage. Ayla savait qu’il
commençait à se sentir à l’aise avec sa nouvelle meute, en particulier avec l’enfant
et ses camarades. Elle était presque désolée pour lui qu’ils partent le lendemain :
ce serait dur pour Loup de rencontrer tant de nouvelles personnes à la Réunion
d’Été. Ce serait dur pour elle aussi, et son enthousiasme se teintait d’inquiétude.
— Cette infusion est excellente, apprécia Zelandoni. Tu l’as
adoucie avec de la racine de réglisse, non ?
— Oui, répondit Ayla. Tout le monde est tellement énervé
par le départ que j’ai préparé quelque chose de calmant.
— Et qui a bon goût aussi, dit la doniate. (Elle marqua une
pause.) Il me vient à
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