Les refuges de pierre
aux
cheveux blonds.
Jondalar lui rendit son sourire. C’était toujours ainsi que
Willamar le saluait : par une plaisanterie sur sa taille. Mesurant
lui-même plus de six pieds, Willamar – qui avait été l’homme de leur
foyer tout autant que Dalanar – ne faisait pas précisément figure de
nabot, mais Jondalar était aussi grand que l’homme à qui Marthona était unie
lorsqu’il était né, avant qu’ils ne rompent le lien.
— Où est ton autre fils, Marthona ? demanda Willamar,
toujours souriant.
Il remarqua alors le visage mouillé de larmes de sa compagne et
prit conscience de sa détresse. Lorsqu’il vit la même douleur dans les yeux de
Jondalar, son sourire s’effaça.
— Thonolan voyage maintenant dans le Monde d’Après, murmura
Jondalar. Je disais justement à ma mère... Il vit le Maître du Troc pâlir,
vaciller comme sous l’effet d’un coup.
— Mais... mais il ne peut pas être dans le Monde d’Après,
balbutia-t-il, hébété. Il est trop jeune. Il n’a pas encore trouvé une femme
avec qui fonder un foyer. (Sa voix devenait plus aiguë à chaque phrase.) Il...
il n’est pas encore revenu chez les siens.
Cette dernière objection était presque un gémissement plaintif.
Willamar avait toujours eu beaucoup de tendresse pour les
enfants de Marthona, mais, quand ils s’étaient unis, Joharran, l’enfant qu’elle
avait donné au foyer de Joconan, était presque en âge de rencontrer sa femme-donii,
presque un homme. Leurs rapports se plaçaient sur le plan de l’amitié. Et, même
si Willamar s’était pris d’affection pour Jondalar, qui tétait encore, Thonolan
et Folara étaient les véritables enfants de son foyer. Il était convaincu que
Thonolan était aussi le fils de son esprit parce que l’enfant lui ressemblait à
maints égards ; en particulier, il aimait voyager et cherchait toujours à
découvrir de nouveaux endroits. Il savait qu’au fond de son cœur Marthona avait
craint, quand Thonolan était parti, de ne plus le revoir, mais il n’y avait vu
que les appréhensions naturelles d’une mère. Willamar s’était persuadé que
Thonolan reviendrait, comme lui-même l’avait toujours fait.
Il semblait abasourdi, sous le choc. Marthona lui versa une
coupe du liquide rouge tandis que Jondalar et Folara le faisaient s’asseoir sur
l’un des coussins, près de la table de pierre.
— Bois un peu de vin, lui conseilla Marthona en s’installant
à côté de lui.
Il prit la coupe et la vida, sans donner l’impression de savoir
ce qu’il faisait, puis regarda fixement devant lui.
Ayla aurait voulu l’aider. Elle songea à aller chercher son sac
à remèdes pour lui préparer un breuvage apaisant, mais il ne la connaissait
pas, et il recevait déjà les meilleurs soins possibles en pareille
circonstance : l’attention de ceux qui l’aimaient. Elle se demanda ce qu’elle
éprouverait si elle apprenait soudain la mort de Durc. Elle savait qu’elle ne
le reverrait jamais, mais elle pouvait au moins l’imaginer grandissant, avec
Uba pour l’aimer et veiller sur lui.
— Thonolan avait trouvé une femme à aimer, dit Marthona
pour réconforter Willamar. Jondalar m’a apporté un objet qui lui appartenait.
Elle prit le collier pour le lui montrer mais il continuait à fixer le vide,
indifférent à ce qui l’entourait. Il eut un frisson, ferma les yeux. Au bout d’un
moment, il parut se rendre compte que Marthona lui avait parlé et se tourna
vers elle.
— Ce collier appartenait à la compagne de Thonolan,
dit-elle en le lui tendant. Il représente son peuple, qui vit près d’une
rivière... la Grande Rivière Mère.
— Alors, il est allé jusque là-bas, fit Willamar d’une voix
creuse.
— Plus loin, même, dit Jondalar. Nous avons descendu la
rivière jusqu’à la mer de Beran, et nous avons continué au-delà encore.
Thonolan voulait aller vers le nord pour chasser le mammouth avec les Mamutoï.
Willamar tourna les yeux vers lui avec une expression attristée
et perdue, comme s’il ne comprenait pas tout à fait ce qu’on lui disait.
— J’ai aussi quelque chose qui appartenait à Thonolan,
continua Jondalar en prenant l’autre paquet sur la table. C’est Markeno qui me
l’a remis. Il était son compagnon croisé, membre de sa famille ramudoï.
Il ouvrit le paquet enveloppé de cuir souple et montra à
Willamar et Marthona un outil fabriqué avec une ramure de cerf – une
sorte d’élan – dont on avait
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